[PNB] En ce 6 décembre 2022, les patriotes bretons regardent vers l’Irlande qui, il y a 101 ans, proclamait la renaissance de son état, l’Etat libre irlandais, au terme d’une campagne armée de deux années et demi contre l’occupant anglais. Le traité, qui prévoyait la partition de l’île, a laissé l’Irlande du Nord sous occupation britannique jusqu’à aujourd’hui, ce qui provoqua, dès la signature du traité, une guerre civile entre nationalistes qui ne se terminera qu’en 1923 avec la défaite des forces anti-Traité.
Comme l’évoque Fransez Debauvais lui-même, fondateur de Breiz Atao et du Parti Autonomiste Breton, sans l’exemple irlandais de l’insurrection de 1916 et la guerre d’indépendance de 1919-1921, les nationalistes bretons n’auraient pas formulé leur programme de rupture si nettement dès les années 1920. L’exemple irlandais eut une énorme puissance de suggestion sur les Bretons les plus conscients de leur nationalité. Indubitablement aussi, c’est l’IRA et la figure de Roger Casement qui poussèrent Célestin Lainé à croire en l’action armée clandestine comme méthode victorieuse contre une puissance impérialiste, la France, qui écrasait, et continue d’écraser, notre nation. C’est cet exemple qui le poussa à recréer la base d’une armée nationale bretonne, contre vents et marées. C’est aussi cet exemple qui déboucha sur la formation du Front de Libération de la Bretagne, avec la génération suivante.
Aujourd’hui, toutefois, si l’on ne peut que réaliser le succès politique de l’Irlande, le succès de la révolution irlandaise est en demi-teinte. L’Irlande est devenue ce que l’on peut appeler une néo-colonie du système occidental que rien ne sépare fondamentalement des autres états occidentaux. L’Irlande n’a pas, hélas, retenu les qualités de sa personnalité nationale et s’est amplement dissoute dans la culture globale américano-centrée. Tendance puissamment accélérée par la langue anglaise, dominante en Irlande, et par sa puissante diaspora américaine – 30 millions de personnes – dont le plus éminent membre n’est personne d’autre que l’actuel président américain Joe Biden.
La si catholique Irlande de Saint Patrick, l’évêque breton, s’est déchristianisée à rythme rapide. La légalisation de l’avortement ces dernières années l’illustre parfaitement, portant un coup brutal à une natalité irlandaise déjà en difficulté. Dans le même temps, sommé par le consensus politique socialiste-libéral de suivre le programme bruxellois, le pays devient un comptoir cosmopolite où les sièges sociaux des entreprises internationales se concentrent à Dublin, tandis que l’immigration du tiers-monde est puissamment encouragée pour remplacer les consommateurs et employés de service peu qualifiés que le peuple irlandais, rongé par l’individualisme et le consumérisme, n’offre plus, faute d’enfants.
Une révolution politique est le résultat d’une révolution sociale et culturelle provenant du peuple, instruit et guidé par une poignée de révolutionnaires déterminés. Les révolutionnaires irlandais n’ont pas eu de véritables descendants et l’héroïque épopée de 1916-1921, ainsi que celle d’Irlande du Nord lors des “troubles”, n’a pas empêché à l’Irlande de s’effacer progressivement au même rythme que les autres états occidentaux.
C’est un enseignement important pour l’Emsav et le Parti National Breton. Bien entendu, l’Irlande reste dans une position infiniment plus enviable que celle des Bretons soumis à la France, en 2022. Ils disposent d’un état, ils ont conscience de former une nation. Toutefois, il s’agit bien de sauver l’essence de la nation et non pas seulement de dupliquer les institutions de l’état occupant sans refonder intégralement l’ordre social sur les valeurs réellement nationalistes que doit porter l’Emsav. L’Irlande, de ce point de vue, reste un état celtique à bâtir, spirituellement, linguistiquement, socialement, tout comme la Bretagne, à ceci près que l’Irlande n’est plus entravée par l’impérialisme anglais et peut, si elle le veut, opérer cette seconde révolution, celle des âmes, pour accoucher de l’Erin de Padrig Pearse.
Humilité toutefois, pour nous Bretons, qui avons manqué de sagesse en ne suivant pas nos héros de l’Emsav avec la même force que nombre d’Irlandais, à partir de 1919. Nous devons nous remettre au travail, conscients de nos erreurs historiques, et hâter l’œuvre de libération de notre vieille terre de Bretagne en réveillant la conscience nationale des Bretons, ou d’une fraction d’entre eux qui puisse, à l’heure cruciale, arracher la patrie de la mort que lui promet la France. Car la France, c’est la mort. En 2022, le Parti National Breton se tient fermement prêt à la lutte pour la liberté de notre nation. Beaucoup de choses se joueront durant cette décennie et prendront un tour décisif durant la décennie suivante. Pour nous, Bretons, 2032 doit être une date cardinale de rupture historique, cinq siècle après le coup d’état de 1532.
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