[ISTOR BREIZH] Ephéméride national breton : le 22 novembre 845, le roi de Bretagne Nominoë écrase l’armée franque de Charles le Chauve à Ballon.
En novembre 845, à la nouvelle de l’approche du roi des Francs, Nominoë s’est retiré, derrière la Vilaine, sur un plateau sauvage cerné de marais déjà détrempés par les pluies d’octobre. Sur ces hauteurs, il tient une position unique, appuyé à gauche sur la Vilaine et à droite sur l’Oust qu’il domine, avec liberté d’action complète pour se porter sur Rieux, au cas improbable où les Francs voudraient y traverser le fleuve par le vieux gué romain de la route de Nantes à Vannes déjà inondée depuis les marées d’équinoxe. Charles le Chauve, qui franchira la Vilaine plus au nord, devra de toutes façons passer à la portée de Nominoë pour rejoindre la voie romaine de Nantes à Vannes. C’est ce qu’attend le Breton pour engager la bataille décisive, qu’il espère victorieuse grâce à son excellente cavalerie, bien faite pour ce terrain dénudé et légèrement accidenté.
Les calculs du chef breton étaient justes : selon toute vraisemblance, Charles, après avoir quitté la Vilaine à Langon, — célèbre encore par son temple romain —, débouche sur les landes de Bains à l’aube du 21 novembre. C’est là qu’eut lieu le choc décisif. Le combat, qui avait dû s’amorcer aux environs de Renac, se déroula sur la grande lande appelée aujourd’hui « lande de la Bataille », le long du ruisseau du même nom qui vit ses flots se changer en sang, dit la légende locale. Durant deux jours la bataille fut indécise. Malgré leurs attaques, les Francs ne purent forcer le passage de l’#Oust et furent rejetés en désordre sur la Vilaine. C’était le 22 novembre, en la fête de saint Colomban, le vieux saint irlandais…
Voici comment la chronique raconte le dur combat : « Pour mater l’insolente audace des Bretons, Charles est entré en Bretagne avec une grande armée. Les Saxons enrôlés pour recevoir les attaques tournantes des cavaliers rapides sont placés en première ligne. Mais écrasés dès le premier assaut par les javelots des Bretons, ils se replient sur l’armée. Les Bretons, selon leur coutume, montés sur des chevaux dressés pour ce genre de combat, courent çà et là ; tantôt ils se précipitent sur la ligne serrée des Francs et de toutes leurs forces lancent en plein contre eux leurs javelots ; tantôt ils simulent la fuite et n’en fichent pas moins leurs javelots dans la poitrine de ceux qui les poursuivent. Les Francs, accoutumés qu’ils étaient à combattre de près, épée contre épée, restaient sans bouger frappés de stupeur, effrayés par la nouveauté de ce danger inconnu auparavant et incapables de poursuivre (l’ennemi), aussi bien que de se défendre en bataillons serrés. La nuit survint qui interrompt le combat. Parmi les Francs beaucoup avaient péri, un plus grand nombre étaient blessés, une multitude de chevaux avaient péri. Le lendemain, la bataille recommence, mais elle se termine par un plus grand désastre. A cette vue, Charles, démoralisé et terrifié, s’enfuit en secret, de nuit, à l’insu de son armée, abandonnant pavillon, tente et tous les ornements royaux. A l’aube, lorsqu’elle s’aperçoit de la fuite du roi, l’armée est en pleine panique et ne songe plus qu’à fuir. Les Bretons se précipitent avec de grands cris sur le camp des Francs qu’ils envahissent rempli de toutes ses richesses : ils s’emparent de tout le butin ; ils poursuivent l’armée des Francs dans sa fuite ; tous ceux qu’ils rencontrent ils les tuent ou les font prisonniers ; la fuite sauva les autres. Enrichis des dépouilles des Francs et équipés avec leurs armes, les Bretons rentrent chez eux ».
Breton, souviens-toi !
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