Une nouvelle élite bretonne !

Une nouvelle élite bretonne !

[PNB] Nous avons attendu longtemps je ne sais quel sursaut organique du peuple breton, comme si cette multitude dispersée, compartimentée. tiraillée, diverse à l’infini, pouvait se relever d’elle-même et mettre une volonté au service d’un but. Nous étions dupes d’une vieille croyance et d’une vieille illusion françaises.

Rien ne se fait de juste, d’utile, de collectif même que par des hommes déterminés ayant un caractère et un nom bien à eux. Les chansons populaires ne sont pas miraculeusement écloses des lèvres “du peuple”. Elles ont été laborieusement ânonnées, composées une à une, par des poètes rustiques et patentés, par quelques Jehan ab Jehan ou quelques Cado berr-e-houc dont les vies sans éclat ont été oubliées.

Il y a toujours des hommes qui créent; il y aura toujours des hommes qui mènent. Le plus souvent, l’acte collectif spontané est confus et mou dans son contenu comme dans son contour. La foule sent qu’il faut faire quelque chose, mais elle ne sait pas quoi: elle oscille. Arrivée au carrefour, elle fait des remous. Quelle direction prendre ? A l’Elysée ? A la Chambre ? A la Maison du Peuple ?

Un homme sauve la foule du désordre et de la déroute. Il intervient avec un plan, fruit de son originalité individuelle. Son geste volontaire transforme l’évènement mou en évènement saillant. Il crève le placenta du collectif et délivre la force aveugle dans une direction donnée. L’arbitraire humain est intervenu : le héros a libre carrière.

L’erreur extirper : la vérité, la beauté, la souveraineté viennent de la collectivité. La figure à remiser : la masse agissante.

La vérité vient de “Dieu”. Seul, l’homme qui entend en lui la voix de Dieu, peut se faire une idée de la vérité.

La beauté, elle est aux rares inspirés. Elle est au berger qui compose un chant plaintif de cinq notes sur un flutiau, comme elle est à Bach et à Rodin. Elle n’est pas à la foule du trottoir.

La souveraineté, elle n’a jamais été qu’à ceux qui savent la prendre : aux menteurs et aux gens sans honneur aujourd’hui. Demain, aux forts et aux meilleurs, aux grands frères du peuple, à ses guides selon le sang et selon la vérité, dès qu’aura changé la règle du jeu.

En persuadant la masse, le rassemblement fortuit, sans âme et sans cohésion, que l’autorité et le savoir lui appartiennent, les démagogues l’ont, en réalité, décidée à se détourner des sujets d’élite qui ne peuvent pas lui tenir ce langage contre nature, — pour se fier à eux.

Tant que cette croyance sera entretenue que le peuple est roi par destination naturelle, qu’il est juste et infaillible, seuls les marchands de les tripoteurs de scrutins, les diffamateurs impudents, les flatteurs et les plat-culs, en un mot tout le contraire d’une élite, auront leurs chances de par venir au pouvoir.

La véritable élite du peuple existe, puisqu’il est des hommes qui souffrent de l’abaissement de leur peuple et qui ont la tête, le cœur et les bras pour le relever. Mais le jeu politique la tient écartée du pouvoir. Elle n’a ni l’aptitude au mensonge, ni l’absence de principes moraux qui lui permettraient de rivaliser avec les professionnels des électorales. Elle est meilleure, et c’est pour cela qu’elle est disqualifiée.

(Si les armées devaient combattre à coups de langue, les avocats gagneraient ‘les batailles, et les vieux lions de la Légion fuieraient devant les marchands de tapis…)

Nous n’acceptons pas l’absurde, et nous récusons la tricherie. Le peuple ne prend conscience de lui-même qu’à travers quelques hommes prédestinés, dont l’âme est son âme, et la volonté devient sa volonté. Ces quelques hommes, au milieu de la multitude indifférenciée, ont la qualité, ont la race.

Le problème, nos yeux, n’est pas de donner tout le pouvoir à ce mythe, la masse, mais de dégager, d’éduquer en vue de leurs fonctions et de porter au pouvoir, partout où ils les hommes supérieurs, nés pour cela, qui ont la et la passion du bien public, qui ont Je sens du peuple et qui sauront le commander.

Le besoin d’élites est général. Autrefois. la routine suffisait aux artisans et aux marchands. Aujourd’hui, le développement des techniques crée le soin de cadres nouveaux qu’un peuple doit se donner indépendamment de tout régime politique s’il veut échapper à l’invasion d’une population étrangère supérieure qui le colonisera à l’ombre de son propre drapeau. En Bretagne, nous l’avons bien vu. Nous avons été submergés par ‘les contremaitres, les spécialistes, les chefs d’atelier, les ingénieurs, les directeurs commerciaux, les hôteliers, les experts comptables et fiscaux, les architectes, les entrepreneurs, les secrétaires de mairie, de syndicats, de coopératives et de mutuelles, les chefs de minoteries et de laboratoires, les agents de publicité, les cinéastes, les journalistes, les organisateurs sportifs, les professeurs et fonctionnaires de toute espèce venus des grands centres français dans cette terre promise.

Mais ceci est notre cas particulier, et d’ailleurs, ces élites professionnelles sont faciles à constituer et à remplacer. Nous nous soucions bien autrement de la super-élite, celle dont les aptitudes à commander dépassent le cadre étroit d’un métier pour s’étendre à tout le peuple, et dont la conscience large et scrupuleuse doit refléter les angoisses et les espérances dé toutes les couches du peuple.

Aucune nation n’a vu son destin grandir, n’a étendu son domaine, n’a raffermi son génie et libertés, sans cadres solides, sans chefs de migration, sans capitaines, sans releveurs de défaites et sans inspirateurs de revanches. Tous les peuples qui ont eu foi dans leur étoile ont eu des poètes nationaux et des artistes qui les ont révélés à eux-mêmes.

Il en sera de nous comme des autres. La Bretagne saura se donner des cadres nationaux où elle disparaitra. Une revue comme celle-ci ne nous réunit pas pour nous meubler l’esprit. Elle n’a qu’un but : préparer ces cadres, et pour cela développer le des connaissances précises et l’appétit de la puissance intellectuelle, qui s’acquiert par une jeunesse studieuse, vouée à la méditation. Elle voudrait que nous élevions nos âmes au dessus des calculs individuels et que nous remplissions nos cœurs des notions de probité, de solidarité, de sacrifice, de discipline.

La nouvelle élite bretonne commencera à agir naturellement par l’exemple de sa vie privée. La vie privée d’un peuple est la source de toute croissance et de toute décadence. II y a des peuples propres comme il y a des familles propres, cela dépend des modèles qu’on leur met sous les yeux. Et la profondeur religieuse de notre idéal donnera au peuple la puissante impulsion, sans laquelle aucune œuvre grandiose n’est possible.

Ensuite, grâce à des hommes aptes et inspirés, et non par la vertu d’un formulaire politique, nous construirons une société où nous puissions vivre en Celtes. Notre monde se réalisera par la prise de pouvoir de la nouvelle élite.

“Elites”, Olier Mordrel, Stur, n°9, éditorial 

 

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Chant de guerre – Kanenn Vrezel

Ainsi chantait jadis un jeune Breton

Je mourrai une nuit, sur les routes de Bretagne,
Joyeux, et ferme en mon cœur le chant de notre victoire,
(Alors que tous les chants seront glacés sur ma lèvre),
Soldat pur, abattu, droit, à sa place,
Etendu, le front blanc. dans le fond d’un fossé.
Mais à l’aurore,
Quand quatre hommes viendront avec une civière,
Dans le matin humide, terne, et jaune d’argile,
Par les gémissements de la pluie de novembre dans les buissons nus,
Et la douleur muette des femmes en la maison,
Alors, tous agenouillés, ne dites pas

Il fut intrépide, hardi, téméraire.
Répandant la moisson de son cœur à pleines mains,
Le feu de sa jeunesse dans ses yeux clairs,
— Oh ! non pas avec des paroles vulgaires… qu’importe
Au guerrier qu’il fut 
Baigné dans la lumière des soleils d’acier (qui brûlèrent
La vieille pourriture de la chair et l’aiguillon du désir).
Nos paroles émoussés et sans force ? A l’homme qui entendit
Dans l’avril clair le rire de la guerre joyeuse ?

Mais, sans orgueil (toutefois, un peu tristement)
Dites : Jamais personne n’aima plus que lui
La paix, le rêve léger aux ailes brillantes.
Dans le chant du labeur honnête auprès de la maison,
Et le passage des heures sur un foyer pur.
La grâce d’enfants heureux.
La prière joyeuse après l’effort du jour
Le rire sur des visages bien connus,
Et le calme tendre et secret de nos campagnes bretonnes.
auns la douce plénitude de la vie au faîte de l’âge.

Roparz Hemon

Breiz Atao. Mars 1926

Action d’affirmation nationale dans le Pays Rennais !

Action d’affirmation nationale dans le Pays Rennais !

[PNB] Les militants du PNB du Pay Rennais étaient sur le terrain ces derniers jours pour une action d’affirmation nationale. Partout sur le territoire breton, les militants nationalistes affirment un seul et unique message : Bretagne libre, fière et forte !

🎧⚡️🔥 Notre podcast mensuel est sorti ! Pour l’écouter, cliquez sur ce lien :

Breizh Atav !

Le Kuzul Meur du Parti National Breton

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Collusion et duplicité des politiciens français : les origines du désastre de Carnac

[PNB] Grâce à l’aide du maire loyaliste de Carnac, le macroniste Olivier Lepick, la destruction des 37 menhirs pour construire un “Mr Bricolage” devait bénéficier à Stéphane Doriel via sa “SAS BricoDolmen”, alors qu’il est déjà l’heureux propriétaire du Super U de la commune, mais également d’une station-service, d’un lave-auto et d’un magasin d’électroménager.

Via l’association “Carnac Marnage”, M. Doriel appartient à un réseau de commerçants prêts à tout pour exploiter le filon touristique en bouleversant le PLU, quitte à passer en force. Déjà en 2011, il s’illustrait par sa pression constante pour faire bâtir aveuglément sur la commune de Carnac, dénonçant la précaution nécessaire sur un site archéologique de cette importance comme une “paralysie” (cf. article du Télégramme ci-dessous).

Quels sont les liens entre O. Lepick et S. Doriel et plus largement entre O. Lepick et ce lobby local ? Ne cherchons pas trop loin toutefois quel réseau d’intérêts opaques est en action. La nomination de Jean-Yves Le Drian (Grand Orient, Le Siècle) à la tête de l’association de préservation des mégalithes de Carnac par M. Lepick pour obtenir le classement du site par l’UNESCO – et donc de garantir des retombées financières beaucoup importantes au lobby précité – donne la mesure des “arrangements entre amis” qui ont lieu au sein de la bourgeoisie pro-française réunie autour du macronisme.

Le Parti National Breton exige que la lumière soit faite, les responsabilités établies et le châtiment exemplaire. La Bretagne ne doit pas être dévorée par des intérêts financiers dénués de scrupules, souvent étrangers, qu’il s’agisse de spéculation immobilière ou du tourisme de masse.

Notre patrie vaut plus que leurs profits !

Breizh Atav !

Le Kuzul Meur du Parti National Breton

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Le PNB exigence la fin immédiate de la dérogation en faveur de l’abattage rituel dans les 5 départements bretons

Le PNB exigence la fin immédiate de la dérogation en faveur de l’abattage rituel dans les 5 départements bretons

[PNB] La Bretagne est un pays où l’activité d’élevage occupe une part importante du secteur agricole.

Le Parti National Breton, soucieux du respect des normes culturelles européennes, veut que la Bretagne interdise l’abattage rituel inspiré de religions non-européennes et rejoigne ainsi l’Autriche, la Suisse, la Norvège, la Slovénie, l’Islande, le Danemark et la Belgique.

Cette volonté figure désormais dans les exigences d’application immédiate du PNB. En l’état actuel de la législation française à laquelle la Bretagne est encore soumise, l’abattage rituel est interdit, mais bénéficie d’une dérogation arbitraire délivrée par le gouvernement français.

Le Parti National Breton exige que cette dérogation ne soit plus de mise sur les cinq départements du territoire national breton.

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Le patrimoine breton détruit par le grand capitalisme français à Carnac !

Le patrimoine breton détruit par le grand capitalisme français à Carnac !

[PNB] C’est avec stupeur et colère que les Bretons ont appris la destruction sauvage de 39 menhirs de 7,000 ans par le maire de Karnag Olivier Lepick, complice du groupe français “Mr Bricolage”.

Cette attaque barbare contre le Peuple breton et son histoire est le résultat d’une course au profit aveugle sur fond de vente à la découpe de la Bretagne aux intérêts financiers français, que ce soit par le tourisme de masse ou la spéculation immobilière.

La Bretagne doit rompre avec la logique de la croissance illimitée et la “disneylandisation” qu’imposent le grand capitalisme hexagonal et l’Etat français à notre pays et stopper définitivement le processus de construction tous azimuts qui en découle.

Le Parti National Breton dit STOP et exige un châtiment exemplaire pour les coupables.

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Podcast : Mouezh ar Vroad n°7 est sorti ! (Juin)

Podcast : Mouezh ar Vroad n°7 est sorti ! (Juin)

[MOUEZH AR VROAD] Le podcast mensuel du Parti National Breton est paru !

Le programme :

00:00 : Générique
00:40 : Introduction
01:23 : Actualité : Corruption généralisée dans la république jacobine française
20:57 : Pause musicale : Kan an alarc’h
24:20 : Politique : Emsav, Autoritarisme, Fascisme, Nazisme, quelles différences
58:46 : Pause musicale : Kantik ar Baradoz
1:02:33 : Culture : L’abbé Yann-Vari Perrot
1:31:22 : Conclusion
1:37:53 : Générique

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Théorie politique de la révolution bretonne : vers l’Etat breton

Théorie politique de la révolution bretonne : vers l’Etat breton

[BREIZH] Le peuple breton est un peuple qui résiste depuis huit siècles à l’assimilation.

Cette résistance doit être comprise sous trois aspects :

  • celui d’une persistance passive, sans intention consciente;
  • celui d’une conservation intentionnelle, non cohérente, non ordonnée à une finalité politique;
  • celui d’une révolution, c’est-à-dire d un remaniement complet de la société ordonnée à une finalité politique

1.La persistance passive

La persistance passive est à comprendre à travers la désarticulation dont a souffert très tôt la société bretonne. Du 8ème au 12ème siècle, le peuple breton constitua une société politique vigoureuse comportant des centres de civilisation qui rayonnaient sur toute l’Europe occidentale. Or, dès le 12ème siècle, les couches dirigeantes acceptent des liens de classe de plus en plus étroits avec les autres couches dirigeantes européennes et ne tardent pas à tomber dans la sphère d’influence de la noblesse française.

Par suite, un fossé se creuse rapidement entre elles et le peuple breton.

Il en résulte un certain nombre de conséquences graves :

  • Deux civilisations cohabitent en Bretagne : la civilisation française, apanage de la minorité gouvernante, considérée de ce fait comme supérieure, la civilisation bretonne, apanage du peuple, considérée comme inférieure par un motif de classe;
  • Ce qui, au début, n’est qu’un motif de classe, subjectif, s’objective peu à peu, s’inscrit dans les faits par un mécanisme simple : quiconque dans la classe populaire cherche à s’élever socialement doit par nécessité s’assimiler à la civilisation française. par suite, quiconque serait en mesure par sa valeur personnelle de concourir au développement de la civilisation bretonne, abandonne cette civilisation pour la civilisation française ;
  • On assiste donc à une dégradation rapide de la civilisation bretonne : celle-ci, après avoir été subjectivement jugée inférieure, devient objectivement inférieure. Elle cesse, pour prendre les termes précis du breton moderne, d’être un sevenadur, c’est-à-dire un accomplissement voulu et conscient par un peuple soucieux de son destin, c’est-à-dire un ensemble de formes locales de vie laissées à leur pur déterminisme sociologique.
  • La culture active étant française, on conçoit que la civilisation bretonne persiste uniquement dans les couches les plus éloignées des sphères actives du pays. En ceci, la désarticulation soxiale appauvrit considérablement la civilisation bretonne, mais en même temps lui laissa une chance : celle de persister, car dans le peuple coupé des classes dirigeantes la civilisation bretonne traversa plusieurs siècles d’hibernation sans mourir.

Bilan de la persistance passive

Au terme de ses siècles d’hibernation, la civilisation bretonne populaire se trouve dans l’impossibilité absolue de vivre par elle-même :

  • la seule structure sociale persistante, maintenue par l’Eglise, l’organisation en paroisses, a régressé au point de prendre une forme tribale, puis de perdre toute fonction sociale ;
  • toute société politique a depuis longtemps disparu, laissant le champ libre aux structures politiques françaises qui, reçues de l’extérieur et sans adhésion créatrice, agissent comme éléments dépolitisants, et instruments d’aliénation collective ;
  • la production culturelle, privée des individus créateurs sans cesse ravis par la civilisation française, privée d’un cadre plitique qui lui soit homogène, réduite à prendre assise dans les micro-communautés locales, est pratiquement nulle en qualité comme en quantité ;
  • la désarticulation de la société qui favorisa la perte de l’indépendance politique au 10ème siècle prépara, à plus long terme la voie au sous-développement économique. Celui-ci est le résultat de la mise en contact d’une économie de type traditionnel avec une économie industrielle développée. Les enclaves économiques modernes implantées par l’économie dominante attirent les éléments les plus dynamiques de la population qui adoptent les modèles culturels de la «métropole» ; la désarticulation de la société est alors le résultat de la désagrégation de l’économie traditionnelle. Or, contrairement à ce qui est survenu en Afrique et en Asie, la désarticulation de la société est antérieure en Bretagne à la Révolution Industrielle et l’économie bretonne est déjà assujettie à l’économie française ; les classe dirigeantes francisées sont tournées vers Paris et se révèlent incapables d’introduire un processus de développement.

2.La conservation intentionnelle

La conservation intentionnelle, non cohérente, non ordonnée à une finalité politique à comprendre comme une réaction inadaptée à la désarticulation sociale, culturelle, économique et politique du peuple breton

L’aliénation dans laquelle a glissé le peuple breton au cours des huit siècles passés n’a pas été sans susciter de nombreux sursauts. C’est par centaines qu’on peut citer à toutes les époques les tentatives de résistance à l’assimilation :

  • dans le domaine politique l’opiniâtre résistance des hommes d’Etat bretons des 16ème, 17ème et 18ème siècles aux ingérences françaises ; les travaux des juristes et des historiens mus par un ardent patriotisme et visant à conserver la conscience nationale et les institutions bretonnes 5 ; le patriotisme dont le peuple a fait montre à toutes époques ;
  • dans le domaine économique, la même opiniâtreté au travail ; cette volonté de rester en Bretagne et d’y défendre sa vie en dépit des conditions économiques mauvaises. Le puissant attachement des Bretons à leur pays, en freinant l’émigration, à sauvé la Bretagne d’une dissolution dans le « désert français » ;
  • dans le domaine social et culturel, un mouvement important tendant à lutter contre la disparition de tout particularisme breton, structures sociologiques, coutumes, costumes, dialectes ; exemples : les Bonnets Rouges et la Chouannerie
    défendant les structures traditionnelles et les anciennes franchises ; les sociétés visant à protéger les parlers locaux et à en introduire l’étude dans les écoles ; les folkloriques cherchant à témoigner d’une « culture populaire » bretonne du passé.

Constat d’échec des conservatismes

Mais ces tentatives de conservation, pour intentionnelles qu’elles soient, sont inadaptées aux conditions objectives qu’elles prétendent infléchir et cela pour plusieurs

L’action conservatiste bretonne n’a pas tenu compte des courants de force effectifs de chaque période historique. Aux 14ème, 15ème, 16ème siècles, alors qu’émergeaient les états nationaux en France, en Angleterre, en Espagne, permettant une réunification des sociétés, l’éclosion de cultures nationales, et la concentration de la puissance étatique, la noblesse bretonne reste étrangère à la révolution qui s’opère. Au contraire, la nouvelle puissance française exerce un ascendant encore plus fort sur elle, jouant dans le sens d’une plus grande désarticulation de la société bretonne : elle suit le courant français mais non l’exemple français*.

*Note : cette affirmation a été largement révisée par les historiens contemporains, notamment Jean Kerhervé dans son étude du sentiment national breton (Aux origines d’un sentiment national. Les chroniqueurs bretons de la fin du Moyen Âge) et de l’état breton (Idéologie et appareil d’État dans la Bretagne des Montfort: XIVe et XVe siècle). C’est l’annexion violente de la Bretagne par la France en 1492 qui met fin au processus de formation d’état-nation déjà avancé.

Le même phénomène de captation se manifeste au niveau de la bretonne aux 18ème, 19ème et 20ème siècles au moment de la Révolution Industrielle. Alors que les bourgeoisies nationales opéraient l’accumulation du capital qui allait permettre l’industrie de naitre sur leur sol, la bourgeoisie bretonne n’a pas le sens de la transformation qui se prépare et s’accomplit ailleurs. Et quand les industries naissantes font leurs appels de capitaux, elle s’empresse d’offrir les siens, dépouillant ainsi la Bretagne de ses capacités d’industrialisation et la dirigeant vers le sous-développement.

Si, au 19ème siècle, la Révolution Agricole a transformé l’économie traditionnelle bretonne, les progrès introduits ne se répercutent pas guère sur les autres secteurs. Ils renforcent surtout la fonction commerciale de la bourgeoisie qui crée peu d’industries locales et, encore une fois, préfère les investissements immobiliers et les emprunts d’Etat. Les innovations et les créations d’entreprises sont souvent le fait de capitalistes étrangers ou de l’Etat français.

Le même phénomène de captation se poursuit à notre époque dans les divers mouvements politiques, sociaux, économiques, culturels qui travaillent en Bretagne : ces mouvements, français, prétendent résoudre des problèmes français, et la Bretagne s’y trouve entraînée en dépit de l’incohérence de ses besoins réels et les objectifs des entreprises auxquelles elle prend part. L’exemple le plus frappant à cet égard fut la première Guerre Mondiale où les Bretons partirent avec la conviction d’aller défendre « le pays », et dont la conséquence fut, au delà de la « Victoire », de décimer, de provoquer l’effondrement de leur civilisation traditionnelle, de précipiter le déclin de leur économie.

La contradiction interne du conservatisme

Ce dernier exemple met en évidence la contradiction interne qui voue à l’échec toute tentative conservatiste en Bretagne. L’explication en est simple. Il n’est pas un élément du patrimoine breton qui ne repose sur une structure française. Vouloir seulement conserver le patrimoine breton implique vouloir conserver les structures françaises sans lesquelles il perdrait toute assise. Or la raison d’être des structures françaises est la conservation du patrimoine français et par là l’élimination du patrimoine breton en tant qu’élément hétérogène.

La situation du peuple breton est telle que les entreprises qui normalement visent à conserver, tournent pour lui en processus de destruction. Les soldats bretons qui partaient « défendre le pays » ont, en fait, précipité l’effondrement de leur pays.

La même contradiction du conservatisme apparait dans tous les secteurs. Les paysans bretons se tournent vers Paris et exigent que l’économie française se solidarise avec l’économie bretonne en difficulté, alors que les intérêts des économies bretonne et française sont contradictoires, l’économie bretonne en étant arrivée à la ruine du fait de son inclusion dans l’économie française.

En vertu d’un même conservatisme politique, les prétendus porte-parole du peuple breton réclament pour lui une présence à part entière dans le cadre étatique français, alors que le cadre étatique français exige la dissolution dans la masse du peuple français des peuples allogènes qu’il contient. La contradiction interne du conservatisme est également flagrante lorsqu’il prétend maintenir le patrimoine social et culturel breton par le moyen de son intégration aux structures et aux institutions françaises.

Les dizaines de campagnes menées depuis un siècle pour introduire l’étude du breton dans les écoles françaises, l’activité folklorique visant à entretenir une atmosphère de particularisme régional, ont le même sens historique, sinon les mêmes vigueur et sincérité, que la Révolte des Bonnets Rouges et que les symptômes de la désarticulation dans le mouvement conservatiste. Attendre du roi de France qu’il se fit le champion des libertés de la Bretagne, demander à l’Education Nationale française de propager la culture bretonne, autant confier au loup le soin de protéger les agneaux parce que la brebis que l’on est est elle-même prisonnière du loup.

L’échec du mouvement conservatiste breton s’explique donc par son inadaptation aux conditions objectives, inadaptation qui s’explique à son tour par une contradiction interne de ce mouvement : il prétend combattre les effets de la désarticulation, mais il est lui-même profondément atteint par la désarticulation.

Les symptômes de la désarticulation dans le mouvement conservatiste

Cette désarticulation du mouvement conservatiste breton contemporain est évidente dans tous les sens le regard se porte. Ainsi existent parallèlement un « mouvement culturel » apolitique, un « mouvement politique » d’expression française, un « mouvement économiste » apolitique et aculturel ; ces mouvements se saluent de loin, exaltant les vertus de l’unité, mais subissent dans l’impuissance leur écartèlement de fait.

Un autre symptôme est la ségrégation mentale où se voit confinée l’action conservatiste bretonne : celle-ci est considérée comme une activité  elle est culturelle ; comme l’inoffensive défense séparatiste si elle est politique agressive ; comme un effort louable et désuet de promotion d’un terroir si elle est politique modérée ; comme s’inscrivant parmi les solutions économiques françaises si elle est économiste ; dans tous les cas et quelque soit le domaine en cause, cette action conservatiste est conçue comme un phénomène marginal français, en rapport direct avec une arriération provinciale marquée et qu’il faudra bien liquider un jour.

Notons l’importance du « phénomène d’écho » dans la dynamique de ce mouvement conservatiste ; et ce paradoxe : plus l’action est conservatiste et plus elle souffre de mimétisme à l’égard des forces auxquelles elle prétend résister. Ainsi les écrivains qui se posaient en défenseurs de la langue bretonne mettaient-ils leur orgueil dans leurs traductions du fabuliste LA FONTAINE. Ainsi pendant longtemps le mouvement politique chercha-t-il ses modèles dans les courants étrangers que ce soit par le flirt nationaliste à la MAURRAS (J. P. CALOC’H), le national-socialisme (la revue Stur), la solution quasi-magique d’un fédéralisme européen ou plus simplement le réformisme de la régionalisation.

Au niveau des finalités nous retrouvons cette incohérence qui découle de la contradiction interne du mouvement conservatiste breton : celui-ci veut conserver vivante la Bretagne, mais en même temps veut conserver tout ce qui constitue « la Bretagne de fait », y compris les contradictions, les incohérences et les désarticulations. La France « est » en Bretagne, il se déclare donc Breton et Français ou Français et Breton selon sa nuance, quand ce n’est pas deux fois Français parce que Breton.

Une fraction sociologique et géographique de la Bretagne parle les vernaculaires celtiques ; l’autre fraction est de langue française: il s’agit-là d’un état de fait à perpétuer. Dans le domaine économique, le conservatisme parle de « vocation agricole, de « vocation touristique » de la Bretagne, le sous-développement lui-même, parce qu’étant “breton”, devant être maintenu et aménagé.

3.La révolution bretonne

La révolution, remaniement complet de la société ordonné à une finalité politique cohérente, s’est lentement mise en route en Bretagne au 20ème siècle. Pendant des années, son feu sporadique s’est montré ici et là, enflammant l’esprit de tout peuple, la langue. La révolution bretonne a eu ses prophètes, tel Tangi MALMANCHE qui écrivait au début du siècle : « Bretons, ne parlez pas tant de la vieille langue de vos pères et parlez davantage du patois nouveau de vos enfants.

Elle a eu ses précurseurs, tel Fransez VALLEE qui, parti pour recueillir les richesses éparses dans les vernaculaires, créa le breton moderne ; tel Roparz HEMON qui, rompant ouvertement avec le conservatisme culturel, entrepit de créer une littérature nationale et qui y réussit, balayant du même coup l’amas de platitudes provinciales qui tenait lieu jusque là de littérature bretonne ; tel Meven MODIERN qui, plaçant d’emblée le breton dans le rang des grandes langues de civilisation, commença la publication de travaux scientifiques en langue bretonne. Il ne s’agissait plus de conserver une Bretagne de fait dans sa dislocation, mais de créer une Bretagne unie et elle-même créatrice. Ce qui est conservé ne l’est pas en raison de son appartenance à la Bretagne de fait, mais en raison d’une finalité qui est la constitution d’une communauté bretonne nouvelle. On a décrit l’émergence de cette attitude nouvelle en Bretagne sous le nom de « renversement révolutionnaire » : cesser de scruter le passé pour maintenir le présent à son image, mais ressaisir les ressources bretonnes anciennes et nouvelles et par elles se forger en peuple neuf sans égard pour un passé fourvoyé ni pour un présent sans issue.

Cette attitude révolutionnaire apparue d’abord dans les domaines de l’action culturelle ne tarda pas à gagner les domaines de l’action politique et sociale. Si dans les années 1920 on parle encore de régionalisme en demandant pour la Bretagne un statut de province autonome dans le cadre de l’Etat français, on assiste dans la décennie suivante à une clarification des concepts et des objectifs, à une recherche de cohérence, et à peu se dégage un but précis : la politique bretonne indépendante, c’est-à-dire création de l’Etat breton.

Il importe de noter la différence d’attitude qui existe entre révolutionnaires et conservatistes. Les conservatistes s’efforcent d’opérer la coordination d’une masse brute de faits hétéroclites dont le mouvement les contrarie et leur échappe : le bon sens, disent-ils, nous enjoint de reconnaître que la Bretagne est dépendante de la France, que les deux tiers de ses habitants ne pratiquent pas le breton,etc. ; mais s’ils acceptent ces faits comme inéluctables, ils refusent de voir les conséquences de leur acceptation, à savoir la mort du breton et de la Bretagne, ils quittent le domaine du bon sens pour celui du rêve et imaginent qu’en dépit des apparences tout va s’arranger pour finir, d’une façon ou de l’autre, — par exemple que le pouvoir français va soudainement se repentir et ressusciter cette Bretagne qu’il cherche depuis des siècles à supprimer. A la coordination par le rêve de faits incompatibles, les révolutionnaires substituent la coordination par l’action : l’action, créatrice et destructrice, accorde aux faits l’importance qu’elle entend leur donner dans sa propre finalité. Ils tiennent tout à fait compte de la situation que les conservatistes, — sans pouvoir l’avouer, — jugent désespérée. La force qui domine la Bretagne et la mène à l’assimilation et à la ruine est énorme ; la force bretonne qui résiste en fait à cette force d’assimilation est infime. La seule conclusion est que le rapport de ces forces doit être renversé et que pour cela un immense travail doit être accompli en Bretagne.

La théorie révolution bretonne

La théorie de la révolution bretonne n’est autre que la théorie de cet immense travail pour accroître la force politique du peuple breton afin, non seulement qu’il détruise la force opprimante, mais surtout qu’il prenne une place libre et créatrice dans le monde. Quel visage a le travail révolutionnaire breton en cette fin du troisième quart du vingtième siècle ? Sa définition la plus simple est celle de ses trois objectifs, qui sont :

  • faire du capital historique breton la propriété effective du le breton ;
  • constituer une société bretonne nouvelle sur la base de cette appropriation ;
  • bâtir les cadres politiques de cette société nouvelle

Le mouvement révolutionnaire breton, l’Emsav comme il se nomme lui-même, s’attache à définir avec clarté chacune de ses positions, chacun de ses objectifs, chacune de ses démarches.

Le concept de capital historique

Le concept de capital historique est l’un de ceux que l’Emsav a défini avec le plus de précision. Est un capital, comme on sait, une production reprise comme facteur d’une production nouvelle — par exemple une machine d’abord produite, servant ensuite à produire à son tour. La pensée bretonne a généralisé ce concept de capital à toute production humaine, qu’elle soit économique, sociale, culturelle ou plitique ; qu’elle soit industrie ou politique, technique ou langage, art ou spiritualité, toute production humaine est d’abord objet puis facteur de création.

Cette définition plus complète fait ressortir un caractère qui apparait à peine quand il s’agit du capital strictement économique, c’est l’historicité. Une civilisation progresse lorsque les créations d’aujourd’hui peuvent faire fond sur les créations d’hier. Un peuple se « produit » par ses « productions » au long des siècles, et cette reprise continue des productions antérieures comme capital des productions actuelles et futures lui donne une unité dans le temps qui est le fondement même de sa réalité de peuple. Ceci est vérifiable dans le domaine de sa langue, de sa culture, de sa société, de sa politique : l’histoire d’un peuple est celle de sa production au sens plein du mot. D’où le concept de capital historique. Ce concept de capital historique est important pour traiter deux ordres de problèmes : celui de la culture et de ses fonctions dans la vie d’un peuple, celui des moyens de production tel qu’il se trouve posé par cette généralisation du concept de capital.

L’appropriation du capital historique

Comment se présente dans la pratique l’appropriation par le peuple breton du capital historique breton ? Il s’agit non pas tant de porter la civilisation bretonne à la connaissance des Bretons, encore moins d’opérer le retour en arrière des conservatistes vers le passé, — que de remettre en forme la vie des Bretons d’aujourd’hui de telle sorte que leur civilisation passée y trouve sa juste place comme capital historique. Cette remise en forme implique ce que l’Emsav appelle la « révolution individuelle » : éclatement de l’ancienne forme vie et reconstruction d’une nouvelle existence fondée dans l’Emsav — considéré de ce fait comme le germe d’une nouvelle société bretonne et en même temps d’une nouvelle civilisation bretonne.

Ailleurs sera analysée cette ancienne forme de vie dont il est question de faire table rase ; il sera montré comment, résultant de la désarticulation sociale et culturelle. Là est la raison pour laquelle l’Emsav s’est attaché avec tant d’insistance à créer les organismes d’enseignement et de formation permettant aux Bretons de s’approprier leur langue.

L’une des thèses de l’Emsav est qu’il n’y a pas de révolution bretonne de langue française. La langue bretonne est la base de réunification de la société bretonne. De même que le français fut l’outil de la désarticulation, le breton est entre les mains de l’Emsav est le premier outil de la réarticulation. Il était confiné au secteur primaire et au monde rural ; l’Emsav le rend à la société entière, première condition d’une réarticulation sociale. Il reculait derrière le rideau qui coupe en deux le pays, les communes, les familles ; l’Emsav lui rend sa puissance expansive, premier pas de la réarticulation ethnique. II s’identifiait à ce passé mort et débilitant que traine en lui le peuple breton ; en refaisant du breton de langue des Bretons, l’Emsav transmue ce passé en capital historique et amorce la réarticulation historique du peuple breton.

Constituer une société bretonne nouvelle

La constitution d’une société bretonne nouvelle [objectif collectif], second objectif de l’Emsav, est la conséquence logique du premier [objectif individuel]. A la mise en forme d’une vie sociale réenracinée et réarticulée correspond la mise en place d’une société nouvelle. L’Emsaver, en accomplissant sa révolution individuelle, se met d’une certaine façon en dehors de la société artificiellement tenue par les cadres étatiques français et il est disponible pour la nouvelle société dont il est le germe. Voila pourquoi les groupes locaux de l’Emsav sont bien davantage que les sections d’un parti politique. Comment l’Emsav prévoit-il l’organisation de la société bretonne ? Il ne préjuge évidemment pas des formes concrètes de cette organisation : son rôle est de fonder la société bretonne nouvelle sur l’appropriation par le peuple breton de son capital historique.

D’autre part, la pensée politique de l’Emsav fait partie intégrante d’un capital historique, elle progresse avec lui, s’enracinant avec lui dans l’histoire du peuple breton et se développant avec lui ; s’enracinant aussi au delà de l’histoire bretonne, dans l’histoire humaine. L’Emsav, étant un mouvement libérateur, fait des autres mouvements libérateurs de l’histoire humaine son capital historique : il est de la même veine que les autres révolutions libératrices de classes et de peuples opprimés.

Si la pensée de l’Emsav reste ouverte, elle n’en est pas moins précise et sur les points dont s’inquiètent précisément ceux qui s’interrogent à propos de socialisme et de capitalisme. L’Emsav par sa conception plus radicale du capital est en mesure de résoudre certaines difficultés théoriques et pratique — la question nationale particulièrement qui n’a jamais pu trouver une expression satisfaisante dans systèmes et les régimes socialistes. A partir du moment où le capital strictement économique se trouve intégré au capital historique, non seulement les rapports de propriété, mais le concept même de propriété sont profondément transformés. En plus, la propriété collective des moyens de production y trouve un statut théorique que ne pouvait lui donner une théorie du capital se cantonnant dans le domaine économique : la production humaine, au sens complet et où l’entend l’Emsav, n’est jamais le fait de représentants individuels d’une humanité abstraite et sans contours historiques ; elle est toujours le fait de peuples en tant que réalités concrètes et historiques, c’est-à-dire de communautés sociales possédant une existence historique et par là une civilisation.

Dès que l’on donne aux moyens de production économiques le même statut qu’aux moyens de production sociaux, politiques, culturels, spirituels, on définit par le fait un esprit nouveau de propriété. Le peuple est propriétaire de sa terre et de ses capitaux économiques dans le même esprit qu’il est propriétaire du capital national que constituent sa langue et sa civilisation. En cela, l’Emsav ignore l’antagonisme que les marxistes éprouvent comme insoluble entre le socialisme et le fait national.

Bâtir les cadres politiques de la société bretonne nouvelle

Le troisième objectif de l’Emsav, la constitution d’un Etat breton, vient en corollaire des deux autres. La société bretonne nouvelle trouvera sa plénitude en devenant une société politique maîtresse de son destin et prenant part de plein droit aussi à la vie politique internationale. Là aussi, l’Emsav est entré dans la voie des réalisations , donnant répondant concret à sa théorie. Parallèlement au développement de la société bretonne nouvelle, il crée les structures organiques dont a besoin cette société naissante (administration, éducation, impôts, etc.), et qui sont en même temps l’embryon des futures structure étatiques.

Le rôle de l’Emsav est donc parfaitement clair : rendre au peuple breton unité et lui donner la propriété de son capital historique comme de son économie, le conduire à une place créatrice parmi les nations en lui gardant son rang dans le peloton de tête des mouvements libérateurs. 

Source : Emsav Stadel Breizh, données socio-historiques de l’Emsav (1969)

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