Ephéméride national breton : 27 novembre 2022, le Général de Keratry démissionne après le sacrifice des 60,000 Bretons de l’Armée de Bretagne par le régime républicain de Gambetta

Ephéméride national breton : 27 novembre 2022, le Général de Keratry démissionne après le sacrifice des 60,000 Bretons de l’Armée de Bretagne par le régime républicain de Gambetta

[PNB] Le 27 novembre 1870, le général Emile de Keratry démissionne de son commandement de l’Armée de Bretagne. La formation de cette armée bretonne, le 22 octobre 1870, résultait de l’effondrement complet de l’armée française, un mois après la déclaration de guerre à la Prusse par la France de Napoléon III, le 19 juillet 1970. Profitant de la débâcle, l’Italien Gambetta organise un coup d’état et proclame l’instauration du régime républicain, le 4 septembre 1870.

Emile de Keratry

Les putschistes jacobins menés par Gambetta, ministre de l’Intérieur, ont besoin d’hommes pour tenter de restaurer un front en désintégration rapide. Keratry, d’origine bretonne, honteusement et naïvement aligné sur les projets de Gambetta, se propose de lever 60,000 Bretons pour dégager Paris, encerclée, avec le gouvernement français, par les troupes prussiennes. L’Armée de Bretagne est formée en dehors du cadre de l’armée française et dépend exclusivement de Keratry et de Freycinet, ministre de la Guerre. Si Gambetta accepte le plan dans un premier temps, la suspicion s’installe rapidement. Le gouvernement républicain craint que cette armée bretonne, si elle est équipée et entraînée, ne forme une armée nationale bretonne d’orientation chouanne, catholique et antirépublicaine susceptible de le prendre à revers.

Le gros Italien Gambetta

Près de 60,000 Bretons passeront par le camp improvisé de Conlie, dans le département de la Sarthe, où la formation de l’Armée de Bretagne doit avoir lieu. Le régime républicain, rapidement effrayé par les Bretons, manœuvre pour ne pas armer, ravitailler et entraîner l’Armée de Bretagne dont les mobilisés réalisent progressivement qu’ils sont dans une vaste prison à ciel ouvert. Ce camp, en plein automne, est un vaste étang de boue où, à la faveur de la promiscuité et de l’absence de conditions d’hygiène élémentaire, éclatent les épidémies. Les Bretons le nomment rapidement “Kerfank”, la ville de boue.

Keratry, dénué de toute lucidité politique, ne réalise à aucun moment que les Français voient plus clairement que lui le péril potentiel d’une nation bretonne en armes, placée sur leurs arrières. Freycinet adresse à Keratry un télégramme des plus clairs quant à l’angoisse qui traverse le nouveau gouvernement républicain : “Je vous conjure d’oublier que vous êtes breton pour ne vous souvenir que de vos qualités de Français.”

Le Camp de Conlie par Jeanne Malivel

Inconséquent et naïf, Keratry met un mois à réaliser que les révolutionnaires parisiens n’ont aucune intention d’armer les dizaines de milliers de Bretons concentrés à Conlie, mais bien au contraire de les y maintenir sous surveillance. Le 26 novembre, face à la pression allemande, l’Italien Gambetta ordonne à 10,000 Bretons affamés, désarmés et malades de rejoindre le Mans pour servir de bouclier humain aux troupes françaises. Keratry démissionne le lendemain, réalisant finalement ce que prépare Paris pour les Bretons mobilisés. Ce sont 6,400 Bretons qui sont envoyés au front. Les troupes prussiennes dirigés par le duc de Mecklembourg approchent du Mans, début janvier 1871 et la bataille décisive a lieu le 11 janvier. Les Bretons quittent rapidement le champ de bataille, précipitant la défaite de l’armée française et la capitulation de la France.

Le général Lalande, interrogé après la guerre sur les circonstances des combats, déclare : « Je crois que nous avons été sacrifiés. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais j’affirme qu’on n’aurait pas dû nous envoyer là, parce que l’on devait savoir que nous n’étions pas armés pour faire face à des troupes régulières. »

L’enseignement politique de Conlie

L’affaire du Camp de Conlie représente parfaitement les conséquences d’une direction bretonne acculturée et dépourvue de consience nationale quand, face à elle, les Français perçoivent les Bretons comme un corps national étranger et redouté. Un chef breton digne de ce nom, en lieu et place de Keratry, aurait pris les dispositions nécessaires à un résultat politique favorable pour la nation bretonne.

Il aurait d’abord eu à l’esprit la profonde détestation des Français pour les Bretons qu’ils ne font semblant de respecter qu’en position de soumission complète. De la sorte, il n’aurait nourri aucune illusion sur la nature des rapports coloniaux entre la Bretagne et la France.

Ensuite, ce chef aurait formé l’Armée de Bretagne en Bretagne et non sur le territoire français, afin d’exercer le moment venu le coup de force décisif. Il aurait à cet effet établi son quartier général à Rennes, centre politique de la Bretagne.

Il aurait nommé des officiers politiquement sûrs et les aurait chargé de s’emparer des réserves d’armes de Brest, y compris par la force en cas d’opposition. 

Durant tout ce temps, ce chef aurait assuré Paris de ses meilleures intentions, procédant par une politique du fait accompli sans pour autant alerter la direction parisienne.

Au moment où l’Armée de Bretagne aurait été appelée en renfort, début janvier 1871, le chef breton aurait donné l’ordre aux troupes bretonnes de s’emparer de sécuriser Rennes, Nantes et Brest, tout en prenant contact avec les troupes prussiennes. Le chef breton aurait proclamé la restauration immédiate du parlement national de la Bretagne et la constitution d’un gouvernement breton provisoire dont il aurait pris la tête. Son premier geste aurait été d’entrer en négociations avec la Prusse en vue de la cessation des hostilités et d’obtenir la reconnaissance de la Bretagne comme nation libre. Il aurait fait de même en direction de Londres.

La flotte française de Brest aurait été séquestrée par le gouvernement breton, les marins français expulsés sur le champ de Bretagne et les marins bretons versés dans la nouvelle flotte bretonne armée avec les navires saisis.

La France à genoux et occupée par la Prusse jusqu’à en 1873, la Bretagne aurait été organisée en corps de nation à marche forcée. Le nouveau gouvernement breton aurait adopté une orientation conservatrice, mais non-extrémiste pour ne pas polariser la société bretonne. La Bretagne aurait été constituée en royaume afin de s’assurer du soutien des segments monarchistes et catholiques de la nation, tout en adoptant une constitution libérale et fédéraliste de nature à apaiser la bourgeoisie. La langue nationale serait devenue langue d’état. La Bretagne aurait eu 40 ans pour forger deux générations de Bretons enfin dégagées de la tutelle française. En lieu et place, faute d’un homme lucide et nationalement conscient, elle a subi le joug d’une Troisième république déterminée à la détruire sur tous les plans, ce qui culminera avec la catastrophe de 1914.

Breton, souviens-toi !

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