Le Gwenn ha Du, drapeau archéo-futuriste de l’Etat Breton

Le Gwenn ha Du, drapeau archéo-futuriste de l’Etat Breton

[PNB] Si l’Emsav a une vision claire du drapeau national breton, puisqu’il l’a créé, des tendances réactionnaires, heureusement marginales, nourrissent stérilement des débats sur sa légitimité, affirmant, par exemple, que le Kroaz Du lui serait préférable. Ce type de discussions traduit la tendance permanente de certains Bretons à basculer dans la réaction provincialiste contre laquelle le Gwenn ha Du a précisément été créé et brandi.

Le drapeau national breton a été conçu dès son origine par Breiz Atao pour affirmer consciemment la nationalité bretonne relevée contre les forces hostiles, intérieures et extérieures, voulant son écrasement. Contrairement à des bannières d’un ordre ancien, qui a par définition démontré son incapacité politico-historique, le Gwenn ha Du est le produit de la conscience nationale bretonne contemporaine, portée par son avant-garde nationaliste, pour créer un nouvel ordre de réalité en Bretagne et non pas pour végéter dans une vaine nostalgie.

Drapeau au champ d’hermines plain lors d’un rassemblement de l’URB

C’est justement pour dépasser le drapeau d’hermines ducal associé à la réaction monarchiste française dont procédait l’Union Régionaliste Bretonne que le Gwenn ha Du, le drapeau moderne de la nation bretonne redressée, a été créé sur demande d’Olier Mordrel par Morvan Marchal.

Morvan Marchal

Il s’agissait pour l’Emsav de rompre dialectiquement avec la nation française, ainsi qu’avec toute forme de passéisme paralysante, pour que le Peuple Breton ne reste pas prisonnier du mouvement national français qui voyait s’affronter partisans de l’Ancien Régime et partisans de jacobinisme républicain. Il fallait donc à la fois s’écarter du confusionnisme régionaliste, toujours désireux, sous les oripeaux de la nostalgie de terroir, de subordonner l’inconscient national breton aux intérêts français, et du nationalisme hexagonal produit par 1789.

Ce drapeau national moderne a été créé par les nationalistes bretons, pour les nationalistes bretons, afin d’édifier Breizh, la nation bretonne nouvelle. Ce projet national est un projet étatique révolutionnaire.

Le Gwenn ha Du et son acceptation par l’ensemble du Peuple Breton en moins d’un siècle est une des plus grandes victoires historiques de l’Emsav et de sa matrice, Breiz Atao. Sans Olier Mordrel, Fransez Debauvais et Morvan Marchal, cette matrice n’aurait pas réussi le tour de force d’imposer ce drapeau, inauguré comme bannière nationale lors du congrès du Parti Autonomiste Breton de Rosporden, en 1927.

Congressistes du P.A.B., Rosporden (1927)

Dès l’origine, les forces coloniales françaises tentèrent d’éradiquer ce drapeau, expression à ses yeux insupportables de la nationalité bretonne, comme lors du congrès nationaliste de Châteaulin de 1928. 

Interdit pendant des décennies, ce n’est que par l’adhésion du Peuple Breton à sa fonction nationale que le Gwenn ha Du s’est finalement imposé à l’Etat français. Il est désormais partout, porté par un peuple entier. Mais c’est bien une poignée de jeunes idéalistes bretons réunis autour de Breiz Atao qui, il y a un siècle, en eut la vision, en fit la promotion envers et contre tout, y compris jusqu’à risquer leur vie pour lui et l’idée ethno-nationale qu’il représente.

Les pères fondateurs de l’Emsav seraient atterrés de voir cet acquis historique sans précédent dans l’histoire de la Bretagne contesté au profit d’une bannière médiévale; pour des motifs de nostalgie incapacitante, ou pire, car plus superficiel, par esthétisme.

Il ne s’agit pas de dénigrer les symboles patrimoniaux de la Bretagne, mais de les contextualiser et surtout de ne pas confondre leur nature. Le Kroaz Du est certes le symbole tragique, proto-national, des soldats bretons morts à Saint Aubin du Cormier, en 1488, pour l’indépendance de la Bretagne. Si l’on peut imaginer que le Kroaz Du devienne la bannière de la future armée bretonne ou qu’il serve de trame aux bannières des cités et provinces de l’Etat Breton restauré, il n’incarne pas la conscience révolutionnaire d’une nationalité bretonne relevée, organisée en corps de nation par un état moderne. C’est cette synthèse entre tradition et modernité, entre archaïsme et futurisme, qu’incarne l’Emsav et son drapeau, tous les deux fondés par Breiz Atao.

Les nationalistes bretons seraient-ils les seuls à rejeter leur propre drapeau, celui de Mordrel, Marchal, Debauvais, quand il est désormais adopté par l’entièreté du Peuple Breton ? Non, à l’évidence.

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