Du quatrième Emsav à l’État breton : nous faire respecter en tant que nationalistes bretons ! (Éditorial)

Du quatrième Emsav à l’État breton : nous faire respecter en tant que nationalistes bretons ! (Éditorial)

Éditorial publié dans le média STOURM!

L’Emsav est aujourd’hui dans une impasse au point d’avoir atteint un état de catalepsie avancé. Au bouillonnement intellectuel du 19ème et 20ème siècles, le 21ème siècle n’a, à ce stade, rien produit ou presque qui soit notable, et encore moins utile à la cause nationale. On ne voit agir sur les esprits aucune figure intellectuelle de premier plan là où, il y a un siècle, on les comptait par dizaines chez les écrivains, journalistes ou artistes bretons. L’activisme politique connaît la même léthargie, engourdi par un embourgeoisement et un vieillissement manifestes, en plus de l’influence délétère du régionalisme incapacitant. En d’autres termes, la Bretagne est dans une désastreuse complaisance vis-à-vis d’elle-même.

Des symptômes récents en témoignent encore. Malgré le dévouement de ses membres, les effectifs de Diwan stagnent tandis que sa situation financière est plus précaire que jamais. En dépit de la demande populaire, l’État français peut saboter les ouvertures de classes bilingues sans craindre de mobilisation réelle en réaction, rendant illusoire l’objectif de 30,000 scolarisés en langue bretonne d’ici à 2027. Le paysage médiatique, qu’il s’agisse de la presse écrite ou audiovisuelle, est un désert et ce n’est pas la pitoyable production de “France 3 Bretagne” qui serait de nature à infirmer ce constat. La Coop Breizh, maison d’éditions historique, a annoncé cette semaine être en cessation de paiement. Enfin, la mobilisation de diverses associations bretonnes pour la protection de la toponymie bretonne ne reçoit à cette heure aucun soutien notable de la part du Conseil “Régional” de Bretagne.

L’absence d’énergie, de volonté et d’audace frappe l’observateur. Cette déréliction a plusieurs causes. En premier lieu, il s’agit des résultats objectifs de la francisation brutale et systématique que poursuit encore l’État français au 21ème siècle, notamment par le biais de son école et de ses médias. En second lieu, le vieillissement démographique de la Bretagne, engendré par l’effondrement de la natalité et l’émigration, accouche d’un paysage politique et culturel sclérosé, voire sénile, qui ne sait que ressasser des indignations de plus en plus éloignées de l’Emsav. Enfin, la dérive politique vers la gauche du mouvement culturel, entamée dans les années 1960 avec la subversion de l’Emsav par des éléments marxistes, a mécaniquement prédisposé les intellectuels et militants bretons à se laisser absorber par la gauche hexagonale sous l’action du Parti Socialiste français et de son art de caporaliser par l’usage de la subvention publique. Cette vassalisation indirecte par l’État français via sa gauche politique s’est concrétisée en 2004 après la victoire de Jean-Yves Le Drian aux élections “régionales”, avant d’être confirmée en 2017 par celle de Loïg Chesnais-Girard. Si la gauche “bretonne” a indubitablement été activiste et productive, elle a cherché à dévoyer l’Emsav, infectant l’âme bretonne des conceptions égalitaires de la révolution française. Cette trahison se paie aujourd’hui au prix fort.

Le mouvement nationaliste a été durablement affaibli par la création de partis de gauche, par définition poreux aux idées françaises, à l’instar de l’UDB dans les années 1960, puis d’Emgann dans les années 1980, mouvement marxiste-indépendantiste que Gaël Roblin, sa figure la plus détestable, a mené à la disparition au début des années 2000. Malgré l’action de POBL (Parti pour l’Organisation d’une Bretagne Libre) et d’Adsav!, le nationalisme breton n’est pas parvenu dans le premier quart du 21ème siècle à maintenir une structure solide, disciplinée, dotée de cadres compétents et dynamiques en mesure d’enraciner l’Emsav dans une partie des masses, notamment électoralement et culturellement. La formation du Parti National Breton, au début de l’année 2022, marque une opposition consciente à cette tendance générale. En dépit des puissants obstacles cités précédemment, il s’agit non seulement de maintenir le nationalisme breton dans le paysage politique de la Bretagne, mais aussi de stopper la catastrophique régression régionaliste incarnée tantôt par l’UDB, tantôt par le Parti Breton au plan politique, et par diverses associations qui leur sont associées au plan social ou culturel. Pour le PNB, présenter ses premiers candidats aux élections, peu importe lesquelles, sera indubitablement un moment essentiel de cet effort pour le maintien de l’Emsav dans une Bretagne politiquement moribonde.

Cette rupture est d’autant plus nécessaire que les limites du paradigme du Troisième Emsav sont atteintes. Si le premier Emsav a éveillé la conscience nationale bretonne par un travail d’avant-garde, que le second Emsav a créé les outils de la modernisation indispensable à la nation bretonne et que le troisième Emsav a massifié cette modernisation par l’action culturelle, le quatrième Emsav se doit d’être pleinement étatique et d’avancer vers l’État breton à un moment de crise décisive pour l’État français tel qu’il existe depuis 1789. C’est dans une phase d’accélération historique que les revirements les plus puissants ont lieu. Le PNB doit agréger les Bretons qui réalisent que l’État breton est la seule alternative à la déchéance terminale de la France et faire d’eux une force politique unifiée. Le Parti National Breton, comme instrument du nationalisme breton, doit se faire respecter et apprendre à ceux qui voudraient perpétuer le sectarisme de gauche à l’égard des nationalistes que cet exercice entraînera systématiquement une riposte, immédiate et frontale. Cette affirmation sans concession est la clef de l’émergence du nationalisme breton sur les ruines des idées françaises et de leurs facilitateurs en Bretagne.

Ewen Broc’han

Les fondations du nationalisme breton

L’Emsav n’est pas une création récente. Il n’est né ni avec le XXe siècle, ni même avec le XIXe. Il n’est que la manifestation moderne d’un phénomène séculaire dont on peut faire remonter la filiation jusqu’au XVIe siècle, date à laquelle la Bretagne passa du statut de nation indépendante à celui de province autonome au sein du Royaume de France.

Il s’inscrit dans la ligne des efforts des Bretons de toutes classes qui, depuis cette époque, ont lutté pour conserver à la Bretagne sa personnalité politique et juridique, ses libertés politiques, administratives et financières, ses caractères natio- naux, sa langue et sa culture.

1. POURQUOI L’EMSAV MODERNE EST-IL NÉ ?

1.1 CAUSES LOINTAINES

1.1.1. La Bretagne n’a jamais accepté la suppression de son statut d’autonomie par la Révolution française : les Cahiers aux États Généraux en demandent formellement le maintien : les députés bretons à Versailles se déclarent sans mandat pour l’abandonner; le Parlement de Bretagne, gardien de la Constitution bretonne, proteste solennellement contre sa suppression; la Chouannerie est un soulèvement national qui tend à le rétablir.

1.1.2. La 1ère République reprend, en l’aggravant, la politique de centralisation monarchique. Les Républicains bretons sont tous « fédéralistes » (Girondins). Ils se révoltent contre la dictature de Paris et seront écrasés par elle. L’Empire asseoit définitivement la centralisation politique, administrative et intellectuelle entreprise par la République jacobine. Cette politique doit conduire au « nivellement » de la France : à la construction de « La Nation » française, « une et indivisible », sur les ruines des nations restées diverses qui subsistaient sous l’ancienne France; à l’avènement d’une « Patrie » unique et abstraite par la destruction des patries concrètes; à la « fabrication » d’un « type » de citoyen français uniforme et interchangeable.

1.2 CAUSES PLUS IMMEDIATES

1.2.1. Causes économiques

Par comparaison avec les autres pays d’Europe, la décadence économique et le retard social de la Bretagne, qui ont déjà commencé à la suite de la perte de l’indépendance, vont s’aggraver au XIXe siècle à la suite de la perte du statut d’autonomie.

1.2.2. Causes politiques

Aucun des gouvernements et régimes français qui se succèdent au pouvoir au XIXe siècle ne se montre disposé à desserrer l’étau de la centralisation politique et administrative, ni à reconnaître la personnalité de la Bretagne.

1.2.3. Causes culturelles

Tous ces gouvernements, à mesure que le système d’enseignement se développe et se généralise, vont systématiquement exclure des programmes tout ce qui peut toucher à la langue, à la culture et à l’histoire de la Bretagne. Cette politique s’aggrave au cours du siècle. Le but avoué de l’État central est d’aboutir à la disparition de la langue bretonne et « d’assimiler » complètement la population bretonne. La Bretagne doit être « intégrée ».

1.3. L’EMSAV EST DONC LE CHOC DE DEUX CONCEPTIONS DIAMETRALEMENT OPPOSÉES

Celle de la Bretagne qui veut conserver sa langue, sauver sa personnalité, rester distincte » pour rester elle-même : celle de l’État français qui juge nécessaire, pour réaliser une France « une et indivisible », d’assimiler et d’intégrer complètement les Bretons pour en faire des Français comme les autres, administrés et éduqués comme les autres, selon des lois et des principes uniformes élaborés à Paris. Cette politique implique la disparition de la personnalité de la Bretagne, son morcellement en cinq départements, la suprématie totale du gouvernement central, l’extinction de la langue bretonne : aux Bretons qui défendent leur statut d’autonomie, Mirabeau répond: « Vous êtes Bretons ? Les Français com- mandent » (1790); aux fédéralistes bretons qui défendent les libertés locales contre la République jacobine, Danton répond : « La Révolution c’est Paris! » (1793); aux Bretons attachés à leur langue, les préfets du Finistère et des Côtes-du-Nord répondent en 1831 : « Il faut absolument détruire le langage breton » ; le ministre de l’Instruction publique en 1911: « Enseigner le breton serait favoriser les tendances séparatistes en Bretagne ».

2. LES MANIFESTATIONS DU MOUVEMENT BRETON DE 1800 A 1890

2.1. DEFENSE DE LA CULTURE.

2.1.1. La protestation et la défense contre le « nivellement » se manifestent surtout dans le domaine culturel. Le romantisme aidant (Brizeux, Souvestre), on assiste à un réveil poètico-historico-littéraire de la Bretagne.

En 1805, Le Gonidec. Cambry et Le Brigant fondent l’Académie Celtique. Le Gonidec rénove et épure la langue bretonne et en fixe la grammaire. Son grand dictionnaire breton-français paraît en 1821. Troude le complète en 1842. En 1838, H. de la Villemarqué publie le Barzaz-Breiz, dont l’influence sur le mouvement de renaissance nationale est considérable. En 1838 a également lieu le premier Congrès interceltique du Pays de Galles.
En 1843 se fonde l’Association Bretonne, qui existe encore de nos jours. Son but est à la fois économique (améliorer les méthodes agricoles et le sort des campagnes bretonnes) et historique (étudier le passé breton). En 1844, Pitre Chevalier publie son Histoire de Bretagne. En 1855, de la Villemarqué. Luzel et Le Scour créent l’Académie Bardique. Ils organisent le deuxième Congrès interceltique à Saint-Brieuc, en 1867. En 1870, les celtisants C. de Gaulle, H. Gaidoz et Charencey présentent au Corps Législatif la première requête en faveur de l’enseignement des langues régionales.

2.1.2. Mais ces efforts vont se heurter à la méfiance de tous les gouvernements francais successifs : en 1854, l’Association Bretonne, dont le gouvernement n’apprécie pas les efforts pour faire revivre le passé breton, est suspendue pour un an par le gouvernement impérial. En 1859, elle est définitivement suspendue.

Aucune suite n’est donnée à la Pétition en faveur des langues régionales de 1870.

Les réformes successives qui organisent l’enseignement et le rendent obligatoire prennent soin de préciser que l’enseignement doit être uniformément donné en français. L’étude de l’Histoire de Bretagne et de la langue bretonne reste écartée des programmes d’enseignement et des examens.

2.1.3. Les historiens, poètes et celtisants entretiennent, au cours du XIXe siècle, le sens de la personnalité bretonne : malgré l’indifférence, sinon la méfiance, des pouvoirs pu- blics, les historiens (A. de Courson, P. Levot, A. de Carné, H. de la Borderie, A. Dupuy, R. de Kerviler, F. Duine, etc…), les poètes et écrivains (La Villemarqué, N. Quellien, Sebillot, P. Proux, A. Le Bras, F. Luzel, Le Joubioux, etc…), les celtisants (J. Loth, E. Ernault. G. Dottin, F. Vallée, etc…) n’en continuent pas moins, au cours du siècle, à faire connaître le passé de la Bretagne, à enrichir et cul- tiver sa langue.

La plupart de ces écrivains collaborent à des revues dont les principales sont : La Revue de Bretagne (créée en 1857), Feiz ha Breiz (créée en 1865), La Revue Celtique (fondée en 1870). La Revue Historique de l’Ouest (créée en 1884), les Annales de Bretagne (fondée en 1897).

La vogue mondiale des Études Celtiques amène le gouvernement à fonder des chaires de celtique dans l’enseignement supérieur à Paris, à l’École Pratique des Hautes Etudes en 1876, au Collège de France en 1882, et à l’Université de Rennes en 1893. En 1890, une chaire d’Histoire de Bretagne est créée à la Faculté des Lettres de Rennes.

2.2. DEFENSE DE L’ENTITE BRETAGNE

Dans le domaine politique et administratif également, certains faits montrent que le sens de la personnalité bretonne subsiste parmi les Bretons. L’État central ne manque pas de manifester sa méfiance à l’égard de toutes les manifestations de cette tendance.

L’exécution de Georges Cadoudal, en 1804, met fin à toute résistance armée et organisée de la Bretagne contre l’État central. Mais en 1815, le général Sol de Grisolles obtient des troupes alliées qui occupent la France que la Bretagne, en raison de sa résistance à la Révolution et à l’Empire, ne soit pas occupée.

Cela n’empêche pas le gouvernement de la Restauration d’éviter soigneusement de rendre à la Bretagne son statut d’autonomie. Bien plus, il s’empresse d’oublier les services rendus à la Monarchie par les anciens chefs Chouans et leur préfère, pour occuper les postes administratifs en Bretagne, d’anciens Conventionnels et Jacobins repentis.

En 1829 et 1830, à la suite des menaces de violation de la Charte par Charles X, les libéraux bretons, sous la direction de Beslay, député des Côtes-du-Nord, organisent une «Association Bretonne » pour le refus« d’acquitter des contributions publiques illégalement imposées ». Ils invoquent le Contrat d’Union de la Bretagne à la France de 1532.

En 1870, une armée de Bretagne, levée dans les cinq départements bretons, s’organise pour défendre le sol breton menacé d’invasion. Cette armée soulève la méfiance du Gouvernement Provisoire de la République qui semble en craindre les tendances « réactionnaires » et « séparatistes ». Aussi la laisse-t-il massacrer sans armes sur les plateaux du Mans.

Gambetta avait auparavant télégraphié à Keratry, commandant l’armée de Bretagne : « Je vous conjure d’oublier que vous êtes Breton pour ne vous souvenir que de votre qualité de Français ».

En 1872, l’Association Bretonne, suspendue par l’Empire, reprend son activité.

Arthur de la Borderie

En 1890, A. de la Borderie, résumant les idées et les aspirations de l’élite bretonne qui l’entoure et qui l’a précédé, s’écrie, en ouvrant son cours d’Histoire de Bretagne à l’Université de Rennes : « La Bretagne est mieux qu’une province : elle est un peuple, une nation véritable et une société à part, parfaitement distincte dans ses origines, parfaitement originale dans ses éléments constitutifs. »

3. LE MOUVEMENT BRETON DE 1890 A 1914

3.1. NAISSANCE DU MOUVEMENT REGIONALISTE

Au cours de ce quart de siècle, un Mouvement breton organisé va se dégager des efforts dispersés antérieurs et effectuer la synthèse des aspirations politiques, administratives et culturelles.

À la suite d’un « Appel au Peuple Breton », l’Union Régionaliste Bretonne (U. R. B.) se fonde à Morlaix en 1898. Elle a l’ambition de grouper des personnalités de tous les partis pour la défense des droits de la Bretagne. Ses premiers dirigeants sont : A. Le Braz, Charles Le Goffic, Louis Tiercelin, F. Vallée, R. de l’Estourbeillon (qui allait bientôt l’incarner jusqu’à sa mort en 1946). F. Jaffrenou, Bourgault-Ducoudray…

L’U. R. B. demande formellement la décentralisation administrative et la constitution de la Bretagne en « région » distincte.

En 1901 se crée le « Gorsedd » breton, sur l’imitation du Gorsedd gallois. Son but est l’étude, la conservation et le développement des arts, de la langue et de la littérature bretonnes, et des traditions celtiques. Ses principaux ani- mateurs sont: Yann Fustec, Yves Berthou, Jaffrenou- Taldir. L. Le Berre, F. Vallée, E. Le Moal, Loeiz Herrieu, F. Even, A. Boscher…

À la politique anti-cléricale qu’il pratique au début du siècle, le gouvernement Combes ajoute une politique de persécution de la langue bretonne. Non content de la proscrire dans les écoles (l’usage du « symbole » s’y généralise), il veut en interdire l’emploi au catéchisme et dans les églises (1902-1905).

Les masses catholiques sont décidées à la résistance armée. Mais les chefs catholiques les font renoncer à la violence.

En réaction contre politique anti-cléricale et anti-bre- tonne du gouvernement, l’Association catholique bretonne, « Bleun-Brug », se fonde en 1905, animée par l’abbé J.-M. Perrot. Son but est la défense de la langue et de la religion, et sa devise Feiz ha Breiz. Les parlementaires bretons, qui s’étaient trouvés unis sans distinction de partis pour faire rapporter le décret Combes contre la langue bretonne en 1903, s’unissent à nouveau, en 1909 et 1910. pour demander, sans succès, au ministre de l’Instruction publique, l’enseignement du breton dans les écoles.

En 1911, une scission de l’U. R. B. aboutit à la création de la Fédération Régionaliste de Bretagne (F. R. B.). Ses principaux animateurs sont : Jean Choleau, Jos Parker, André Mellac, Y. Le Diberder, M. Duhamel, etc… Elle met l’accent sur les problèmes économiques bretons, en même temps que sur les problèmes administratifs et culturels.

3.2. APPARITION DU NATIONALISME POLITIQUE

L’U. R. B. comme F. R. B., Gorsedd comme Bleun-Brug, estiment en général nécessaire de voir la langue bretonne enseignée et la personnalité bretonne consacrée par la reconstitution de la Province ou Région de Bretagne, illégalement supprimée en 1789.

Elles unissent des personnes de toutes tendances pour la défense des droits de la Bretagne, mais elles ne mettent pas en cause la souveraineté de la France sur la Bretagne. Elles ne pratiquent qu’un nationalisme poético-littéraire et sentimental. En 1909 et en 1911, dans deux ouvrages, « La Question Bretonne » et « Vers une Bretagne organisée », M. de Lantivy-Tredion essaie de concrétiser les aspirations de l’Emsav et de dégager un programme précis d’organisation régionale. Ce dernier réside essentiellement en la reconstitution de la province de Bretagne, dotée de l’autonomie administrative et financière, et des États de Bretagne modernisés par l’organisation de la représentation professionnelle. L’Assemblée bretonne devra être composée de représentants des intérêts économiques, sociaux et spirituels de Bretagne. Les promoteurs de ce plan vont jusqu’à envisager la grève de l’impôt pour contraindre le gouvernement central à l’appliquer.

Camille Le Mercier d’Erm

En 1911 cependant se crée le « Parti Nationaliste Breton » (Journal « Breiz Dishual »). qui réunit, sous la direction de C. le Mercier d’Erm: Le Rumeur, A. Guillemot, L. Gueguen, L.-N. Le Roux, J. du Chauchix, P. Suliac, puis A. Boscher, J. Loyant, J. Le Bras, de la Guichardière.

Avec lui, le nationalisme politique fait son apparition. Le manifeste P. N. B. repousse la thèse régionaliste comme humiliante et réclame: « La séparation intégrale d’avec la France, l’indépendance politique de la Nation bretonne, la reconnaissance de la langue bretonne comme seule langue nationale ».

Toutes les tendances de l’Emsav s’unissent, en octobre 1911, pour protester contre l’inauguration. à Rennes, du monument de Jean Boucher symbolisant l’Union de la Bretagne à la France.

3.3. DEFENSE ET ILLUSTRATION DES VALEURS BRETONNES

Pendant toute cette période, le mouvement en faveur de la langue et de la culture bretonnes poursuit sa carrière : des celtisants éminents continuent l’œuvre de Le Gonidec pour l’enrichissement et le perfectionnement de la langue (J. Loth, E. Ernault, Meven Mordiern, F. Vallée, P. Le Roux). Ces celtisants sont groupés au sein de l’Académie Bretonne et du Comité de Préservation de la langue bretonne (section de l’Association Bretonne) créé en 1895. Leur action aboutit à l’Entente des Écrivains Bretons pour l’unification orthographique de trois des dialectes bretons : Kerne, Leon, Trégor (K.L.T.), en 1908. Des dictionnaires, grammaires, vocabulaires, méthodes d’enseignement du breton sont publiés tant en K.L.T. qu’en vannetais. L’œuvre la plus complète et la plus décisive dans ce domaine est accomplie par François Vallée. De nombreuses publications, où collaborent toutes les personnalités de l’Emsav, étudient, tant en breton qu’en français, les questions historiques, culturelles, économiques, propres à la Bretagne, et y défendent les idéaux de l’Emsav.

Citons Feiz ha Breiz (J.-M. Per- rot), Dihunamb (Loeiz Herrieu). Kroaz ar Vretoned (F. Vallée) Ar Vro et Ar Bobl (Taldir-Jaffrenou). Le Clocher Breton (A. Degoul), Le Pays Breton (A. Mellac), publi cations auxquelles il faut ajouter les revues historiques pré- cédemment citées.

Mention doit être faite également des nombreuses études de tout ordre, éparses dans les publications de l’Associa- tion Bretonne, de l’U. R. B., de la F. R. B., etc…, ainsi que de nombreux ouvrages historiques, dont le plus important est la monumentale Histoire de Bretagne de A. de la Borderie. Enfin, deux revues remarquables, d’inspiration nettement nationaliste, voient le jour en 1912: Brug, dirigée par le socialiste E. Masson: Brittia, par Y. Le Diberder.

Malheureusement, la mobilisation générale en 1914 suspend toute l’activité de l’Emsav et provoque la disparition définitive ou temporaire de la quasi-totalité de ses publications. En moins d’un quart de siècle (1890-1914) la combativité de l’Emsav s’est affirmée. Il s’est révélé capable de grouper et d’unir, dans le seul but de la défense de la Bretagne, de sa personnalité, de sa langue et de sa culture, des représentants de toutes les tendances politiques et religieuses et de toutes les classes sociales de Bretagne.

4. (1918-1939) LE MOUVEMENT BRETON DE TENDANCE POLITIQUE ENTRE LES DEUX GUERRES

4.1. LES EFFORTS DU REGIONALISME.

4.1.1. Initiatives du régionalisme

A l’issue de la guerre le mouvement régionaliste breton essaie d’obtenir du gouvernement central la reconnaissance de la personnalité de la Bretagne et les droits de sa langue.

La guerre avait coûté cher à la Bretagne. L’endurance et l’allant des troupes bretonnes les font utiliser par le commandement aux points les plus exposés : la Bretagne perd un tué sur quatorze habitants, le double de la moyenne française. L’Emsav déplore de nombreuses pertes dont celles de J.-P. Calloc’h, le plus grand des poètes de langue bretonne, et de l’instituteur Jos Le Bras, deux des meilleurs activistes bretons.

Les militants bretons mobilisés combattirent avec un courage qui força l’admiration, mais la censure ne put empêcher Taldir-Jaffrennou et François Vallée de défendre la cause de la révolte irlandaise de Pâques 1916 contre les Anglais, révolte dont l’inspiration et les chefs étaient traînés dans la boue par l’ensemble de la presse française. Le journal de François Vallée, « Kroaz ar Vretoned », dut à cette protestation d’être suspendu par les autorités. À la fin de la guerre, dite « du droit», menée officiellement en faveur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, certains Bretons, faisant suite à l’ultime pensée de J.-P. Calloc’h, espéraient que la Bretagne pourrait bénéficier de ces principes et tirer ainsi les fruits d’une victoire qu’elle avait puissamment contribué à remporter.

Régis de l’Estourbeillon

Au début de 1919, R. de l’Estourbeillon, président de l’U. R. B., secondé par le commandant Jacob et appuyé par les signatures de huit cents personnalités bretonnes de premier plan, remet aux délégués à la Conférence de la Paix et aux membres de la Commission pour la S. D. N. une « Pétition pour le droit des langues et la liberté des Peuples ». Cette pétition demande pour la Bretagne la reconnaissance de ses libertés culturelles et administratives, « car la Bretagne forme véritablement dans la communauté française une nation et un peuple distincts ».

La question de la réforme administrative ayant été agitée au lendemain de la guerre au Parlement et au Gouvernement, dont les projets menaçaient de morceler la Bretagne, un vaste Congrès est organisé à Rennes par M. Bigot. directeur de « L’Hermine» (1920). Ce Congrès demande le respect absolu de l’intégrité de la Bretagne dans la création des Régions projetées. Ses résolutions sont appuyées par une vaste campagne qui réunit 300.000 signatures et 124 sociétés et associations bretonnes diverses.

Mais, dans ses demandes, l’Emsav verra une fois de plus ses espoirs déçus.

4.1.2. Insuccès de ces tentatives

Les projets de réforme administrative et de régionalisme agités après la guerre sont une fois de plus enterrés. La centralisation politique, administrative et intellectuelle continue de s’accroître, favorisée par l’apparition de nou- veaux progrès techniques. L’intervention croissante de l’Etat dans le domaine économique, social et fiscal la rend encore plus pesante et restreint les libertés collectives et individuelles. Les intérêts économiques de la Bretagne, différents de ceux du reste de la France, sont sacrifiés à ceux d’autres régions.

Le malaise s’accroît à partir de 1932. N’ayant pu obtenir la moindre satisfaction, le Mouvement régionaliste piétine. Du moins continue-t-il toujours sa propagande. Son programme reste toujours la constitution de la Bretagne en région distincte, dotée de libertés admi- nistratives, financières et culturelles. Les congrès annuels des grandes associations régionalistes: U. R. B. (R. de l’Estourbeillon), F.R.B. (Jean Choleau), Gorsedd (Taldir- Jaffrennou). Bleun-Brug (Abbé J.-M. Perrot), continuent à essayer de populariser les aspirations bretonnes, de dé- fendre la langue et la culture. Ses publications font de même: Feiz ha Breiz (J.-M. Perrot), Buhez Breiz (P. Mocaer). Breiz (Y. Le Moal – Dirnador), Le Réveil Bre- ton (Jean Choleau). L’Union Agricole (L. Le Berre), etc…

4.1.3. L’essai du Bleun-Brug

Il apparaissait que des nouvelles méthodes étaient nécessaires si on voulait sortir le Mouvement breton de sa stagnation.

Dès 1919, l’administration française avait entrepris, par l’intermédiaire de l’école, la « francisation » de l’Alsace- Lorraine recouvrée par la France en 1918. A la suite des tentatives du gouvernement du « Bloc des Gauches » en 1924 d’étendre l’application des lois laïques aux provinces recouvrées, un puissant mouvement de protestation religieuse imprime au Mouvement autonomiste alsacien une forte impulsion populaire. Ces événements sont suivis avec attention par l’Emsav, et surtout par les catholiques groupés dans le Bleun-Brug, dont les préoccupations, à la fois bretonnes et catholiques, sont semblables à celles des Alsaciens.

Sous l’influence d’Yves Le Moal (Dirnador) d’abord, et surtout de l’abbé Madec ensuite, ce dernier ancien militant du Sillon, orateur de grande classe et secrétaire général du B. B. de 1926 à 1928, le Bleun-Brug essaie de lancer un mouvement breton démocrate et chrétien à base populaire sur le modèle du mouvement alsacien. En 1925, le Bleun-Brug se transforme en une « Société d’Education Nationale Bretonne » dont le but est de « promouvoir l’idéal breton dans le triple domaine intellectuel, politique et économique… de contribuer à rendre à la Bretagne le plein exercice de sa foi traditionnelle ». Il est également précisé que des délégués des mouvements alsaciens et flamands, ainsi que des représentants de toutes les associations bretonnes, assistent au Congrès de Morlaix en été 1927, où l’on discute la coordination des efforts pour la conquête des libertés provinciales et de l’enseignement bilingue. A l’issue du Congrès une « Déclaration » est adoptée avec enthousiasme. Elle s’inspire de la doctrine fédéraliste et demande notamment un parlement et un pouvoir exécutif bretons, et un budget autonome pour la Bretagne. Pour promouvoir le programme adopté, l’abbé Madec dote le B. B. d’un journal de propagande en français : « La Patrie Bretonne ».

Les autorités ecclésiastiques de Quimper cependant condamnent cette tendance à la « politisation » du Bleun-Brug et imposent au B. B., fin 1927, de se cantonner strictement dans le seul domaine catholique et culturel. L’abbé Madec et les représentants du B. B. de Haute-Bretagne (D’ Regnault) sont amenés à démissionner. L’abbé Perrot, qui continuera à animer le Bleun-Brug et sa revue jusqu’à sa mort en 1943, saura du moins conserver à tous deux un caractère purement breton, s’attachant particulièrement à la défense de la langue. À ses côtés, la présidence « laïque » avait victorieusement mené contre les méthodes du Bleun-Brug entre les deux guerres fut successivement exercée par L. Dujardin, Yves Le Moal, J. Cornic, R. Delaporte.

En 1928, l’abbé Madec fonde « Adsao », pour reprendre – avec l’aide de laïques : P. Mocaer, A. Pellé, A. Bergot. E. Le Corre – le programme de démocratie chrétienne et bretonne qu’il avait voulu réaliser avec le Bleun-Brug. Le mouvement adhère à l’U. R. B. et se place sur le terrain régionaliste. Adsao publie une revue du même nom et organise des réunions publiques imposantes dans le Léon. Mais le nouveau mouvement sombrera du fait de l’incompréhension qu’il rencontre dans le Parti Démocrate Populaire traditionnel, ancêtre du M. R. P., et surtout du fait de la santé chancelante de son fondateur, qui meurt en 1936.

4.2. L’ACTION DU NATIONALISME BRETON

4.2.1. Les débuts du mouvement nationaliste

Une nouvelle génération cependant était entrée, à la fin de la guerre, dans le combat breton. Avant même la fin du conflit, H. Prado, M. Marchal et J. de Roincé fondent un nouveau mouvement qui ne va pas tarder à durcir sa position à mesure que se précise l’impuissance du régionalisme à conquérir, pour la Bretagne, le statut d’autonomie régionale, base de ses revendications. Marchal et Mordrel fondent, pour appuyer l’action du journal, l’« Unvaniez Yaouankiz Breiz» (Union de la jeunesse de Bretagne), groupement qui se déclare « nationaliste ». Ses dirigeants sont fortement influencés par l’exemple irlandais et celui des autres petits peuples qui ont réussi à la suite de la guerre à conquérir leur indépendance ou leurs libertés nationales.

4.2.2. Le Parti Autonomiste Breton

La montée de l’autonomisme alsacien, qui reprenait, contre les méthodes et le centralisme français, le combat qu’il avait victorieusement mené contre les méthodes et l’impérialisme allemand quelques années auparavant, influe sur l’évolution de « Breiz Atao » et de l’ U. Y. B., et renforce l’ardeur de ses militants. Au mois d’août 1927, époque où se tenait le Congrès du Bleun-Brug de Morlaix, I’U.Y.V. se transforme en « Strollad Emrenerien Vreiz ». ou Parti Autonomiste Breton (P. A. B.). Le nouveau parti, qui tient son premier Congrès à Rosporden le mois suivant, a pour animateurs principaux : F. Debauvais, O. Mordrel, Y. Bricler, M. Duhamel, M. Marchal. Convaincus que le problème breton n’était que l’application à la Bretagne du problème général des nationalités et minorités et qu’il ne pouvait s’isoler dans le temps et l’espace, les dirigeants autonomistes alsaciens, bretons, corses et flamands, se réunissent à Quimper, en septembre 1927. Ils fondent le Comité Central des Minorités Nationales de France, dont la doctrine est basée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et sur le fédéralisme international.

Congressistes du P.A.B., Rosporden, 1927

La solidarité « interminoritaire » s’affirme par l’envoi d’un avocat breton, membre du P. A. B. (M Feillet), pour la défense des autonomistes alsaciens incarcérés et traduits en jugement à Colmar. Ce geste, qui affirme la solidarité du P. A. B. avec les organisations alsaciennes poursuivies, déclenche contre lui une série d’actions policières.

Le 2ème Congrès du P. A. B., qui se réunit à Châteaulin en août 1928, permet au nouveau mouvement d’affirmer sa politique interminoritaire et de préciser sa position doctrinale. À ce Congrès sont représentés les partis autonomistes ou nationalistes irlandais, gallois, alsacien, flamand et corse. Dans une « Déclaration » politique, le P. A. B. s’affirme « fédéraliste » et revendique pour la Bretagne « une autonomie politique et administrative » dont l’organe représentatif sera un Parlement Breton ». Il ajoute que « l’autonomie ne s’oppose nullement aux intérêts de l’Etat Français et que ce programme peut être réalisé dans le cadre de la France ». Dans son livre, qui est désormais devenu un classique pour tout militant breton, intitulé « La question bretonne dans son cadre européen », M. Duhamel précise la position politique du P. A. B., dont la doctrine fédéraliste l’amène à réclamer à la fois l’application du « fédéralisme interne » à l’usage français, et du « fédéralisme international » sur le plan européen.

Le P. A. B. fait un gros effort d’organisation sous l’énergique impulsion de F. Debauvais et draine peu éléments les plus actifs des organisations régionalistes. « Breiz Atao » devient bimensuel en 1928 et hebdomadaire en 1929, un peu avant le Congrès de Rennes de la même année. Un emprunt est lancé pour l’achat d’une imprimerie. Mais il en résulte de lourdes charges financières aggravées par les frais d’une campagne électorale en 1930 (candidats: G. Mazéas, R. Arot). Dans le même temps les tracasseries policières continuent et mettent de nombreux obstacles à la vente et à la diffusion du journal. La crise financière, qui contraint le journal à cesser de paraitre, se double d’une crise politique à la suite de la démission de M. Duhamel.

En 1930, il se retire du P. A. B. avec les éléments fédéralistes et « gauchissants > (M. Mar- chal. A. Gefflot, R. Creston, F. Eliès…) qui essaient, sans succès durable, de fonder un nouveau journal « La Bretagne Fédérale ». « Breiz Atao » devient une petite revue mensuelle. Mais les éléments les plus décidés qui l’entourent (O. Mordrel, F. Debauvais, Y. Bricler, M. Guieyesse, C. Lainé…) ne vont pas tarder à durcir leur position et à abandonner le fédéralisme pour le nationalisme intégral. Ils fondent le Parti National Breton (P. N. B.) en 1932.

4.2.3. Le Parti National Breton

Toutes les Associations bretonnes sans exception, des régionalistes les plus modérés aux nationalistes les plus avancés, protestent, en 1932, contre la tenue des fêtes qui doivent avoir lieu à Vannes, le 7 août 1932, sous la présidence d’Édouard Herriot, Président du Conseil, pour célébrer le quatrième centenaire de la réunion de la Bretagne à la France. À l’aube du 7 août, des inconnus, qui se font réclament de l’Association secrète « Gwenn ha Du », sauter à Rennes le monument symbolisant l’Union. Cet événement donne un coup de fouet à la propagande du P.N.B., qui en profite pour faire repartir avec succès Breiz Atao, bimensuel. Il a aussi une répercussion internationale et attire l’attention du monde entier sur les revendications du mouvement breton.

En novembre 1932, Gwenn ha Du récidive en coupant la voie ferrée à Ingrandes, limite de la Bretagne, retardant considérable- ment le train du président Herriot qui se rendait à Nantes inaugurer une plaque pour rappeler le quatrième centenaire de l’Union. Les nombreuses perquisitions et enquêtes poli- cières restent sans résultat. Le P.N.B. déclare n’avoir rien de commun avec Gwenn ha Du.

O. Mordrel, tant dans « Breiz Atao » que dans « Stur », revue fondée dans ce but, élabore la doctrine et la philosophie politique du mouvement nationaliste. Peu à peu le P.N.B., malgré la réticence de certains éléments catholiques dont les frères Delaporte, s’oriente vers le nationalisme intégral et le séparatisme, déclarant n’attendre plus rien de la France, incapable de se renouveler.

Olier Mordrel

La position du P.N.B. se durcit d’ailleurs à mesure que la répression contre lui se fait plus sévère. En 1938, le gouvernement Daladier prend un décret-loi spécial pour réprimer les menées autonomistes (le même qui servira en Algérie !). Des condamnations à la prison sont prononcées contre certains militants. En novembre 1938, O. Mordrel et F. Debauvais sont condamnés à un an de prison, le premier avec sursis. Gwenn ha Du répond en faisant sauter à Pontivy le monument de la Fédération. Alors que Debauvais sort de prison en juillet 1939, Breiz Atao est définitivement interdit. En août, la police saisit le yatch Gwalarn, arrête son propriétaire l’avocat Le Helloco et les militants bretons qui l’accompagnaient, sous l’accusation de transport d’armes et de diffusion de tracts contre la guerre qui vient. A la veille de la mobilisation générale, O. Mordrel et F. Debauvais disparaissent pour éviter d’être arrêtés et essayer, à l’occasion du conflit, de jouer la carte bretonne sur le plan international.

4.3 AUTRES TENTATIVES DE REGROUPEMENT

4.3.1. Sur le plan « interne »

Par l’action qu’il avait menée au cours des années précédant la guerre, le P.N.B. avait pris une position de pointe par rapport à l’ensemble de l’Emsav. Beaucoup de militants cependant sentaient la nécessité d’unir toutes les forces bretonnes autour d’un programme minimum et modéré. A la veille des élections de 1936, un « Comité de Front Breton se crée pour demander aux candidats de former à la Chambre, sans distinction de partis, un Groupe de Députés Bretons, dont la tâche serait de défendre plus efficacement les intérêts bretons, de réclamer la création d’une Région Bretonne et l’enseignement de la langue bretonne à tous les degrés de l’enseignement. 41 candidats, dont 15 sont élus, approuvent ce programme. Un Comité de Défense des Producteurs Bretons, préfiguration du C. E. L. I. B., comprenant des députés bretons de tous partis, se crée au Parlement. Pour appuyer ces efforts et veiller à ce qu’ils soient soutenus, toutes les Associations bretonnes sans exception, depuis la Fédération des Sociétés Bretonnes de Paris jusqu’au P.N.B., en passant par l’Académie Bretonne, l’U.R.B. et le Bleun-Brug, déléguent un des leurs pour les représenter à Paris à un Comité extra-parlementaire de Front Breton (secrétaire Y. Fouéré).

4.3.2. Sur le plan international

Beaucoup de militants pensaient aussi que le développement du droit et des institutions internationales, en abaissant progressivement les frontières et en limitant la souveraineté absolue des grands États européeens, devaient bénéficier à la Bretagne. A leurs efforts vont se joindre des militants de toutes les Associations bretonnes. « La Bretagne, avait dit le Professeur Le Fur, éminent spécialiste de droit international, au Congrès du Bleun-Brug de Plougastel, en 1936, possède toutes les caractéristiques d’une minorité nationale. » Comme telle ses droits à un traitement particulier et à une législation particulière devraient être reconnus et garantis par l’État dont elle fait partie.

S’efforçant à la fois de poursuivre l’œuvre du Comité des Minorités Nationales de France de 1927 et d’étendre plus largement ce combat à toutes les minorités nationales et culturelles d’Europe Occidentale non « reconnues » internationalement, la revue « Peuples et Frontières », successivement dirigée par Y. Delaporte et Yann Fouéré, se crée en 1936. Des représentants de toutes les minorités d’Europe Occidentales des Iles Féroé et de l’Écosse à la Catalogne, en passant par le Pays de Galles, la Frise, la Flandre, l’Alsace, la Bretagne, le Pays Basque, la Provence et de la Corse y collaborent régulièrement. La défense par la guerre du mythe de « l’Une et Indivisible », menacé qui vient, incite toutefois le gouvernement français à interdire « Peuples et Frontières » en juillet 1939.

Yann Fouéré

La répression policière d’une part, la mobilisation de l’autre. mettent fin à l’activité apparente de l’Emsav, en septembre 1939. Pendant les vingt années qui séparent les deux guerres, l’Emsav de tendance « politique » s’est élargi et diversifié. Il comprend désormais des modérés (régionalistes et fédéralistes) et des avancés (nationalistes). Ses militants posent à présent la question bretonne en termes européens, sinon mondiaux. Pour bon nombre d’entre eux le problème breton a cessé d’être un simple problème intérieur français. Les élites du monde entier savent désormais qu’il existe une question bretonne.

5. LE MOUVEMENT CULTUREL ENTRE LES DEUX GUERRES

L’action du mouvement culturel entre les deux guerres va se concentrer autour de la défense de la langue bretonne et la revendication de son enseignement dans les écoles. Dans ce domaine, comme dans le domaine politique et administratif. les conceptions unitaires et « assimilatrices » de l’État et de l’administration française vont s’opposer à celles des Bretons qui réclament pour leur langue et leur culture les droits élémentaires reconnus à tous les peuples civilisés.

5.1 PREMIERES DÉMARCHES ET PREMIERS ÉCHECS

5.1.1. Sans se décourager par la fin de non recevoir qui avait accueilli la « Pétition pour le droit des langues et la liberté des Peuples », présentée par R. de l’Estourbeillon à la Conférence de la Paix, personnalités bretonnes et militants bretons recommencent leurs démarches en faveur de l’enseignement du breton dans les écoles.

En 1919, Bouilloux-Lafont, député du Finistère, rassemble et présente au Ministre de l’Instruction Publique une pétition signée par les élèves des Lycées de Quimper. Les cinq conseils généraux de Bretagne adoptent, en 1933, un vœu présenté par la F. R. B. et la Confédération des Sociétés d’Action Bretonne demandant l’introduction du breton dans l’enseignement.

Les députés Inizan en 1921, Balanant en 1922, Tremintin en 1924, demandent, à la Tribune de la Chambre, qu’il soit fait droit aux demandes de la Bretagne de voir sa langue enseignée.

Le Congrès Interceltique de Quimper, en 1924, organisé par R. de l’Estourbeillon et P. Mocaer, avec le concours de I’U. R. B., de l’Association Bretonne, du Gorsedd, de la Chambre de Commerce et la Municipalité de Quimper, est l’occasion pour l’opinion bretonne de renouveler ces demandes en évoquant par comparaison le sort des autres langues celtiques – gaélique et gallois – enseignées dans toutes les écoles primaires et secondaires des pays où elles sont parlées.

5.1.2. Face à ces demandes bretonnes, l’attitude hostile et anti-libérale du gouvernement et de l’administration française se confirme: A. Rio et Yves Le Trocquer, ministres bretons du gouvernement Poincaré entre 1920 et 1924, se font rappeler à l’ordre par le Président du Conseil pour avoir utilisé le breton dans certains de leurs discours officiels en Bretagne.

Le 20 décembre 1924, François Albert, Ministre de l’Instruction Publique, précise dans une circulaire que l’usage des « idiomes locaux » est à prescrire dans les écoles, même pour faciliter l’enseignement du français.

A. de Monzie, successeur de François Albert, renouvelle, dans une autre circulaire, l’interdit contre la langue bretonne dont l’usage doit être strictement proscrit dans l’enceinte des écoles. Inaugurant le Pavillon de la Bretagne à l’Exposition des Arts Décoratifs en Juillet 1925, il y prononce la phrase célèbre qui résume l’attitude du gouvernement et de l’administration : « Pour l’unité linguistique de la France, la langue bretonne doit disparaître ».

Dès la fin de 1925, les Conseils Généraux du Finistère, des Côtes-du-Nord et du Morbihan protestent contre la circulaire de Monzie. En 1926, I’U. R. B. proteste auprès du Président Poincaré au moment des affaires alsaciennes. Cette même année, les députés Inizan et Trémintin renouvellent sans succès leurs protestations devant la Chambre.

 5.2. LA DÉFENSE DU BASTION

Proscrite de l’école, combattue par l’administration, battue en brèche par le service militaire et l’envahissement de la presse et de la radio en français, la langue bretonne, si elle perdait lentement du terrain dans la population, ne voulait cependant pas disparaître. Des élites nouvelles se lèvent pour la défendre, en faire une langue évoluée et un instrument moderne de culture.

5.2.1. Une langue nationale

Les élites bretonnes démontrent que la langue bretonne n’est pas un quelconque « patois ». Les trois vaillantes publications qui ne cesseront de paraître pendant toute cette période l’hebdomadaire d’Yves Le Moal (Breiz) et la revue de l’abbé Perrot (Feiz ha Breiz). toutes deux publiées en K. L. T., la revue de Loeiz Herrieu (Dihunamb) publiée en vannetais s’efforcent de maintenir dans le peuple la lecture du breton populaire. D’autres publications, parmi lesquelles toutes celles de l’Emsav et de nombreux Bulletins paroissiaux, les imitent.

C’est en 1925, l’année de de Monzie, que paraît le premier numéro de Gwalarn, revue littéraire rédigée exclusivement en breton et animée par Roparz Hemon. Son ambition est de doter la Bretagne d’une langue littéraire capable d’exprimer toutes les nuances de la pensée et de la technique moderne. « Pour ce faire, dit son « premier et dernier Manifeste en français », fermant la porte aux patois, elle adoptera une langue de forme classique et une orthographe rigoureusement unifiée… Il s’agit de savoir s’il existe en Bretagne un public assez instruit du breton pour pouvoir comprendre la langue littéraire, aussi distante de la langue du paysan breton que la langue d’Anatole France l’est de celle du paysan français.

Gwalarn, qui paraîtra sans interruption jusqu’en 1939, poursuit ainsi l’œuvre de Le Gonidec. E. Ernault, F. Vallée, Meven Mordiern… et contribue à épurer et à enrichir la langue bretonne. Elle la dote d’une littérature d’expression moderne et d’ouvrages appartenant à toutes les disciplines intellectuelles, des mathématiques à la philosophie et à la poésie, en passant par des ouvrages littéraires et des traductions d’oeuvres classiques et étrangères.

5.2.2. Littérature et poésie

La grande majorité de la production littéraire bretonne entre les deux guerres, à part celle de F. Le Lay et de Tanguy Malmanche dont les œuvres principales sont publiées ou rédigées avant 1925, se rattachent de près ou de loin à l’école de Gwalarn. Des nouvelles, des romans et des contes (J. Riou, Y. Drezen, R. Hemon, Abeozen, K. Kongar, Y. Berthou…), des essais et souvenirs de voyage R. Hemon, F. Vallée…), des pièces de théâtre (T. Mal- manche, R. Hemon…), des recueils de poésie (X. de Langlais, F. Meaven, R. Hemon, L. Ar Floch…). des ouvrages historiques (M. Mordiern…). une géométrie (L. Kerjean), de nombreuses traductions du gallois, de l’irlan- dais et d’auteurs anciens et modernes sont publiés par Gwalarn ou sous son égide.

Loeiz Herrieu poursuit pour le dialecte vannetais une action littéraire de grand mérite. Autour de Dihunamb se grou- pent d’excellents écrivains : Y. Le Diberder, R. Le Masson, Le Bayon… Les émigrés bretons de la Région parisienne, d’autre part, créent, dans les années 30, une autre revue littéraire, SAV. proche du breton populaire, mais rédigée dans la langue et l’orthographe de Gwalarn.

En même temps que ce mouvement de renaissance litté- raire, un gros effort est fait pour multiplier l’édition d’ou- vrages de grammaire et de linguistique, de méthodes de breton, etc…, afin de faciliter l’étude et l’enseignement de la langue: grammaires, exercices, dictionnaires, lexiques breton-français et français-breton de R. Hemon; « Grand Dictionnaire français-breton » de François Vallée ; « Grammaire galloise » d’Abezoen, etc…

5.2.3. La propagande pour la langue

Persuadée de l’importance capitale de la diffusion du livre breton parmi les enfants, Gwalarn fait un effort particulier pour publier en un breton simple, mais correct et pur, des contes et récits à la portée des enfants d’âge scolaire. Une œuvre spéciale, celle de Brezoneg ar Vugale, est créée pour la diffusion dans les écoles de ces livres d’enfants. Le Brezoneg eeun ou « Breton simple », de Roparz Hemon, et la publication d’une grammaire élémentaire répondent à la même préoccupation.

Animé des mêmes soucis, le Bleun Brug dote sa revue, en 1933, d’un supplément pour enfants: Feiz ha Breiz ar Vugale, dirigé par les frères Caouissin. Les Congrès du Bleun Brug sont l’occasion de concours de récitation en breton par les enfants des écoles.

Des troupes de chanteurs et d’acteurs populaires, donnant des séances de chant, de déclamation et des représentations théâtrales en breton, des chorales paroissiales, fonctionnent sous l’égide de Dihunamb et du Bleun Brug. Les premiers cercles celtiques se créent ainsi que la K. A. V. (Confédé- ration des Sonneurs de Biniou).

Deux ans avant la seconde guerre mondiale, des efforts sont tentés sous l’égide d’ Ar Brezoneg er Skol pour réaliser l’unification orthographique totale entre le vannetais et le K. L. T., afin de créer une langue littéraire unique et faciliter ainsi un enseignement généralisé du breton dans toutes les écoles de Bretagne. Ces efforts échouent en raison de l’opposition de certains défenseurs du K. L. T., notamment de Meven Mordiern, R. Hemon et F. Vallée. Les tenants de l’unification orthographique n’en continuent pas moins leurs efforts qui aboutiront quelques années plus tard, en 1941.

5.3 LES DÉFENSEURS DU BRETON PRENNENT L’OFFENSIVE

Face à tous ces efforts, l’attitude obscurantiste du gouvernement français, qui persistait à proscrire la langue bretonne des programmes d’enseignement et des examens, devenait chaque jour plus anachronique et l’injustice de cette position plus criante. Entre 1930 et 1939 la lutte des Bretons va s’intensifier pour faire aboutir les revendications culturelles de la Bretagne et obtenir des résultats pratiques dans l’enseignement de la langue.

5.3.1 Ar Brezoneg er Skol» fait la preuve de la volonté populaire

Créée en 1934 par un groupe d’étudiants bretons (Yann Fouéré, R. Audic, J. Marzin, Y. Briand…). Ar Brezoneg er Skol, Union pour l’enseignement du breton, décide de reprendre une tentative isolée du Dr Le Cam auprès du Conseil Municipal de Guerlesquin, et d’organiser parmi tous les Conseils Municipaux de Bretagne une campagne de vœux en faveur de l’enseignement de la langue bretonne dans les écoles. Le vœu proposé aux Conseils Municipaux demande que la langue bretonne « soit enseignée officiellement en même temps que le français dans toutes les écoles publiques de Basse-Bretagne » et réclame « son entrée officielle dans l’enseignement secondaire à titre de seconde langue facultative valable pour l’obtention des titres et diplômes ».

Le succès de la campagne d’ Ar Brezoneg er Skol est immédiat. En trois ans et demi d’une campagne énergique et persistante, renouvelée deux fois par an auprès de tous les Conseils Municipaux, 346 communes, dont 300 appartenant à la Basse-Bretagne et représentant plus de la moitié de la population de cette dernière, avaient adopté le vœu présenté par Ar Brezoneg er Skol. Ce même vœu avait été adopté à l’unanimité par les trois Conseils Généraux de Basse-Bretagne, les Sociétés savantes de Bretagne, toutes les Sociétés d’action bretonne et de nombreuses associa- tions bretonnes de France et de l’étranger. Il était soutenu par les députés bretons de tous les partis, qui participaient côte à côte, sur la même tribune, auprès des défenseurs d’ Ar Brezoneg er Skol, aux réunions publiques organisées par cette dernière en faveur de l’enseignement du breton. Le Comité de Front Breton (Secrétaire Yann Fouéré), émanation de toutes les Sociétés bretonnes et qui avait fait siennes les revendications d’ Ar Brezoneg er Skol, demande, entre autres, dans le programme qu’il propose aux candidats aux élections de 1936, l’enseignement à tous les degrés de la langue bretonne et sa reconnaissance aux examens.

Au mois de juin 1937, une délégation du Comité de Front Breton demande au Ministre de l’Education Nationale à Paris, l’application immédiate des mesures pratiques suivantes : la levée de l’interdiction de l’emploi du breton dans les classes et à l’école ; la possibilité d’ouvrir des cours facultatifs de breton en dehors des heures de classe et pendant les loisirs  dirigés ; enseignement obligatoire du breton dans les écoles normales primaires des trois départements bretonnants; reconnaissance du breton comme deuxième langue facultative au baccalauréat.

La même démarche est renouvelée en 1938 par les députés Desgranges et Le Bail et les dirigeants d’ Ar Brezoneg er Skol.

Le 30 juin 1937, impressionnée par l’ensemble des volontés qui se manifestait et par l’adhésion massive des Conseils Municipaux de Bretagne, la Commission de l’Enseignement de la Chambre des Députés adopte, à l’unanimité, le rapport du Chanoine Desgranges sur une Proposition de loi Trémintin et invite le gouvernement à « à mettre en application de manière progressive l’enseignement de la langue bretonne parallèlement à celui de la langue française dans les écoles primaires, les écoles primaires supérieures, les lycées et collèges du Finistère et de la région bretonnante des Côtes-du-Nord et du Morbihan, ainsi que dans les écoles normales primaires de ces trois départements ». Le nombre des Conseils Municipaux apportant leur adhésion aux revendications d’Ar Brezoneg er Skol ne cessera de s’accroître dans les années suivantes : il dépassera le cap des 500 à la fin de 1939.

5.3.2. Quelques résultats pratiques

Dans le domaine légal, malgré la volonté nettement exprimée des Bretons, le gouvernement français n’avait pratiquement fait aucune concession en 1939. La seule mesure concédée à l’opinion bretonne était l’autorisation d’ouvrir des cours facultatifs de breton et au cours des loisirs dirigés dans les écoles primaires en dehors des heures de classe, comme il avait été autorisé pour l’espéranto. Ar Brezoneg er Skol s’organise immédiatement pour tirer néanmoins parti de cette concession. Abel Omnès ouvre le premier cours de breton, en 1938, à l’école de Plougrescant. D’autres s’organisent grâce à l’aide et à l’action d’ Ar Falz. Ar Falz, Bulletin mensuel des Instituteurs laïques partisans de l’enseignement du breton, créé en 1933 par l’instituteur Yann Sohier, continué par J. Kerlann et A. Keravel après la mort de Sohier en 1935, s’était donné pour objectif de convaincre les milieux de l’école publique laïque traditionnellement hostiles à l’enseignement de la langue. D’une orientation sociale nettement située à gauche. Ar Falz revendique le breton comme langue usuelle de l’enseigne- ment dans les écoles de Basse-Bretagne. le français y restant langue auxiliaire. Ar Falz publie des textes scolai- res, des leçons d’histoire, de géographie, d’arithmétique… en breton et organise des concours de breton entre élèves des écoles publiques. Il apporte en même temps son con- cours à la propagande pour les droits de la langue et prépare l’édition de livres et manuels scolaires pour les écoles laïques.

Entraînée par l’évolution des idées, l’école libre décide d’entr’ouvrir officiellement la porte à la langue bretonne. Des instructions de 1930, renouvelées en 1935, de l’évêché de Quimper, imitées par les évêchés de Vannes et Saint- Brieuc, prescrivent dans les écoles de ces diocèses l’organisation de cours consacrés à l’enseignement de la langue, de l’histoire et de la géographie de la Bretagne. L’association Breuriez ar Brezoneg er Skoliou, créée en 1933 et dirigée par R. Delaporte, s’organise pour essayer de faire généraliser l’application de ces instructions, fournir aux maîtres et aux élèves les livres d’enseignement nécessaires, organiser entre les écoles libres des concours et examens de breton, dotés de prix, pour les maîtres et les élèves. De son côté, le Comité des Classiques bretons publie des livres d’enseignement du breton pour les écoles libres, dont la méthode « Le Français par le Breton » de l’abbé Le Bozec. Un effort est également fait durant cette période pour l’organisation de cours d’adultes par les cercles celtiques et associations culturelles. L’Association Ar Simbol, créée par Gwalarn, réserve le port d’un insigne spécial aux personnes ayant subi avec succès des épreuves écrites et orales de breton. Les premiers cours par correspondance s’organisent et vont accomplir un progrès décisif à la suite de la créa- tion, en 1933, de Ober, dirigée par Marc’harid Gourlaouenn et K. Kongar. Un travail similaire est fait dans le vannetais par la Brediah Brehoneg Biu.

La deuxième guerre mondiale n’arrêtera tous ces efforts que pendant quelques mois. Dès l’armistice, la propagande en faveur de la langue bretonne va reprendre. Grâce au désarroi du gouvernement français dont les conceptions traditionnelles avaient chancelé dans la défaite et, de plus, divisé par de profondes querelles intestines, grâce aussi aux efforts accrus des forces bretonnes et à leur regroupement, des résultats concrets seront cette fois obtenus dans le domaine légal au cours de la période 1940-1944.

“La langue bretonne va-t-elle disparaître ?” : Vivre en breton au 21e siècle, une réponse nationale !

“La langue bretonne va-t-elle disparaître?” s’interrogeait le 11 avril le journal français Le Figaro qui cite diverses personnes :

Avec 4000 élèves, le réseau Diwan ambitionne de ne former que… 100 locuteurs par an, selon une récente interview de son président Yann Uguen à Ouest-France. «Il n’y a pas de quoi être optimiste», se désole Rozenn Milin. «Il faudrait des mesures très fortes pour inverser la tendance et je ne les vois pas poindre à l’horizon. Ce qui se fait aujourd’hui, c’est de la poudre aux yeux».

C’est la société civile qui est «devenue indifférente au breton» malgré un «soutien institutionnel très fort», estime Erwan Le Pipec, qui note que les formations d’enseignants bilingues ont du mal à recruter suffisamment de candidats. «C’est paradoxal: c’est une langue qu’on affiche de plus en plus alors qu’on l’entend de moins en moins», résume le chercheur en sociolinguistique, qui prévoit qu’il ne restera que de 50.000 à 60.000 locuteurs en 2040.

«Le breton ne va pas disparaître car il y aura toujours un petit noyau de passionnés», estime-t-il. Mais «on est dans un état où ça n’est ni une langue morte, ni une langue vivante», ajoute-t-il. «Ce n’est pas une langue morte car elle est toujours parlée. Mais ce n’est pas tout à fait une langue vivante non plus parce qu’elle n’est plus transmise de façon spontanée aux enfants.» Selon lui, «l’avenir du breton, c’est d’être une langue symbolique, une langue totem porteuse d’identité»

Les considérations d’Erwan Le Pipec sont révélatrices du prisme français qui prévaut jusque dans l’analyse de la situation de la langue bretonne. Outre l’affirmation selon laquelle il y aurait un soutien institutionnel français “très fort”,   une proposition absurde qui ne résiste pas à la comparaison du modèle gallois, la “société civile” n’a, par définition, aucune volonté.

Lorsque la révolution française a éclaté, la nouvelle élite révolutionnaire hexagonale, portée par une volonté claire, s’est employée immédiatement à détruire la nation bretonne à travers ses institutions séculaires et sa langue pour lui imposer les siennes. À l’époque, la “société civile” bretonne n’était certainement pas favorable à la destruction du breton qu’elle utilisait au quotidien, mais elle n’a pas pour autant réagi. La raison en est simple : elle ne disposait pas d’une élite sociale bretonnante, politiquement consciente et organisée, qui soit en mesure de défendre une alternative. Ce sont les élites révolutionnaires qui font l’histoire, pas les masses passives. 

Durant tout le 19e et le 20e siècles, des Bretons se sont ardemment engagés pour la langue bretonne, mais sans succès de masse. À cette époque, la langue française était déjà devenue le moyen pour les Bretons de se hisser socialement au sein de l’impérialisme français en pleine expansion planétaire. Au 21e siècle, il ne peut y avoir de stratégie de renaissance de la langue bretonne sans analyse des causes historiques de cette francisation, c’est-à-dire sans critique radicale de l’intégration autoritaire de la Bretagne dans l’État français par l’impérialisme français. Or, formuler cette critique radicale implique déjà d’entrer en rupture avec l’État français et sa société.

Emsav Stadel Breizh a correctement analysé la raison pour laquelle ces militants, pourtant courageux, ont en grande partie, mais pas totalement, échoué. En coupant la langue bretonne des conditions historiques objectives dans laquelle se trouvait le peuple breton, et en adoptant un apolitisme inconséquent, ils n’ont pas inscrit leur lutte dans celle, plus large, de celle pour la restauration de l’État breton dont dépend la survie de la langue bretonne. Tant que la langue bretonne est pensée comme “régionale”, c’est-à-dire comme un simple particularisme isolé au sein la société française, elle ne peut pas concurrencer la langue française qui assure déjà la pleine intégration sociale et économique des masses bretonnes. 

C’est bien comme instrument d’émancipation nationale par la rupture avec l’État français et sa société que la langue bretonne trouve sa pertinence historique, ce qui implique automatiquement de l’intégrer dans la volonté plus large de restaurer l’État breton. L’approche actuelle, si elle est louable dans ses efforts matériels pour transmettre la langue bretonne, est conçue par des esprits individualistes et non-conscientisés qui acceptent le principe de l’insertion dans la société française.

Pourquoi cette “société civile” française, à laquelle ils appartiennent, porterait la rupture d’avec l’État qui la crée ? Les jeunes Bretons formés dans les écoles bretonnantes restent immergés dans la société française sitôt sortis de la classe, ce qui empêche le processus de création d’une société et d’un état breton, donc d’une réelle émancipation brittonique.

À ce jour, aucune initiative de reconquête réelle du territoire breton par l’État breton n’a été entreprise, sauf une : Kervrezhon.

C’est à la constitution d’espaces autonomes, de véritables bastions d’avant-garde, sur le modèle de l’action fondatrice de la Bretagne par les clans bretons, que l’Emsav doit s’atteler pour qu’il soit possible, au quotidien, de revivre au sein d’une société bretonne. Cela ne peut se faire qu’en reprenant de manière organisée le contrôle de communes de Bretagne, en les repeuplant activement de bretonnants afin de concentrer plutôt que de disperser les Bretons conscients et relevés qui veulent vivre nationalement dans leur langue. 

À cet égard, grâce Eliezer Ben Yehuda, le mouvement sioniste a trouvé l’articulation entre renaissance de la langue hébraïque, nouvel état et nouvelle société. Ce qui a été fait par l’antique peuple juif peut l’être par l’antique peuple breton. C’est une question de volonté nationale.

Construire l’État breton : un peuple, une volonté (Éditorial)

Construire l’État breton : un peuple, une volonté (Éditorial)

ÉDITORIAL – L’Emsav ne soucie pas prioritairement de la société, mais de l’État. L’État est l’instrument suprême et décisif du politique, le politique est la forme active de la volonté d’une communauté humaine, une communauté humaine procède du sang qui l’unit et dont découle l’esprit national. 

L’homme breton est aujourd’hui un sujet psychologiquement, culturellement et historiquement aliéné, c’est-à-dire étranger à lui-même, empêché d’être pour lui-même et par lui-même, résultat de l’oeuvre d’assimilation coercitive menée par l’État français. La volonté de l’homme breton est réprimée, à dessein, par l’État français qui le réduit à un rouage docile dans sa propre machine. Toute impulsion vers l’État breton est par nature une impulsion révolutionnaire, de renversement de l’ordre établi, vers l’émancipation de l’homme breton comme plein sujet historique, c’est-à-dire comme homme libre d’être ce que son sang, socle de son esprit, lui commande d’être. 

On le voit, la question de l’État breton n’est pas une question administrative, ou de principes démocratiques, comme trop souvent des têtes creuses le répètent, mais une question existentielle : être ou ne pas être ! 

Le nationalisme breton est l’expression consciente et agissante de cette volonté d’être, la volonté commune vers l’État breton, l’affirmation, contre le diktat de l’étranger, que l’essence de l’homme breton est vivante, qu’elle veut et agit. Cette volonté n’est pas seulement réalisée avec l’État (stad), au sens technique du mot, mais dans la lutte (stourm) pour l’État. Bien avant que l’État breton ne soit matériellement constitué, il existe par l’action d’affirmation des nationalistes bretons, avant-garde de la volonté vers l’État. 

Construire l’État breton et le nationalisme breton ne sont qu’une seule et même chose.

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Les errements du média loyaliste Breizh-Info contre le nationalisme breton

Les errements du média loyaliste Breizh-Info contre le nationalisme breton

Lorsque le média régionaliste Breizh-Info, vaguement proche de la mouvance d’Éric Zemmour, publie des articles à propos du nationalisme breton, ceux-ci sont d’ordinaire peu rigoureux, volontiers caricaturaux et, last but not least, hostiles. Nous l’avons déjà évoqué en août dernier. Pour autant, jouant volontiers du confusionnisme, il n’hésite pas à se prévaloir dudit nationalisme breton pour mieux disqualifier tous ceux qui objecteraient légitimement à ses positions régionalistes.

Le dernier texte diffusé par ce média, produit par un certain “Mathurin Le Breton”, s’inscrit dans cette continuité. Adressé aux Corses qui n’avaient rien demandé, un soi-disant “nationaliste breton” commet une tribune enflammée à la gloire d’un nouveau mouvement dénommé “Palatinu”, d’orientation régionaliste, officiellement associé à Éric Zemmour à qui il a prêté allégeance, se focalise sur l’Islam, et affiche fièrement ses sympathies pour les franges de l’extrême-droite religieuse israélienne les plus fanatiques.

Dans cette tribune, on apprend que “la naissance de Palatinu et le discours assumé et abondamment relayé de Nicolas Battini a été pour nous, nationalistes bretons, une bouffée d’air frais !”. Nous, militants du Parti National Breton, seule formation nationaliste bretonne active – car le nationalisme breton n’est pas une littérature, mais un engagement pratique – n’avons pas accordé d’attention particulière à cette association politique étrangère. Tout au plus, lorsqu’a été annoncé sur les réseaux sociaux français son appui au parti d’Éric Zemmour, avons-nous compris qu’il s’agissait d’une association essentiellement liée à l’extrême-droite hexagonale. Partant, là a commencé et s’est arrêté notre intérêt, comme de bien entendu pour des nationalistes bretons en lutte contre l’Occupation.

On apprend ensuite, à en croire la tribune, que cette association régionaliste corse rend “possible d’être nationaliste breton, corse, basque, catalan sans être soit un invraisemblable woke (c’est le cas en Bretagne) soit un nostalgique du nationalisme très à droite de l’entre-deux guerres et sa cohorte de textes et de concepts totalement hors du temps”. On ne voit pas de quel “nationalisme breton woke” il peut bien s’agir, car il n’existe rien de tel. Cette affirmation, récurrente dans les textes d’une grande confusion publiés par Breizh Info sur le nationalisme breton, n’a aucune substance. S’il existait un indépendantisme d’extrême-gauche, il est aujourd’hui cantonné au petit parti marxiste-léniniste “Douar ha Frankiz” qui n’est pas, par définition, nationaliste. Quant aux “nostalgiques du nationalisme très à droite de l’entre-deux guerres”, nous devrons attendre de prendre connaissance de leurs “textes” et “concepts totalement hors du temps” pour juger de quoi il est question.

Puisque le politique consiste à désigner l’ennemi, l’auteur en vient aux faits. “Enfin, quelqu’un dans nos rangs a vu le danger que représentent l’immigration et l’islam. Danger démographique, religieux, politique, terroriste”. Nous ne savons pas de quels “rangs” il est question, mais cela résume à peu près l’impasse permanente du régionalisme, ici dans son versant d’extrême-droite au sens le plus hexagonal du mot. Le “nous” définit tous ceux qui se préoccupe d’islamisme. L’ennui, d’un point de vue national breton, c’est que l’ensemble du spectre politique français dénonce l’islamisme, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, et que cela n’offre aucun axe pratique de nature à aider les Bretons à bâtir leur nécessaire émancipation nationale.

Si l’ennemi (prioritaire) était l’islamisme, voire l’islam ou les musulmans, comme l’affirme le média Breizh Info dans cette tribune, le combat contre l’État français n’aurait plus de pertinence ou d’actualité. Bien au contraire, selon cette logique, il faudrait bâtir une unité contre l’islam et les musulmans, avec tout ce qui peut sembler s’y opposer, surtout au plan hexagonal. C’est certainement ce qu’aimerait entendre de la part des Bretons l’extrême-droite française, viscéralement anti-ethnique et stato-impérialiste : des propos de ralliement inconditionnel. Cette analyse est logique pour le régionalisme, qui, peu importe les époques, a toujours une urgence dans la poche pour légitimer l’alignement de la Bretagne sur la société française. La Bretagne, selon lui, ne peut et ne doit être qu’une subdivision de la société française et réagir à son diapason, moyennant quelques artifices folkloriques.

Le nationalisme breton, qui pense l’histoire en termes politiques, c’est-à-dire étatiques, n’a rien de commun avec les divagations régionalistes, de gauche ou de droite, et récuse avec force cette sommation à l’alignement permanent sur une société étrangère. L’ennemi, pour la nation bretonne, ne peut être que l’État qui prive notre nation de sa liberté en l’empêchant de former son propre état : l’État français. Il n’y a pas de politique sans état et aujourd’hui, en Bretagne, l’État français dispose du pouvoir suprême qui fait l’histoire et dicte leur conduite aux Bretons. Armée, police, justice, impôts, médias, éducation, tout, sans exception, est entre ses mains. Pas entre celles des musulmans ou des islamistes.

Rappelons le point de vue national breton : l’immigration de masse, et l’islamisation culturelle qu’elle porte, n’est que le résultat d’une politique d’état, elle-même rendue possible par l’occupation de la Bretagne par l’État français qui la pense et l’organise. Le nationalisme breton, depuis ses origines, s’est construit en opposition aux principes de la révolution française qui ont construit la nation française moderne. Leur antagonisme est irréductible. La révolution française, avec son stato-impérialisme, a poursuivi dès 1789 une politique de destruction des institutions nationales de la Bretagne, ainsi que l’anéantissement de son identité ethnique. Le nationalisme breton, c’est depuis l’origine la résistance ethnique consciente à ce processus impérialiste. 

Jamais la nation française ne pensera la sortie de la révolution française, toutes les tentatives en ce sens ont échoué car c’est une impossibilité dans les termes. Le régionalisme, rêverie sortie de ce tonneau réformiste, est une contradiction interne du système français hérité de 1789. Les nationalistes bretons, eux, ne confondent pas causes et conséquences historiques : Paris, et son état, est l’ennemi, et la sauvegarde de la nation bretonne est indissociable de la fin de l’occupation française. Cela implique de lutter pour la reformation de l’État breton, préalable à la renaissance ethnique de la Bretagne. 

Cette tribune n’est pas produite par un “nationaliste breton”, mais par un auteur satellisé par l’extrême-droite hexagonale. Il suffit encore de citer : “Et nos alliés dans cette bataille qui s’annonce ne sera sûrement pas la coalition des indigénistes mais… les nationalistes français. Là encore, ça ne nous fait pas plaisir, mais c’est la réalité crue”. Rien de moins ! Patience, Bretons, et nous apprendrons bientôt les vertus de la Marseillaise et de l’occupation française, nouveaux piliers de ce bien étrange “nationalisme breton”.

En consultant Breizh Info, on relève que le discours de Mathurin Le Breton brode sans cesse sur ce thème. Le 25 juillet 2023, on lit : “Nous restons donc des indépendantistes bretons mais nous devrons forcément composer demain avec les forces nationalistes françaises pour sauver notre peuple de la victoire du camp du Grand Remplacement. C’est terrible, mais c’est ainsi. Et c’est la dure voix de la sagesse et du réel sur le romantisme”. Décidément, cet “indépendantisme” qui dénonce l’indépendantisme à longueur de tribune est un bien curieux objet politique, aussi unique que son auteur. 

S’y ajoutent des erreurs grossières de taxonomie, l’Emsav étant confondu avec le “mouvement breton”, ce qui permet d’amalgamer l’UDB, organisation d’extrême-gauche régionaliste qui s’inscrit officiellement dans le cadre du fédéralisme français, avec le “nationalisme breton”, qui, pour l’auteur, n’a visiblement pas d’organisation, de militants, ni de programme. Ainsi apprend-on que “les formations nationalistes auraient un boulevard en demandant la priorité au logement pour les Bretons. Malheureusement, par gauchisme viscéral celles-ci ont réussi à faire de ce boulevard une impasse”.

Mathurin Le Breton gagnerait à regarder sur les murs de Bretagne qui, depuis deux ans, ont vu fleurir nos 20,000 affiches, celles du seul parti nationaliste breton en action aujourd’hui.

Il aurait également pu lire nos exigences immédiates qui affirment :

7 – La création d’un statut de résident encadrant l’accès à la propriété immobilière dans l’un des cinq départements bretons, lequel est possible après une période de 10 ans de résidence continue en Bretagne, à raison de 6 mois et un jour par an sur cette période. Les Bretons nés de parents bretons hors de Bretagne sont exemptés d’un tel permis de résidence.

8 – L’exclusivité bretonne pour l’accès au logement social. Tout logement social neuf ou vacant sera prioritairement réservé aux personnes dont au moins un des deux parents est né en Bretagne de deux parents nés en Bretagne.

9 – La taxation à 50% des revenus des locations saisonnières dans les zones de logement en crise. Son produit sera reversé aux communes bretonnes afin qu’elles développent l’offre de logement locale pour les Bretons exclusivement.

10 – La taxation annuelle des propriétaires de résidences secondaires ne résidant pas en Bretagne à hauteur de 10% de la valeur du bien immobilier concerné. Le produit sera reversé aux communes bretonnes afin qu’elles développent l’offre de logement locale pour les Bretons exclusivement. Les propriétaires de résidence secondaires qui ne résident pas en Bretagne mais qui justifient d’au moins un parent breton ou de deux grands-parents bretons sont exemptés de cette taxe. 

Breizh Info est-il si peu informé de la vie politique bretonne qu’il ne connaisse pas l’action du PNB qui dément en tout ses affirmations, objectivement dénuées de fondement ?

Parlons clairement : les interminables tribunes de ce média contre un nationalisme breton “woke” qui n’existe pas dans lesquelles s’enchaînent les lamentations sur l’absence de formations nationalistes opposées à l’immigration, qui pourtant existent à travers le Parti National Breton, ne relèvent pas de l’erreur d’analyse, mais de la nuisance organisée. Le but est de détourner les Bretons de l’alternative nationale pour les rabattre vers l’extrême-droite française et ses succursales, peu importe lesquelles, ce que ces tribunes à répétition martèlent explicitement, mois après mois. Cela s’appelle le loyalisme français, l’impasse qui a mené la Bretagne à la ruine depuis la révolution française, et nous ne sommes pas dupes. 

La France, ennemie mortelle de l’Europe européenne !

La France, ennemie mortelle de l’Europe européenne !

[PNB] La Bretagne souffre dans bien des domaines d’une absence de pensée nationale, indépendante, résultat logique de l’occupation et de l’administration de notre pays par la puissance coloniale française. Depuis trop longtemps déjà, les Bretons sont réquisitionnés par Paris pour servir ses intérêts, dans différents domaines, après avoir enrégimentés idéologiquement dans les écoles du régime hexagonal. La tâche du Parti National Breton est de répondre à cette grave lacune en soulignant les intérêts fondamentaux de la Bretagne nationale.

Développer une pensée bretonne nationale suppose de penser la Bretagne, ses intérêts et ses rapports avec les autres nations, non seulement en tant que nation libérée de l’influence française, dégagée des slogans ou des fausses évidences que claironne la presse hexagonale, mais aussi de la penser comme étant en lutte pour contre cette influence. 

En France, chacun le sait, le parlement est la chambre d’enregistrement d’un pouvoir monarchique d’apparence présidentielle extrêmement centralisé et sclérosé. Les députés et sénateurs bretons qui y participent ne sont pas tenus de servir le Peuple breton, mais de servir l’Etat français, c’est-à-dire Paris, moyennant titres, protocoles et exposition médiatique. Sans parler des inévitables montages de corruption. Par définition, le troupeau parlementaire breton brille pas son inexistence politique, et, si par extraordinaire il prétend agir, ou même penser, il se borne à répéter les vues qui ont cours au sein de la bourgeoisie parisienne.

Larsonneur, une de ses bouches inutiles du Palais Bourbon, député français de Brest, l’illustre bien. Ces derniers temps, il se pique de guerre, supposément parce que Brest, le kyste français depuis trop longtemps présent en Bretagne, accueille les ruines de l’antique marine française et qu’à ce titre, un député de cette ville est l’homme lige de cette flotte de guerre décatie. Cet homme se consacre à répandre les vues bellicistes des cercles parisiens, sous le vernis de la légitimité électorale que lui aurait conféré la population brestoise. Il est question de soutenir l’Ukraine contre la Russie, mais aussi de soutenir l’implication de la Pologne dans cette guerre pour empêcher que la Russie ne noue un pacte avec l’Allemagne. C’est ce pacte germano-russe que redoute le chien enragé hexagonal en voie d’afro-orientalisation.

 

Il faudrait faire observer à Larsonneur que l’Ukraine recrute et que s’il veut affronter la Russie, un simple billet de train pour Kiev suffirait à assouvir ses pulsions guerrières intimes. Surtout, il faudrait lui faire observer que les Bretons ne veulent pas mourir pour la clique parisienne ou ses hallucinations “stratégiques”, encore moins en Ukraine, dans les Pays Baltes ou “à Varsovie”. Non, de ce côté-là, les Bretons ne veulent plus réitérer le désastreux suivisme de 1870, de 1914 et de 1939. Ils ont vu comment la mère maquerelle française les remerciait pour le sang breton abondamment versé : par les crachats que furent l’interdiction de leur langue, la privation de leurs droits nationaux, l’amputation de leur territoire historique et, aujourd’hui, le repeuplement brutal de leurs terres ancestrales par les sujets exotiques venus de France.

Le PNB le dit clairement : ce ne sont pas les Bretons privés de leur nationalité qui iront mourir pour celle des autres. Paris, à ce sujet, peut faire une croix sur une telle fièvre belliciste en Bretagne. Le PNB ajoute que l’obsession anti-allemande de la classe politique parisienne ne rencontre aucun écho en Bretagne. Bien au contraire, la Bretagne voit dans l’Allemagne le centre de gravité nécessaire de l’Europe continentale qu’une France impérialiste, agressive et destructrice a constamment cherché à provoquer. Il importe, pour la stabilité européenne, que la France soit définitivement empêchée de nuire. 

Allons plus loin. La France, comme état à prétention nationale, est finie. Les émeutes raciales à grande échelle de juillet 2023 l’ont prouvé, sa balkanisation, irréversible, l’emportera tôt ou tard. Ce navire en plein naufrage doit être tenu à bonne distance, ce qui, pour la Bretagne, signifie l’indépendance pleine et entière, à l’instar de l’Ecosse ou de la Catalogne. Cet état, foncièrement anti-européen, est une erreur géopolitique qui depuis 12 siècles empoisonne la vie continentale. Le moment de solder cette erreur approche et il est dans l’intérêt de la Bretagne d’apporter sa contribution dans cette nécessaire évolution.

L’Etat français, voilà le seul ennemi de la nation bretonne. Cet ennemi ne se situe pas à des milliers de kilomètres, il est dans nos villes, il déploie son infâme tricolore, souille notre terre de sa présence, sabote par tous les moyens la Bretagne nationale. L’intérêt décisif de la nation bretonne est de travailler à sa neutralité stratégique qui va de paire avec son indépendance. Rejeter avec vigueur les projets bellicistes de l’impérialisme français figure en haut des priorités nationales et cela, à mesure que le conflit s’étend, devra être martelé.

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L’Etat breton, sa politique linguistique

L’Etat breton, sa politique linguistique

[PNB] Sur le modèle d’Israël, qui a créé et imposé l’hébreu moderne comme langue d’état, le Parti National Breton veut :

➡️ que le breton soit la langue obligatoire de l’État, c’est-à-dire de l’administration nationale, de l’armée, de la justice et de la diplomatie.

➡️ que soit créée une université bretonne, en langue bretonne, où les futurs cadres de l’Etat breton seront obligatoirement formés.

➡️ la création d’une académie de la langue bretonne chargée de garantir son intégrité et son développement, notamment dans le domaine éducatif, médiatique, de l’état-civil et de la toponymie. 

➡️ l’usage exclusif de la langue bretonne par la télévision et la radio d’état, à la différence des télévisions et radios privées qui restent libres du choix des langues en usage. 

➡️ que l’enseignement du breton soit obligatoire à l’école dans son aire d’extension historique, encouragée au delà.

➡️ que l’usage exclusif du breton soit obligatoire au sein des entreprises privées voulant répondre à des commandes de l’Etat.

Le Parti National Breton croit à une renaissance de la langue bretonne par le volontarisme de l’Etat et non par la société. En faisant de la langue bretonne la langue exclusive de l’Etat, il inscrira à nouveau la nation bretonne dans l’histoire.

Le régional-loyalisme : un vieux piège de la France contre la nation bretonne

Le régional-loyalisme : un vieux piège de la France contre la nation bretonne

[PNB] La clarification dialectique est la première tâche du Parti National Breton dans sa lutte pour l’émergence d’une conscience nationale en Bretagne. Cet effort découle, sur le chemin vers le libération nationale, de la nécessité de rompre avec la société française et ses factions en Bretagne qui instrumentalisent le sentiment ethnique breton à leurs fins pour y acclimater et légitimer les intérêts de l’Etat français car, il faut le rappeler, la société française, malgré ses contradictions, est subordonnée à cet état.

Une réponse récente du président de l’association régionale-loyaliste An Tour Tan à un nationaliste breton, évoquant la “francophobie maladive” des patriotes bretons, illustre cette instrumentalisation opportuniste du sentiment ethnique breton et sa subordination aux intérêts français. Elle est l’occasion d’une utile clarification.

La “francophobie maladive”, une métaphore hyperbolique en forme de pléonasme puisqu’une phobie appartient par définition au champ médical, serait un problème aux yeux d’une association locale s’étant très brièvement décrite comme “nationaliste bretonne” avant de dégénérer par droitisme vers le régionalisme francophile – pudiquement nommé “autonomisme” – afin d’accommoder le parti français qu’elle a courtisé puis intégré. 

Nous pensons pouvoir affirmer avec un certain degré de confiance que la “francophobie” n’a jamais été une problématique du nationalisme breton. C’est plutôt la haine ethnique très enracinée des Français envers les Bretons, dès lors qu’ils cessent de se comporter en dociles sujets coloniaux, qui a été l’objet de l’attention du nationalisme breton depuis sa création. Si une association s’affirmant “bretonne” en Bretagne se lamente de la “francophobie” c’est que cette association n’est pas bretonne, mais française. Cela, tout le monde en conviendra sans difficulté, Français en tête. Ajoutons que le nationalisme breton, en raison de ses buts politiques, qui sont par définition antagonistes aux intérêts français, sera toujours identifié comme “francophobe” par le parti colonial français. Cette déclaration du président de l’association régionale-loyaliste An Tour Tan constitue en tous points une inversion de la réalité, par acculturation ou cynisme.

Remettons les choses à l’endroit. En 2023, l’Etat français poursuit une politique systémique d’écrasement de la personnalité nationale de la Bretagne qui est un pays occupé par l’Etat français, privé d’un gouvernement libre, dont le territoire est partitionné, l’enseignement de son histoire nationale interdite dans les écoles tout comme celui de sa langue millénaire. La Bretagne occupée et désarmée subit au surplus une intense colonisation de peuplement française sur son littoral par une bourgeoisie hexagonale prédatrice qui la met en coupe réglée. Ce à quoi s’ajoutent les supplétifs post-coloniaux que cette bourgeoisie française importe avec elle. Si un phénomène est à observer en Bretagne, ce n’est pas la “francophobie”, mais une politique de ségrégation systématique des Bretons dans leur propre pays.

Aux nationalistes bretons qui expriment cette réalité, M. Mercier répond que la France est la victime des Bretons en Bretagne (?!), cela en raison d’une “maladie”, produit baroque dérivé de l’antiracisme hexagonal, la “francophobie” (?!). Comble de l’inversion, les Bretons qui lèvent la voix face aux Français qui saccagent leur pays seraient ceux qui adopteraient une posture “victimaire”. Il faut être français pour occuper un pays et avoir le front de se dire la victime des autochtones qui se défendent. S’il y a une politique d’agressivité et d’hostilité en Bretagne, c’est celle des Français qui l’occupent contre les Bretons. Les Bretons qui y résistent contre les Français agissent en état de légitime défense. Le devoir de tout Breton est de combattre sans faiblir cette occupation et cette sujétion.

Nous le voyons, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, les Bretons doivent rester pour le parti français des auxiliaires dociles. Comme jadis lors de la guerre civile française entre monarchistes et républicains, les Bretons sont sommés de se cantonner au rôle de réservistes de l’un ou l’autre camp. Ensuite, dans un futur lointain, leurs aspirations à la liberté, très encadrée, seront peut-être un sujet de débat. 

Par delà ses formes et ses antagonismes, le parti français en Bretagne a toujours combattu le sentiment national breton pour domestiquer les Bretons et les utiliser à ses propres fins. Les aristocrates légitimistes  français, voulant exploiter l’opposition de nombreux Bretons à la révolution française, ont amplement utilisé la Bretagne comme réserve de votes et d’auxiliaires pour ses propres besoins durant tout le 19ème siècle. Les nationalistes bretons se rappellent de l’agitation de l’organisation régionaliste et catholique ADSAV, dans les années 1930, que Breiz Atao combattait avec force, organisation supplétive qui prétendait au “pragmatisme” du régional-loyalisme avant de finir par disparaître et d’aller se fond dans le brouet politique fransquillon. Entretemps, c’est Breiz Atao qui a été la matrice révolutionnaire de laquelle tout est sorti en Bretagne.

Ce besoin de supplétifs est un invariant des factions coloniales françaises en Bretagne. Que les Français aient pu trouver des lâches, des traîtres ou des opportunistes pour jouer les Théodore Botrel et mener cette lamentable et honteuse politique ne la disqualifie pas moins pour autant du point de vue national breton.

Le nationalisme breton, comme conscience nationale en action, a pour première base doctrinale d’affirmer que l’intégration forcée de la Bretagne à la France ne l’a pas rendue “plus forte”, mais plus faible puisque cette intégration a été obtenue par une annexion sanglante puis poursuivie par une politique brutale de répression ethnique et de colonisation. Résumons un axiome simple : de par son caractère intrinsèquement impérialiste, de par la présente occupation, que cela plaise ou non, ce qui affaiblit la France renforce Breizh et inversement. French difficulties, breton opportunities : telle est la politique de l’Emsav et elle le sera toujours.

Le nationalisme breton distingue deux camps : le camp national breton, en lutte contre l’état français occupant, et le camp colonial français. Le premier lutte pour dégager le Peuple breton de l’Etat français et de sa société afin d’opérer une révolution devant aboutir, comme toutes les luttes de libération nationale, à la création d’un état national indépendant. Il en découle que les deux sont des ennemis existentiels, sans compromis possible.

Comme contradiction interne de la société française, le régional-loyalisme français exprimé ci-dessus est un petit pendant du régionalisme français de gauche exprimé par les régionaux-loyalistes de l’Union Démocratique Bretonne ou d’autres succursales du même acabit. Les deux se subordonnent à la société hexagonale, ses antagonismes et factions pour faire “masse” contre d’autres Bretons de factions opposées. Pendant que ces auxiliaires se divisent, s’affrontent et se neutralisent dans le cadre horizontal de la société hexagonale, ils laissent au seul état français la primauté du politique, seule verticalité qui produit l’histoire. C’est le résultat de la guerre civile importée en Bretagne par les Français depuis 1789 et le rôle de supplétifs que jouent, volontairement ou non, des Bretons dans cette guerre.

Le nationalisme breton organisé se donne au contraire pour objectif d’unir les Bretons nationalement contre l’Etat français occupant pour que la nation produise sa propre histoire grâce à son état indépendant. Le politique, c’est la guerre, la guerre c’est la désignation de l’ennemi. En Bretagne, l’ennemi est et sera toujours la France, les colons français et leur parti, le reste n’en étant que le pus coulant de la plaie. 

Pour opérer ce saut de conscience nationale dont la Bretagne est privée depuis trop longtemps par rapport à d’autres nations européennes, à l’instar de la Catalogne, de l’Ecosse, du Pays de Galles ou de la Flandre, le Parti National Breton entreprend de réaffirmer et de raffermir l’Emsav en récusant l’opposition entre la droite et de la gauche hexagonales qui ne sont que les deux faces de la même pièce qu’est l’impérialisme français. Pour les nationalistes bretons, l’impérialisme français est un et indivisible, qu’il prenne un versant “de droite” ou “de gauche”. Cette approche d’unification nationale bretonne froisse les différents segments de la bourgeoisie francophile en Bretagne qui ne raisonnent qu’en termes d’alignement sur Paris, son état et ses factions. 

Les éléments aliénés par la société française en Bretagne combattront toujours l’Emsav dont le Parti National Breton est aujourd’hui la seule voix véritablement consciente. Le nationalisme breton organisé, en s’opposant à l’effort de mobilisation des Bretons au profit des factions françaises, suscitera toujours l’opposition des éléments aliénés, peu importe leur position au sein du spectre politique hexagonal, davantage même que des Français qui, eux, s’attendent à une attitude sans compromis de la part des nationalistes bretons.

Cette clarification n’est pas un détail ou une vaine polémique, pas plus que la critique du régionalisme formulée par le PNB depuis l’origine, notamment au sujet de l’UDB et de l’impasse qu’elle a incarné pendant 60 ans. Elle est au contraire essentielle. Tous les échecs de l’Emsav découlent d’une déficience théorique importante qui a empêché l’identification correcte de l’ennemi qu’est l’Etat français et la compréhension de sa stratégie, de ses réflexes et de l’acculturation induite par la francisation. Pour ne pas perdre de temps et d’énergie et agir avec pertinence, le Parti National Breton doit inculquer aux patriotes bretons la cohérence doctrinale sans laquelle tout échoue sous le poids de l’aimantation française qui, en raison de l’occupation, tente constamment de ramener les Bretons à des positions loyalistes. 

Le Parti National Breton sait que ce chemin est beaucoup plus difficile à emprunter que de se couler par domestication dans le sillage de la France, mais il sait également que chaque acquis sur cette voie est un acquis infiniment plus durable car historiquement indépendant de la France et de sa société. En arrachant un à un les Bretons de la société française et de ses polarités, en les nationalisant petit à petit, notre Parti réalise l’indépendance nationale qui doit aboutir à la proclamation de l’Etat breton.

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Les confusions de Breizh Info à propos du nationalisme breton

Les confusions de Breizh Info à propos du nationalisme breton

[PNB] Le média Breizh Info a récemment produit un article d’une imprécision qui interroge. Intitulé “Cette gauche nationaliste corse qui n’a rien à voir avec le gaucho-nationalisme breton”, le court entrefilet évoque le “nationalisme breton” qui, par contraste avec le nationalisme corse, ne formulerait aucune critique sur l’insécurité ou l’immigration en Bretagne. Sont cités à l’appui de la démonstration de cette insuffisance alléguée du “mouvement nationaliste breton”, l’Union Démocratique Bretonne et le Parti Breton…

Les mots et la taxonomie

Une connaissance élémentaire de l’Emsav et du nationalisme breton suffit pour savoir que l’UDB pas plus que le Parti Breton n’appartiennent au nationalisme breton et que ces organisations s’en sont toujours explicitement distancées. Si elles le font, c’est pour des raisons politiques évidentes qu’il convient de rappeler.

L’UDB est un parti régionaliste et socialiste qui prône l’intégration – illusoire – de la Bretagne dans une république française fédérale, “de gauche”. Cette position est celle d’une fraction de la petite bourgeoisie ethnique bretonne, culturellement et idéologiquement francisée, qui est issue de la fonction publique de l’Etat français en Bretagne. L’UDB ne veut pas rompre avec l’Etat français qui embauche l’essentiel de ses membres. Socialement, l’UDB réclame davantage d’intervention étatique, a fortiori française, tout en affirmant lutter pour la préservation des caractéristiques culturelles bretonnes détruites par ce même état français qui embauche ses membres. L’UDB, adepte des thèses de 1789, prétend acclimater la Bretagne au système idéologique colonial français pour en faire une petite France républicaine avec les migrants d’Afrique ou d’ailleurs que Paris impose aux Bretons. En ce sens, elle n’a même pas l’audace d’une politique originale, puisqu’elle se contente de contresigner le diktat migratoire de Paris. 

Le Parti Breton, marqué par son opportunisme centriste, se revendique tantôt du régionalisme ou du fédéralisme et récuse le nationalisme breton en raison de sa dimension ethnique, ligne rouge édictée par Paris. Son seul caractère stable est la peur bourgeoise de braquer les forces politico-médiatiques hexagonales dominantes dont elle espère la bienveillance. Pour cette raison, le PB se limite à des critiques superficielles d’ordre institutionnel, mais pas d’ordre existentiel et ne diffère pas de l’UDB en raison de son adhésion au contractualisme rousseauiste.

Nous pourrions ajouter le cas de Douar ha Frankiz, organisation indépendantiste d’extrême-gauche, proche du trotskisme hexagonal dans ses thématiques et son opportunisme, qui elle non plus ne diffère pas substantiellement des deux premières de par son adhésion au contractualisme rousseauiste issu de 1789. 

Ces formations ne proposent pas de rupture fondamentale, mais l’adaptation de la Bretagne aux idées de la révolution française. Elles emprisonnent les Bretons dans le statu quo dialectique bicentenaire. Le nationalisme breton veut quant à lui libérer mentalement l’homme breton pour en faire le représentant d’un peuple fort, maître de son destin, maître de sa terre, guidé par une volonté farouche de liberté ethnique, tribale, clanique. Il ne croit pas aux abstractions, mais au sang et à la terre des ancêtres. Il crée librement ses conceptions, son état. 

Le nationalisme breton n’est pas le gauchisme régional français

Le gauchisme ethno-schizophrène en Bretagne n’a aucun rapport avec le nationalisme breton. Séquelle du colonialisme français, il ménage chèvre et chou et cherche à concilier les contraires entre son surmoi égalitariste et universaliste issu de la révolution française et la répression du sentiment breton par l’Etat français issu de cette révolution. Ne pouvant se résoudre à choisir, il bricole et donne des gages.

Aucun d’eux ne s’inscrit dans le nationalisme breton dont la doctrine ethno-séparatiste s’est forgée entre 1910 et 1930, et ce dans la continuité de la guerre contre-révolutionnaire bretonne menée à partir de 1790 contre l’égalitarisme jacobin. Le nationalisme breton comme doctrine est explicitement ethnique, anti-cosmopolite et hermétique aux thèses rousseauistes d’importation françaises. Il a été théorisé pour la première fois par Breiz Atao en 1925 dans son exposé doctrinal rédigé par Fransez Debeauvais, Morvan Marchal et Olier Mordrel. 

Le seul parti actif qui se revendique en cohérence du nationalisme breton est le Parti National Breton. Son programme aborde sans tabou la question de l’immigration massive et de l’insécurité, ce que ses affiches diffusées dans toute la Bretagne expriment de manière claire. Affirmer comme le fait Breizh Info que le nationalisme breton organisé ne traite pas de ces questions est factuellement faux, sinon malhonnête.

Il est surprenant que le média Breizh Info persiste à voir des nationalistes bretons où il n’y en a jamais eu et à ne pas les voir là où ils sont. Il est encore plus étonnant que Breizh Info fasse le procès du nationalisme breton sur une telle base, citant à comparaître des régionalistes français explicitement hostiles au nationalisme breton tout en taisant l’action du seul parti nationaliste breton qui développe une critique offensive de l’immigration de masse en Bretagne, dans la la ligne traditionnelle de l’Emsav portée depuis 1919. 

L’immigration ne définit pas le nationalisme breton

Réduire la question nationale bretonne, comme le succès ou l’échec des nationalistes bretons, à son rapport à l’immigration n’a aucun sens. Une question nationale existe en elle-même, que ce soit en Ecosse, en Flandre, au Pays Basque ou en Bretagne. La question nationale bretonne existe depuis que les Francs, puis les Français, prétendent annexer et gouverner la Bretagne. Les nationalistes bretons n’ont pas attendu que la question de l’immigration se pose en Bretagne pour penser la nationalité bretonne il y a plus d’un siècle. Les indépendantistes catalans et écossais sont certainement plus avancés que les nationalistes bretons dans l’organisation de leur peuple, pour autant leur position sur l’immigration est radicalement contraire à un positionnement nationaliste. Inversement, les nationalistes flamands sont très offensifs sur l’immigration et obtiennent également des scores électoraux importants. 

Les Bretons ont certainement échoué jusqu’à présent dans leur défense nationale contre la France, mais aucun peuple prisonnier de l’Hexagone ne peut se targuer d’un bilan plus heureux. Tout au plus, dans le cas de la Corse, le caractère insulaire joue-t-il marginalement en faveur du Peuple corse, mais même là les faits sont clairs : la moitié des habitants de l’île sont des colons. Les réactions épidermiques de quelques dizaines, sinon centaines de Corses contre les attaques d’allogènes ne changent pas ce sinistre tableau d’un peuple submergé, dépossédé. Les Français s’approprient toujours plus des pans entiers du pays, comme en territoire occupé. Avec les Français vient le flux de l’immigration africaine, les deux étant inséparables.

En Bretagne, l’immigration, qu’elle soit non-européenne ou française, est une conséquence de la destruction de la cohésion ethnique sous l’effet du travail patient mené par l’Etat français pour assimiler la nation bretonne à son système colonial économique, social, culturel et politique. L’opposition à l’immigration n’a aucun sens sans une critique systématique de cette assimilation, de ses agents, français ou bretons. Les nationalistes bretons, soucieux des intérêts de la nation bretonne, doivent formuler une telle critique, mais ne pas la limiter à ses effets sans remonter à ses causes. Or ses causes ne sauraient être limitées à la “gauche” française, mais bien à la guerre permanente menée par l’Etat français, par delà les factions, contre Breizh. Alimenter la dialectique “droite/gauche”, c’est maintenir l’intégration de Breizh dans l’espace historique français comme c’est le cas depuis 1789. Par aimantation, une faction de droite ou de gauche en Bretagne s’alignera toujours sur une faction française au détriment de l’unité ethnique et patriotique.

Il n’y a pas une nation bretonne de droite ou de gauche, mais une nation historique, unifiée par le sang, par delà les divergences. Le rôle du nationalisme breton est de l’unir, pas de cultiver ses divisions d’importation française. En d’autres termes, le nationalisme breton place le Peuple breton, la Bretagne et leur survie avant tout le reste. Ce qui amène à la véritable ligne d’affrontement : pas de véritable opposition à l’immigration de masse organisée par l’Etat français sans lutte contre l’Etat français qui l’organise.

Qui aujourd’hui dépasse les conséquences pour contester radicalement la présence de l’Etat français en Bretagne, non seulement en fait, mais dans ses buts pratiques ? Le Parti National Breton. C’est un honneur et une grande responsabilité car le déséquilibre des forces, comme chacun le sait, est énorme. D’un côté, un état impérialiste séculaire et prédateur, de l’autre des rebelles, idéalistes, qui s’expriment pour un peuple de 5 millions d’hommes. L’histoire enseigne cependant qu’un positionnement historique conséquent, une fois les conditions objectives réunies, est à même de compenser, puis d’inverser un rapport de force largement défavorable.

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Doctrine : de droite ou de gauche, le nationalisme breton ne soutient pas d’organisations hexagonales

[PNB] Un site appelé “L’Heure Bretonne” affirme à tort que “les” nationalistes bretons soutiendraient une organisation française. 

Par définition, les nationalistes bretons n’apportent pas de soutien à des organisations politiques hexagonales, peu importe lesquelles.

Parce que les approximations théoriques sont toujours propices à l’opportunisme, le Parti National Breton est souvent revenu sur ce fondement essentiel de l’Emsav et pourquoi celui-ci s’oppose foncièrement à cette tendance contre-révolutionnaire qu’est le régionalisme français qu’il soit de gauche ou de droite. Du moins, jusqu’à présent, le régionalisme s’appelait comme tel et n’usurpait pas le capital historique du nationalisme breton pour développer des théories objectivement régionalistes.

Nous invitons les patriotes bretons à relire notre texte sur le sujet :

Ni droitisme, ni gauchisme. Un seul ennemi pour la nation bretonne : l’Etat français, son régime et sa société !

On le complètera avec le suivant, remarquable exposé d’Emsav Stadel Breizh :

Théorie politique de la révolution bretonne : vers l’Etat breton

Par un travail théorique et pratique cohérent, le Parti National Breton veut former une génération d’Emsaverien en mesure d’éviter les graves erreurs commises par le passé qui ont invariablement mené à la dégénérescence régionaliste les organisations bretonnes qui les ont faites.

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