Pourquoi nous voulons l’indépendance de la Bretagne, notre nation

Pourquoi nous voulons l’indépendance de la Bretagne, notre nation

[PNB] La question de l’indépendance nationale de la Bretagne est étroitement liée, et consécutive, à l’idée nationale bretonne elle-même. Avant de poser la question de l’indépendance nationale, et ce qu’elle est réellement au premier chef, il faut d’abord appréhender ce qu’est l’idée nationale, d’autant que, très souvent, ceux qui veulent nier la nationalité bretonne commencent par délégitimer la faisabilité de l’indépendance. Pas d’indépendance réalisable en pratique, disent-ils, pas de nationalité bretonne : c’est le sophisme couramment utilisé par ceux qui la combattent pour clore la question nationale bretonne.

L’interdiction de la nationalité bretonne

L’idée nationale est la pleine conscience, chez un Breton, de l’existence d’une nation bretonne à laquelle il appartient. Avant de poursuivre à propos de ce qui fonde matériellement et spirituellement cette nationalité, il faut déjà s’arrêter sur l’interdiction que placent sur elle les Français. Les Bretons, encagés dans les mailles d’un état étranger, l’Etat français, expérimentent dès la naissance un intense travail de négation de leur nationalité par cet état qui use à cet effet de toute sa puissance institutionnelle, médiatique et économique. Cette négation se justifie idéologiquement en des termes absolus, de nature religieuse. Justifiant leur domination sur la Bretagne par leur religion d’état, l’égalitarisme niveleur des droits-de-l’homme dont ils seraient les gardiens de l’orthodoxie depuis 1789, les Français, avec leur coutumière perfidie rhétorique et leur tropisme impérialiste, proclament que les Bretons n’ont aucun droit à affirmer leur nationalité sous peine de blasphème à l’égard de leur révolution.

Pour la France et les Français, la nationalité bretonne est d’abord une impossibilité métaphysique, ensuite une insolence, enfin un danger politique. Toute indépendance de la Bretagne consécutive au réveil de la conscience nationale bretonne prend un caractère de menace existentielle pour les Français, car si un Breton n’a nullement besoin que les Français se disent bretons pour exister, pour les Français, dont l’identité collective est le produit de la bureaucratie impériale et de ses conquêtes armées, un Breton qui ne se dit pas français remet en cause l’existence et la légitimité de l’état qui l’a créé. Si demain les Bretons affirmaient leur nationalité et la portaient à sa conclusion par l’indépendance de la Bretagne, c’est le mythe d’un Hexagone républicain, surnaturellement uni depuis l’aube des temps, à en croire la vulgate française, qui s’effondrerait.

Il est également essentiel de comprendre qu’en réduisant progressivement l’influence de la Papauté dans les affaires religieuses, les rois de France ont voulu créer un catholicisme spécifiquement français, subordonné à la couronne de France et aux intérêts du pouvoir parisien, très proche en cela de l’anglicanisme, qui culminera avec le gallicanisme. Si le gallicanisme a échoué en France, la victoire des idées révolutionnaires, lors de la proclamation de la monarchie constitutionnelle en 1791, aboutit à l’instauration d’une religion d’état de substitution. Celle-ci consacre la toute-puissance de l’Etat français révolutionnaire dans tous les domaines, aussi bien matériel que spirituel, se proposant explicitement de produire un homme nouveau, le proto homo sovieticus de 1918 : le citoyen français. Cette nouvelle ère religieuse entraîne même la création d’un nouveau calendrier afin de borner la redéfinition du temps français. Dès lors, s’opposer à la volonté de l’Etat français et de son mandarinat, c’est défier le nouvel ordre du monde tel que la France révolutionnaire l’a décrété. Si le catholicisme a été chassé de l’Etat français, la nature religieuse de cet état n’a été que renforcée par la révolution. Pire, la distinction entre temporel et spirituel est devenue inexistante, faisant de l’Etat français un état foncièrement porté à l’intolérance et au totalitarisme, ce qui aboutit dès sa fondation au génocide vendéen. Refuser l’autorité de cet état n’est pas seulement un acte politique, c’est également une contestation de nature religieuse qui remet directement en cause la légitimité de l’Etat français et son élite politique. Si un différend politique peut être négocié, un différend religieux, en raison de la prétention à la vérité des parties invoquant le caractère sacré et intangible de leur position, rend impossible toute discussion équilibrée. C’est la raison pour laquelle l’Etat révolutionnaire français aborde toute question sous un angle purement religieux, au sens absolu du terme, plutôt que pratique, et est obsédé par la question de sa légitimité, laquelle passe par l’admission par les autres qu’il détient les vérités fondamentales. Toute discussion, avec les Français, doit commencer par une soumission à l’idéologie révolutionnaire de 1789. C’est pourquoi, dans sa pratique politique, l’Etat français préfère perdre que d’admettre avoir eu tort, car depuis la révolution française, le principe temporel a été absorbé par le principe spirituel, si bien que toute concession au plan spirituel, c’est-à-dire idéologique, est d’ordre fondamental et durable, tandis qu’un revers politique est conjoncturel. En maintenant contre vents et marées l’éternité de sa vérité idéologique, l’Etat français agit davantage comme une église que comme un état et cela, les Bretons doivent constamment l’avoir à l’esprit. Cette mentalité religieuse et messianique pénètre tous les cadres de l’Etat français et rend impossible des discussions pragmatiques comme on peut les observer en Grande-Bretagne entre Londres et l’Ecosse, le Pays de Galles ou l’Irlande du Nord. La gestion de la colonisation par la France, comparativement à la Grande-Bretagne, le démontre. 

La morgue impériale de la France, tout comme le sectarisme idéologico-religieux de cette république, ne pourrait souffrir de voir se reformer à ses frontières occidentales un état annexé par le passé, qui plus est devenu imperméable à son idéologie messianique issue de 1789. C’est donc en termes religieux que les Français disqualifient non pas seulement l’idée nationale bretonne, mais bien une nation entière, la nation bretonne, dès lors qu’elle s’affirme contre Paris et son régime, la république française. Des Bretons pleinement conscients de leur nationalité sont, pour la France, des hérétiques, au sens plein du mot.

C’est ainsi toute une réalité mensongère qui a été et continue d’être forgée par la propagande française contre l’idée nationale bretonne. Par exemple, contrairement aux autres peuples, les Bretons ne s’émancipent pas de leur occupant lorsqu’ils veulent repousser les Français de leur pays : ils se “replient sur eux-mêmes”. Imagine-t-on présenter la lutte des Vietnamiens ou des Algériens pour leur indépendance nationale comme un “repli sur soi” ? D’après cette vulgate officielle hexagonale, il ne peut y avoir de Bretons que soumis et intégrés dans le système français, en dehors duquel, d’après elle, les Bretons se trouvent immédiatement près de rechuter dans la barbarie, barbarie dont la France civilisatrice les aurait délivrés par générosité et altruisme, fidèle à sa mission universelle proclamée en 1789, libérant le sauvage breton de toutes ses entraves sociales et identitaires archaïques, mais sous la stricte direction de Paris et à ses conditions. Ainsi, doit-on en croire, si le pouvoir colonial français occupe la Bretagne, c’est pour son bien que les Bretons l’acceptent ou pas. Aux Bretons de se montrer reconnaissants d’avoir accédé à la civilisation par les Français : voilà, en substance, le message invariable que Paris et la France adressent aux Bretons.

C’est ainsi que le nationalisme breton – et avec lui toute forme d’agitation politique à caractère irrédentiste – est invariablement présenté comme une jacquerie de sauvages par une bourgeoisie parisienne, sûre de porter les lumières de la civilisation, la sienne, du “progrès” vers une société idéale, la sienne. Les médias et les institutions françaises, ainsi que leurs relais en Bretagne, se chargent de délégitimer non seulement le nationalisme breton, mais la nationalité bretonne elle-même, c’est-à-dire, à travers elle, le Peuple Breton qui refuse de disparaître pour se fondre dans cette bouillie impériale hexagonale. C’est dans ce cadre d’hostilité nationale, politico-médiatique, historique, idéologique, sociale que se pose la question de la nationalité bretonne, c’est-à-dire dans un rapport d’accusation dressé par l’occupant à l’occupé, par le dominant au dominé, afin de le dissuader de se révolter.

La nationalité bretonne posée dans les termes bretons

Ce rappel fait, vient donc la question de ce qui fonde la nationalité bretonne, en dehors des interdits idéologico-religieux et moraux des Français. Nous voyons souvent des Bretons aliénés par la religion française de 1789, reprendre à leur compte le verbiage français du contrat social rousseauiste pour justifier la nationalité bretonne. Erreur historique et philosophique funeste ! C’est précisément par son refus de la révolution française lors de la chouannerie, avec la défense de la personnalité collective de la Bretagne telle que théorisée par l’Association bretonne, que la nationalité bretonne a pris vigueur, proclamant ne pas être réductible à la nouvelle masse française révolutionnaire. C’est sous la pression de l’impérialisme révolutionnaire français et de son idéologie que la nation bretonne a toujours plus développé sa conscience et, de manière toujours plus sophistiquée, pensé son être national par rapport à l’Etat étranger qui cherchait – et cherche encore – à la détruire. Ce processus s’est poursuivi jusqu’à aboutir à la formation du Parti Nationaliste Breton, en 1911. Chercher à expliquer – encore plus à justifier ! – la nationalité bretonne par les catégories françaises du contrat social héritées des thèses de 1789, c’est commettre en contresens historique en prétendant libérer l’homme breton par les idées égalitaristes dont l’occupant français se sert depuis deux siècles pour justifier la dissolution même de la nationalité bretonne. Ce réflexe d’aliéné de la part de certains Bretons prétendant faire œuvre de libération nationale témoigne d’un mimétisme du sujet colonial à son maître qu’un nationaliste breton ne peut admettre. Le nationalisme breton doit donc produire sa propre conception de la nationalité, selon ses catégories historiques et philosophiques, et non selon des catégories importées spécifiquement conçues pour détruire la nationalité qu’il porte.

La nationalité bretonne est un fait, mais aussi, par la force des circonstances, une révolte du particulier contre le collectivisme niveleur français. C’est une nationalité au sens premier du mot nation, du latin “natio”, “naître”. Contrairement à la fausse nation qu’est la masse révolutionnaire française fondée sur l’adhésion à des abstractions philosophiques, c’est une communauté de filiation objective qui a conscience d’être. C’est, au sens plein, une réalité. Comme ethnie, la nation bretonne est une famille élargie, fondée par le sang hérité, porteuse de la culture que ce sang, dans le cadre de l’histoire commune, a partagé et partage encore. Si l’on peut devenir français, car la France n’est pas une nation, mais un état impérial, on est breton ou pas, dès la naissance. Ce n’est pas un privilège ou une tare, mais un fait. C’est pour cette raison que, même sans état, la nation bretonne continue d’exister, car les Bretons continuent d’exister et ses membres se reconnaissent entre eux, contrairement à un fait administratif comme l’est la nationalité française qui dépend du maintien de l’Etat français.

La nationalité bretonne, pas plus que la personnalité d’un individu, n’a à se justifier. Une personne a une personnalité parce qu’elle existe. C’est une conséquence. Il en va de même pour la nation bretonne dont la nationalité est l’expression de sa conscience d’exister. Si elle peut et doit pleinement se comprendre, elle n’a pas à produire d’explications aux Français. Nous, Bretons, n’avons pas à nous comporter comme des suspects en garde-à-vue. Nous sommes de nationalité bretonne parce que nous le sommes, un point c’est tout. Que les Français acceptent ou non la nationalité bretonne n’est pas un sujet. Ce qui importe, c’est que les Bretons en retrouvent pleinement la conscience.

L’Etat breton et ses caractéristiques

Certes, l’Etat permet à la nation de se tenir debout, d’agir pleinement comme personne collective au sein des autres nations, et à ce titre les Bretons veulent un état national, mais l’Etat n’est pas la nation, il est que l’outil de la nation. Cette distinction doit être impérativement faite, car en France, sous l’effet de la révolution et de la Terreur, la confusion entre nationalité et état a été abolie pour justifier la destruction de toutes les frontières et de tous les peuples faisant barrage aux armées et à la bureaucratie françaises.

L’Etat breton, acquis au principe de réalité dont il découle comme produit de la nationalité bretonne, ne doit en aucun cas commettre les erreurs de l’état révolutionnaire français. C’est pourquoi, la forme de l’Etat breton doit être une forme confédérale, qui intègre librement les parties de la nation, étant en cela plus proche de la mentalité fédérative nord-européenne à laquelle les Bretons appartiennent, plutôt qu’à la massification bureaucratique latine et à son produit monstrueux qu’est la centralisation à outrance. Confiante dans son unité nationale, produit naturel de son homogénéité ethnique et de sa conscience historique, la nation bretonne ne recherche pas la coercition de ses parties, mais les appelle à librement s’associer afin de démontrer chaque jour le renouvellement de cette unité. L’intolérance jacobine et le caporalisme bonapartiste ne font pas partie du tempérament breton et c’est bien à un état qui exprime la véritable sensibilité bretonne que le nationalisme breton travaille afin de libérer l’homme breton lui-même. Les nationalistes bretons défendent par exemple, selon ce principe, une armée de volontaires, dite de milice, où chaque Breton devient un élément actif de la défense nationale, par opposition à une armée professionnelle qui échappe à son peuple. 

Les réponses aux arguments contre l’indépendance

Lorsque ce n’est pas la nationalité bretonne elle-même qui est attaquée et délégitimée, c’est la faisabilité de l’indépendance nationale, sa conséquence logique, qui est posée par les opposants ou les sceptiques. 

Le premier argument est qu’aussi justifiée que puisse être en théorie l’indépendance de la Bretagne, celle-ci n’est pas possible, car justement, la France s’y oppose et s’y opposera et que cela suffit à la rendre impossible. Il faudrait donc se résoudre au statu quo, dans le pire des cas, ou rechercher un aménagement, dans le meilleur. C’est la position des fédéralistes et des régionalistes de toutes les colorations : composer dans la soumission. Comme nous l’avons exposé ci-dessus, outre son caractère intolérable d’acceptation de la domination étrangère, cette solution apparente de facilité est en réalité rendue impraticable par la nature de l’Etat français que nous avons exposée précédemment, lequel ne peut admettre de fragmentation de sa vérité. Pour l’Etat français, indépendance et autonomie, sur le continent, ne sont qu’une seule et même chose, au plan idéologique, par l’effet qu’il produit puisque l’autonomie suppose dans les faits la coexistence de deux réalités politico-administratives au sein du même périmètre étatique, ce que l’Etat français combat depuis deux siècles au nom de l’unicité de la vérité  révolutionnaire héritée de 1789. Contrairement aux réalistes de la monarchie britannique, l’Etat français ne tolèrera jamais le principe différentialiste ou transactionnel, car état et vérité sont chez lui une unique chose et que toute fragmentation de la vérité étatique, par la juxtaposition de systèmes légaux, donc de deux réalités distinctes, l’un breton, l’autre français, supposerait une fragmentation de l’Etat lui-même. Faute de ciment unificateur en dehors de l’adhésion à l’idéologie égalitariste de 1789, le dernier prétexte à l’unité s’évaporerait rapidement, ce que l’Etat français sait pertinemment et fera pour empêcher. Les fédéralistes et régionalistes bretons, par tactique ou conviction, mégalomanie ou rêverie, prétendent d’abord refaire l’Etat français, depuis la Bretagne, pour ensuite aménager une place pour elle dans le futur cadre étatique français ! Qui peut croire que l’indépendance de la Bretagne tout court n’est pas autrement plus accessible que cette ambition folle de réformation de l’Etat français en intégralité, contre l’aspiration de plus de 60 millions de Français, après deux siècles de sédimentation jacobine et marxiste ?

Le second argument, plus pragmatique, est celui de la puissance de la Bretagne et ce qu’elle pourrait retirer de son indépendance. Les opposants ont chacun leur propre moyen de mesurer la puissance respective des états pour rejeter l’indépendance de la Bretagne. Le premier moyen, parce que le plus observable, est celui de sa masse terrestre par rapport aux autres pays. Il suffit de répondre que si Monaco (2 kilomètres carrés), le Liechtenchtein (158 kilomètres carrés), le Luxembourg (2,586 kilomètres carrés) sont des états souverains reconnus internationalement sans que cela ne paraisse irréaliste à quiconque, la Bretagne, avec ses 34,018 kilomètres carrés, le peut davantage. Parmi les 235 états du monde, une Bretagne indépendante se classerait en 139ème position par sa superficie, devant la Belgique, l’Albanie ou Israël. Sa position stratégique sur l’Atlantique faisant d’elle une pièce maîtresse de l’Europe du Nord. Le second moyen est celui de la puissance économique. Idée très ancrée chez de nombreux Bretons ayant acquis un complexe d’infériorité culturelle sous l’effet de la propagande française, la dépendance économique de la Bretagne à la France ne serait pas un fléau, mais une opportunité à cultiver. Si cet état de dépendance peut être une opportunité pour la bourgeoisie compradore qui dépend de Paris pour ses rentes, il est catastrophique pour la Bretagne qui se voit empêchée de mener sa propre politique économique. Contrainte, par la force de l’Etat français, à une continentalisation de son économie qui contredit sa nature maritime profonde, la Bretagne a perdu toute son économie océanique, ses ouvertures internationales, et par là même, sa liberté. C’est le résultat de la politique désastreuse de Louis XIV lorsqu’il détruisit l’économie bretonne avec son blocus étatique contre le commerce anglais, politique qui affecta durablement la Bretagne jusqu’à aujourd’hui. Pour autant, en dépit de ses entraves débilitantes, la Bretagne dispose d’un PIB de 143 milliards d’euros en 2022, ce qui place la Bretagne au 25ème rang des 49 états européens, derrière la Hongrie (153 milliards d’euros pour 10 millions d’habitants). L’indépendance nationale, qui par nature permettrait à la Bretagne de négocier elle-même l’ensemble de ses relations économiques, seule ou en partenariat avec d’autres pays, et de déterminer sa politique fiscale, ses orientations stratégiques, ses investissements et la formation de ses élites, ne pourrait que renforcer l’économie bretonne au fil du temps, comparativement à son inexistence actuelle sur la carte politique européenne. Une telle politique de puissance inverserait la désastreuse émigration de la jeunesse bretonne, avenir même de la nation. Une Bretagne reconnue comme état aurait par ailleurs des ambassadeurs dans toutes les capitales d’Europe, ainsi que dans diverses organisations internationales, et en retirerait une visibilité sans équivalent avec sa présente situation, pouvant de la sorte trouver des appuis et des opportunités qui lui sont aujourd’hui interdites par l’Etat français.

Le troisième argument est la confusion entre autarcie et indépendance. Ayant acquis le principe de la dépendance à la France comme inéluctable, sinon nécessaire, de nombreux Bretons confondent indépendance de la Bretagne et autarcie de la Bretagne. C’est l’un des obstacles psychologiques les plus puissants pour les nationalistes bretons car il repose sur une inversion complète de la réalité par la propagande d’état française. En effet, pour ces Bretons, toute relation “avec l’extérieur” se résume à une relation avec la France comme intermédiaire obligatoire. Si c’est une réalité que l’Etat français impose à la Bretagne aujourd’hui, ce n’est pas un choix, ni même une réalité inéluctable. C’est précisément pour pouvoir ouvrir toutes nos communications avec les partenaires étrangers pertinents que l’indépendance de la Bretagne est nécessaire afin de se débarrasser de l’interdit parasitaire que Paris a placé sur la liberté de notre diplomatie et de notre économie nationale, pas l’inverse ! Si nous voulons sortir de l’autarcie hexagonale dans laquelle la Bretagne se trouve prisonnière du fait de la soumission de la Bretagne à Paris, il faut justement acquérir l’indépendance. Le but n’est pas l’autarcie de la Bretagne, c’est-à-dire la rupture de nos relations avec l’extérieur, mais le renforcement de ces relations, échanges et partenariats avec les autres états étrangers et d’abord au plan économique. L’indépendance nationale ne signifie pas davantage la fin des relations économiques avec la France, mais le rééquilibrage de ces relations en faveur de la Bretagne grâce à la maîtrise retrouvée de ses moyens de décision. Aujourd’hui, la Bretagne ne négocie pas d’égale à égale avec la France, mais se trouve dans l’état du vassal face à son suzerain, quand ce n’est pas dans la position d’un mendiant.

Le quatrième argument est celui de la maturité nationale. Beaucoup de Bretons ont peur de l’indépendance comme des enfants ont peur du passage à l’âge adulte, avec son lot de responsabilités. Ils voient les nationalistes bretons comme ceux qui leur annoncent qu’ils vont devoir quitter le cocon familial. Ce sont les colonisés volontaires. Si l’Etat français infantilise les Bretons par sa propagande, nombreux sont ceux qui parmi eux se complaisent dans cette infantilisation car elle les dispense d’avoir à endosser les responsabilités d’une nation passée à l’âge adulte. Se reposer sur Paris, c’est laisser le maître décider, avec ce que cela suppose de travail et de difficultés. Réclamer mais ne pas décider, voilà cette attitude à laquelle les opposants à l’indépendance disent qu’il faut se conformer. Lorsque des objections sur la capacité des Bretons à assumer ces responsabilités sont faites, la réponse est simple : si des Luxembourgeois ou des Monégasques peuvent les assumer, les Bretons le peuvent, mais surtout, le doivent. L’inverse est en soi une honte nationale. Les Bretons, comme les Ecossais ou les Catalans le font, doivent apprendre à défendre leur honneur national en ne transigeant pas sur les obligations qui s’imposent à eux pour défendre leur rang national en Europe, ce qui passe par la maturité de l’indépendance de la Bretagne. 

Le cinquième argument, le plus faible, est celui du précédent historique. Il est caractéristique des Bretons qui, acculturés par le ministère de l’embrigadement français dit de “l’Education nationale”, ne connaissent pas leur histoire nationale. Il est simple : la Bretagne n’ayant jamais été une nation, encore moins indépendante, ni formé d’état propre, elle ne saurait en former un aujourd’hui. Naturellement, les nationalistes bretons ont pour première tâche d’enseigner aux Bretons l’histoire nationale de la Bretagne escamotée par l’Etat français en rappelant justement que la nation bretonne s’est formée bien avant la France, et des deux côtés de la Manche. Rien de plus simple que de rappeler la fondation de la Bretagne dès le 4ème siècle après Jésus-Christ, puis l’émergence des royaumes bretons progressivement unifiés par Nominoë en un seul bloc étatique qui ne fut plus jamais désuni. L’histoire monétaire de l’Etat breton le prouve de manière encore plus éclatante, l’émission monétaire étant, avec la diplomatie et l’armée, la démonstration de cette indépendance nationale bretonne. Enfin, les conditions de l’annexion de la Bretagne par la France, entre 1488 et 1532, achèvent de dissiper les vieilles lunes qui avaient cours à ce sujet au XXème siècle sous l’effet de l’action de l’histoire officielle française diffusée dans les écoles de Bretagne. Cependant, c’est le raisonnement lui-même qui doit être convaincu d’absurdité en démontrant que le précédent historique, même s’il existe en Bretagne, n’est pas un prérequis. Pour cela, il suffit de citer l’exemple de nations qui n’avaient pas d’état et qui s’en sont données un. Les cas les plus spectaculaires à cet égard étant les Etats-Unis d’Amérique, fondés en 1776 par 3 millions d’Américains, et Israël, fondé en 1948, en plein désert. Ce dernier exemple, de par sa taille, proche de la Bretagne, et la résurgence de sa langue hébraïque ancienne après deux millénaires de disparition, démontre que l’argument du précédent historique ne tient pas et que tout dépend de la volonté nationale. 

C’est le point final de ce texte : les arguments invariablement énoncés contre l’indépendance de la Bretagne sont le fait de ceux qui n’ont pas la force de volonté nationale pour vouloir la nation, donc son indépendance. Les arguments qu’ils utilisent, lorsqu’ils sont exprimés par des Bretons, ne servent pas tant à invalider l’idée de l’indépendance nationale qu’à justifier leur propre faiblesse face aux nationalistes. Les nationalistes les dominent de leur volonté et ne doivent pas se laisser abuser par la rhétorique des faibles. Ces arguments, lorsqu’ils cherchent au surplus à justifier des demi-solutions qui n’en sont pas comme le régionalisme ou l’autonomisme, représentent des remèdes pires que le mal en répandant le poison de la faiblesse nationale et de déconscientisation des masses bretonnes. Les Bretons ne seront jamais entraînés par des gens qui font de la sorte la démonstration de leur faiblesse et exploitent chaque occasion pour répandre leurs doutes dans leur propre nation. Qui voudrait suivre des hésitants ou des timides, plutôt que des révolutionnaires ? C’est par leur foi et leur confiance que les nationalistes convaincront les Bretons de la justesse de la libération de la Bretagne du joug de l’Etat français. Finalement, l’objet de l’Etat breton est de libérer la nation bretonne comme personnalité collective, libération sans laquelle il ne pourra jamais y avoir de libération personnelle de chaque Breton pris individuellement. Tant que la Bretagne sera réduite à l’état de colonie de l’Etat français, surtout à l’heure où cet état emprunte la pente fatale de la dissolution ethnique dans un flot démographique à rebours, elle continuera de se dénationaliser, c’est-à-dire, pour chaque Breton, de perdre ses qualités originelles, jusqu’à la disparition. Il s’agit non seulement de renaître, mais aussi de vivre.

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L’Equipe de France ou la marche des Sans-Culottes vers l’Afrique (Editorial du PNB)

L’Equipe de France ou la marche des Sans-Culottes vers l’Afrique (Editorial du PNB)

[PNB] Citant l’essayiste Eric Naulleau, le journal parisien Le Figaro titrait, hier, que la Coupe du Monde de football était le “dernier évènement qui fédère à ce point la nation (française)”. La formule est inexacte – la France n’est pas une nation, mais un empire -, mais c’est en effet tout ce qu’il reste de l’empire français : une équipe de football composée au trois quarts de sportifs africains.

C’est, à bien des égards, la forme paroxystique et caricaturale d’un processus impérialiste entamé il y a huit siècles sous la direction de Philippe Le Bel, depuis Paris, puissamment accéléré avec l’éviction des Anglais du continent et la destruction des états breton et bourguignon à la fin du 15ème siècle. Libéré sur le continent, la bureaucratie centrale parisienne, grâce à son armée, a pu étendre à grande échelle son système impérialiste sur les autres continents à partir de 16ème siècle, ce jusqu’à son effondrement complet en 1962.

Immédiatement après la fin de la Guerre d’Algérie, le processus impérialiste, loin de se clôturer, a tenté de maintenir le projet impérial en métropole, faute de le réussir au niveau planétaire. L’immigration à rebours originaire des colonies, légitimée par l’idéologie missionnaire et impérialiste de 1789, est devenue, sur le modèle du recours aux sujets coloniaux en 1914, la réponse d’une bureaucratie d’état parisienne à son échec historique hors d’Europe. Paris s’identifie totalement à l’Afrique dont elle veut être le tremplin politique planétaire.

En cohérence avec cette logique, la démographie africaine est désormais la solution choisie par Paris pour répondre à l’effondrement de la natalité autochtone en France. Sur le même principe, elle “externalise” ses équipes sportives en “internalisant” l’Afrique par l’immigration. Officiellement sous bannière française, c’est bien toute l’Afrique francophone que la France utilise désormais dans les compétitions sportives mondiales.

De par sa construction impérialiste, l’Etat français se retrouve à organiser et exalter le propre effacement du noyau ethno-biologique qui servait de base humaine à sa création. Le spectacle grotesque du chauvinisme tricolore, excité par une équipe de mercenaires africains, résume parfaitement la fin tragi-comique d’un empire débordé dans ses frontières par ses anciens sujets extra-européens. La sans-culotterie braillarde rejoint finalement la sauvagerie africaine.

Pour les Bretons, la question que pose ce spectacle absurde et sinistre, c’est celle du réveil de leur nationalité face à la fin de l’empire français sous le poids de la submersion afro-islamique que devait par nécessité déclencher la colonisation. Si les Bretons ne prennent pas conscience de leur nationalité, ne prennent pas les dispositions décisives à la préservation de leur personnalité ethnique face à l’Etat français, et restent, par acculturation, prisonniers du fatras multiracial hexagonal tandis que la démographie fait son office, ils disparaîtront durant ce siècle, amalgamés à l’Etat afro-musulman sur le territoire français.

C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui plus encore qu’hier, toute manifestation de chauvinisme français en Bretagne, en plus d’être en soi odieuse, est surtout la manifestation de la marche au néant africain que supervise l’Etat français dans sa fuite en avant vers la sauvagerie afro-sans-culottarde.

Beaucoup de Bretons se plaignent, mais combien agissent de manière ordonnée et révolutionnaire ? Il n’y aura pas de salut sans solution radicale. C’est cette solution que le Parti National Breton veut apporter. Les Bretons lucides doivent réagir et rejoindre le Parti National Breton pour organiser l’alternative à la menace existentielle qui pèse sur notre peuple. Attendre, ou couper les cheveux en quatre, n’est plus un luxe que les Bretons peuvent se permettre, ni la complaisance, la fainéantise, le refus de la discipline au nom d’un anarcho-individualisme compulsif, sauf à accepter d’être remplacés par “les conquérants de nos conquérants” qui, à ce stade, n’ont guère qu’à poser leurs valises – quand ils en ont – en Bretagne. 

Les Bretons doivent retrouver le sens de leur race, le sens de leur nationalité celtique, ce que seul le Parti National Breton entend faire, loin du régionalisme marxisant ou des amicales culturelles inopérantes. Cette décennie sera cruciale et les Bretons doivent désormais choisir leur destin.

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L’assassinat de l’Abbé Perrot : de la barbarie sans-culotte à la barbarie marxiste

L’assassinat de l’Abbé Perrot : de la barbarie sans-culotte à la barbarie marxiste

[PNB] Dans cette lecture nationaliste n°2, l’assassinat de l’Abbé Yann Vari Perrot, le 12 décembre 1943, est replacé dans son contexte géopolitique, idéologique et historique.

En abattant la figure de la résistance culturelle et linguistique bretonne, à Scrignac, à l’automne 1943, ce n’est pas qu’un prélat que les assassins du Parti communiste français ont visé, c’est l’âme de la vieille Bretagne que les héritiers des terroristes de 1793 ont voulu tuer. Ce meurtre préfigurait l’entreprise d’anéantissement qui devait suivre le coup d’état révolutionnaire léniniste auquel s’activaient les bandes rouges de Staline en France et en Bretagne, à la veille du débarquement allié.

L’objectif des agents de l’Internationale marxiste était l’élimination préventive des cadres de la résistance anticommuniste qui ne manquerait pas de s’organiser au lendemain de l’établissement d’une république bolchevique pro-soviétique dans l’Hexagone. L’Abbé Perrot, de par son charisme débordant sur l’ensemble de la Bretagne, était une cible politique évidente pour les bolcheviques.

Le martyre de l’Abbé Perrot est un legs fondamental pour l’Emsav et les patriotes bretons. Pour ceux qui luttent contre les ennemis mortels de la Bretagne, le crime scelle dans le sang du prêtre la promesse de mener le combat jusqu’à la victoire finale.

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“Celtique ?” : L’exposition coloniale anti-celtique, anti-bretonne dénoncée en termes justes par l’artiste Gwennyn

“Celtique ?” : L’exposition coloniale anti-celtique, anti-bretonne dénoncée en termes justes par l’artiste Gwennyn

[PNB] L’artiste bretonne Gwennyn a publié une réaction courageuse en réaction à l’exposition coloniale “Celtique ?”, d’inspiration franco-marxiste, au très mal nommé Musée de Bretagne, à Rennes.

A l’heure où l’exposition « Celtique ? » au Musée de Bretagne ferme ses portes et sur le point d’être démontée, je me pose la question sur les motivations réelles de ses instigateurs… Sous le prétexte de vouloir informer la société du produit de leur recherche historique (supposée scientifique et rigoureuse alors qu’en définitive, elle ne l’est pas vraiment), je ne peux m’empêcher de penser que cette expo a surtout été conçue pour mettre à mal une certaine vision de la Bretagne. Une Bretagne celtique rayonnante, aimée, ouverte sur le monde, mystérieuse et poétique dans laquelle je me reconnais. Celle qui a fait émerger tant de petits miracles : bagadoù et cercles celtiques, festivals et festoù-noz, un rêve collectif permanent chanté par nos bardes et nos héros, engendrer nos luttes et nos résistances…

Alors pourquoi vouloir casser tout ça ? Couper la Bretagne de ses origines est une manière de l’isoler, l’asservir, la rendre pauvre et crédule comme l’a fait un certain Colbert en amputant la Bretagne des richesses de la mer, de notre mère… Notre force profonde est enfouie dans cette identité celtique, poétique et fragile, mystérieuse et inclusive. Une véritable sphère d’évasion que la nuit des temps nous a offerte sur un plateau d’argent… une alternative à la raideur de la rationalité latine. Être celtique, c’est écouter son cœur mais c’est aussi faire preuve de raisonnement, comme l’a démontré nombre d’historiens qui se sont exprimés sur le sujet. En effet, la Bretagne est profondément celtique et cette identité s’exprime à travers sa langue, ses noms de lieux, des migrations hors-normes de populations celtes au 6è siècle, ses légendes et croyances (propagation du druidisme puis, influences de l’Eglise d’Irlande), ses paysages et même des maladies génétiques (Hémochromatose)…

Alors… pourquoi ? Peut-être parce que ces historiens avaient besoin d’une certaine reconnaissance auprès d’une pseudo intelligentsia et que ces thèses correspondent aux supputations idéologiques de quelques Jacobins qui se battent en duel, quelque part à Paris, et qui ont la main mise sur les éditos de certains journaux nationaux. Peut-être…

En tout cas, je leur souhaite bon vent… et leur suggère une nouvelle idée d’expo : « Corse ? » à Ajaccio, ou « Basque ? » à Bayonne qui devrait avoir son petit succès également…^^

Alors, « Kenavo, hep distro » 

L’artiste Gwennyn a dit beaucoup de choses pertinentes, de l’ordre de ressenti et de l’instinctif. Ce qu’elle touche du doigt, sans le nommer, est simple à désigner : il s’agit de l’impérialisme du centre parisien, camouflé sous les oripeaux de l’idéologie civilisatrice des droits de l’homme, religion d’état française dont le mandarinat universitaire pense encore, comme la Sorbonne au Moyen-Âge, être tout autant le gardien que le missionnaire. Elle pense fixer le vrai et le faux, l’objectif et le subjectif, dire, implicitement, le licite et l’illicite, donc dicter l’histoire. Pour cette verbeuse université parisienne, les Bretons, sauvages jadis, ploucs aujourd’hui, doivent assumer leur qualités non-sujets historiques, se tenir silencieux, écouter et découvrir ce que eux et leur patrie sont vraiment et se contenter de n’être que l’extension de la volonté de ce mandarinat et du centre parisien qu’il sert. Car enfin, il faut bien l’université parisienne aux Bretons pour apprendre qui ils sont. 

En réalité, la France n’est plus rien, ou presque, et certainement pas une puissance en mesure d’impressionner intellectuellement, et encore moins spirituellement, les Bretons. Il n’existe probablement pas dix Bretons qui rougissent de honte devant la France, en 2022. Le temps est loin où notre peuple, sciemment plongé dans la continentalisation par Louis XIV, pouvait être limité, empêché par la force à notre seule frontière orientale avec la France, donc, à son horizon intellectuel. L’horizon spirituel des Français, c’est Cyril Hanouna. Cela suffit à clore les débats sur la question.

Les Bretons, quoique prisonniers d’une puissante aliénation sous l’effet de la colonisation française séculaire, ont retrouvé, au terme d’une révolution culturelle initiée dès l’émergence de la chouannerie, puis portée par le régionalisme au 19e siècle et enfin l’Emsav au 20e, un réel sentiment de fierté ethnique en l’espace de quarante ans, ce qui, ramené à l’échelle du temps long, est un redressement remarquable. Ils sont face à un vaste chantier de reconstruction nationale qui, en effet, balbutie, mais qui existe. Si la Bretagne n’est pas un autre Limousin, c’est bien grâce aux héros de la résistance nationale et culturelle bretonne.

Cette exposition est une opération verticale, du haut vers le bas, de Paris vers la Bretagne, qui vise, en réaction, à intimider, démoraliser le peuple breton en le faisant douter de ce dont il a pris conscience, de diaboliser ses nouvelles certitudes, de fragiliser la conscience de lui-même qu’il s’est forgé contre les efforts de l’Etat français et de son intelligentsia orgueilleuse. C’est, pour tout dire, une reprise en main coloniale symbolique de la part de l’Etat français.

Cette exposition n’est qu’un procès auquel la nation bretonne refuse de comparaître. Bien plutôt, c’est la nation bretonne qui prépare celle de l’Etat français en Bretagne.

La patrie des égorgeurs de 1793 n’a rien à enseigner aux Bretons, et encore moins la honte de leur propre peuple. En 2022, les Bretons ont appris ceci : les nations subordonnées par la France ont pris conscience d’elles-mêmes, se sont relevées, ont craché au visage du colonisateur et l’ont chassé. Il doit en aller de même en Bretagne, une fois les Bretons pleinement conscients de leur nationalité, pleinement déterminés à redevenir les maîtres de leur patrie. Petite patrie ? Certes, nous ne prétendons pas réformer l’univers, bouleverser les équilibres mondiaux, ni créer de bulle coupée du monde. Nous sommes parfaitement lucides. Mais la modestie ne doit pas mener à l’effacement, ni au reniement. Nous entendons, par respect pour nous, nos enfants et nos ancêtres, être les ordonnateurs de notre réalité, de notre terre, de ne pas tolérer de mainmise étrangère chez nBs. Bref, de chasser le pouvoir français, avec toutes ses marques, loin de Bretagne. Que ce pouvoir se console, il lui restera 63 millions de Français à gouverner et un territoire amputé de 5% de sa masse actuelle. La France, si sûre de sa force, considérera cela avec confiance.

Les Français se passent des jugements des Bretons à leur égard dont ils n’ont, à juste titre, que faire. Les Bretons ne doivent pas avoir une attitude différente. L’heure de la séparation formelle est venue. Ce que les Français feront de leur destin leur appartient. Les Bretons, eux, ne doivent pas se laisser usurper le leur par un état fini. Ils ne doivent pas davantage tolérer l’insulte faite à leur nationalité.

Le courage de l’artiste Gwennyn réside dans le fait qu’en ces temps de relativisme culturel obligatoire et de cosmopolitisme bourgeois à peu de frais, la défense d’un peuple historique est devenu, à cause de l’antiracisme de pure façade du système impérialiste, un moyen facile de faire taire les nations assujetties par Paris. Le colonialisme légitimé au nom de l’antiracisme, la France l’a pensé, l’Etat français l’a fait. 

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En ce 6 décembre 2022, 101 après la naissance de l’Irlande libre, réflexion sur la voie bretonne à suivre

En ce 6 décembre 2022, 101 après la naissance de l’Irlande libre, réflexion sur la voie bretonne à suivre

[PNB] En ce 6 décembre 2022, les patriotes bretons regardent vers l’Irlande qui, il y a 101 ans, proclamait la renaissance de son état, l’Etat libre irlandais, au terme d’une campagne armée de deux années et demi contre l’occupant anglais. Le traité, qui prévoyait la partition de l’île, a laissé l’Irlande du Nord sous occupation britannique jusqu’à aujourd’hui, ce qui provoqua, dès la signature du traité, une guerre civile entre nationalistes qui ne se terminera qu’en 1923 avec la défaite des forces anti-Traité. 

Comme l’évoque Fransez Debauvais lui-même, fondateur de Breiz Atao et du Parti Autonomiste Breton, sans l’exemple irlandais de l’insurrection de 1916 et la guerre d’indépendance de 1919-1921, les nationalistes bretons n’auraient pas formulé leur programme de rupture si nettement dès les années 1920. L’exemple irlandais eut une énorme puissance de suggestion sur les Bretons les plus conscients de leur nationalité. Indubitablement aussi, c’est l’IRA et la figure de Roger Casement qui poussèrent Célestin Lainé à croire en l’action armée clandestine comme méthode victorieuse contre une puissance impérialiste, la France, qui écrasait, et continue d’écraser, notre nation. C’est cet exemple qui le poussa à recréer la base d’une armée nationale bretonne, contre vents et marées. C’est aussi cet exemple qui déboucha sur la formation du Front de Libération de la Bretagne, avec la génération suivante.

Aujourd’hui, toutefois, si l’on ne peut que réaliser le succès politique de l’Irlande, le succès de la révolution irlandaise est en demi-teinte. L’Irlande est devenue ce que l’on peut appeler une néo-colonie du système occidental que rien ne sépare fondamentalement des autres états occidentaux. L’Irlande n’a pas, hélas, retenu les qualités de sa personnalité nationale et s’est amplement dissoute dans la culture globale américano-centrée. Tendance puissamment accélérée par la langue anglaise, dominante en Irlande, et par sa puissante diaspora américaine – 30 millions de personnes – dont le plus éminent membre n’est personne d’autre que l’actuel président américain Joe Biden.

La si catholique Irlande de Saint Patrick, l’évêque breton, s’est déchristianisée à rythme rapide. La légalisation de l’avortement ces dernières années l’illustre parfaitement, portant un coup brutal à une natalité irlandaise déjà en difficulté. Dans le même temps, sommé par le consensus politique socialiste-libéral de suivre le programme bruxellois, le pays devient un comptoir cosmopolite où les sièges sociaux des entreprises internationales se concentrent à Dublin, tandis que l’immigration du tiers-monde est puissamment encouragée pour remplacer les consommateurs et employés de service peu qualifiés que le peuple irlandais, rongé par l’individualisme et le consumérisme, n’offre plus, faute d’enfants.

Une révolution politique est le résultat d’une révolution sociale et culturelle provenant du peuple, instruit et guidé par une poignée de révolutionnaires déterminés. Les révolutionnaires irlandais n’ont pas eu de véritables descendants et l’héroïque épopée de 1916-1921, ainsi que celle d’Irlande du Nord lors des “troubles”, n’a pas empêché à l’Irlande de s’effacer progressivement au même rythme que les autres états occidentaux. 

C’est un enseignement important pour l’Emsav et le Parti National Breton. Bien entendu, l’Irlande reste dans une position infiniment plus enviable que celle des Bretons soumis à la France, en 2022. Ils disposent d’un état, ils ont conscience de former une nation. Toutefois, il s’agit bien de sauver l’essence de la nation et non pas seulement de dupliquer les institutions de l’état occupant sans refonder intégralement l’ordre social sur les valeurs réellement nationalistes que doit porter l’Emsav. L’Irlande, de ce point de vue, reste un état celtique à bâtir, spirituellement, linguistiquement, socialement, tout comme la Bretagne, à ceci près que l’Irlande n’est plus entravée par l’impérialisme anglais et peut, si elle le veut, opérer cette seconde révolution, celle des âmes, pour accoucher de l’Erin de Padrig Pearse.

Humilité toutefois, pour nous Bretons, qui avons manqué de sagesse en ne suivant pas nos héros de l’Emsav avec la même force que nombre d’Irlandais, à partir de 1919. Nous devons nous remettre au travail, conscients de nos erreurs historiques, et hâter l’œuvre de libération de notre vieille terre de Bretagne en réveillant la conscience nationale des Bretons, ou d’une fraction d’entre eux qui puisse, à l’heure cruciale, arracher la patrie de la mort que lui promet la France. Car la France, c’est la mort. En 2022, le Parti National Breton se tient fermement prêt à la lutte pour la liberté de notre nation. Beaucoup de choses se joueront durant cette décennie et prendront un tour décisif durant la décennie suivante. Pour nous, Bretons, 2032 doit être une date cardinale de rupture historique, cinq siècle après le coup d’état de 1532.

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Doctrine du nationalisme breton : Fransez Debauvais, père fondateur de la nation bretonne moderne (Chapitre 2)

Doctrine du nationalisme breton : Fransez Debauvais, père fondateur de la nation bretonne moderne (Chapitre 2)

[PNB] Le Parti National Breton poursuit la publication du portrait et de l’action de Fransez Debauvais, père fondateur de la nation bretonne moderne. Il s’agit d’un travail essentiel de formation politique. Chaque militant, chaque sympathisant, chaque patriote breton doit connaître et comprendre la tradition de l’Emsav, comment cette tradition s’est formée historiquement pour accoucher de la conscience nationale en action, et à qui ils le doivent. Les Bretons doivent à Fransez Debauvais, par son action et sa pensée, plus qu’à tout autre, la constitution de cette conscience. Sans Fransez Debauvais, Breiz Atao n’aurait pas pu avoir la profondeur de pénétration qu’il a eu et a encore, comme capital historique agissant, et l’Emsaver doit parfaitement le comprendre. Ce portrait, paru dans Ar Vro Gwirionez, en 1961, illustre toute la force d’un homme ayant consacré sa vie à un seul but : la liberté de la nation bretonne. Il permet aussi de comprendre que les acquis historiques de l’Emsav, à partir de 1919, l’ont été contre un vaste cartel politico-médiatique au service de Paris et de l’Etat français et qu’en dépit de l’extraordinaire disproportion des forces, Fransez Debauvais, guidé par une volonté de fer, a invariablement fait face aux attaques féroces des Français et de leurs agents. Les nationalistes bretons du 21e siècle affrontent des circonstances nouvelles auxquelles ils doivent répondre à la lumière de leur époque, mais sans perdre la chaîne historique qui constitue l’Emsav. Il n’y a pas de génération spontanée, leurs bras sont le prolongement actuel d’une pensée dont le créateur, certes avec d’autres, car le nationalisme n’est pas une aventure solitaire, est Fransez Debauvais. C’est en fidélité d’esprit avec les pères fondateurs que le Parti National Breton présente l’homme à qui la nation doit tant.

Dans son premier numéro de l’année 1935, Breiz Atao fait le point :

« Le soleil pâle de l’an nouveau se lève sur notre vieille terre bretonne. Encore une année de lutte qui s’achève pour allonger derrière nous tes annales de notre effort ! Les jeunes gens de 1919 sont devenus des hommes. Mais d’autres jeunes gens sont venus depuis, plus nombreux, plus instruits des choses de leur pays, et surtout mieux armés le détendre et le conduire. Ceux qui parlent da relèvement breton comme d’une tentative stérile et comme d’un « mouvement immobile » ferment volontairement les yeux sur les résultats prodigieux de nos seize années de travail. Rarement, on peut même dire jamais, aucun mouvement de réveil national n’a, comme le nôtre, en si peu de temps, réussi à modifier aussi profondément que nous l’avons fait l’âme peuple. Aucun n’a, en seize ans, bâti une doctrine politique d’affranchissement et jeté les bases d’une culture nationale, fixé une langue et donné naissance à une littérature renouvelée. Aucun, en quelques années, n’est passé des rêves imprécis des poètes aux dramatiques réalisations des sociétés secrètes. Ces considérations doivent nous remplir de fierté et de confiance. Ceux qui se plaignent de la prétendue maigreur des résultats obtenus ne se font aucune idée des choses. Voudraient-ils voir en 1935 des bataillons autonomistes défiler dans les rues, alors qu’en 1915 il n’existait peut-être pas dix Bretons assez conscients de leur personnalité nationale pour mettre en doute la légimité des services militaires qu’ils rendaient à ta France ? En réalité. le mouvement breton progresse aussi vite qu’il peut le faire sans danger. Déjà la distance qui sépare la jeune génération de celle qui, il y a trente ans, a mené de son mieux le bon combat, se met à ressembler à un fossé. La Bretagne, qui a besoin de tous ses fils, n’a aucun intérêt à ce que ce fossé s’élargisse. Pour que les anciens maintiennent le contact, pour que le peuple suive, il ne faut pas prétendre, en Bretagne, faire en vingt ans ce que les Flamands ont tait en cent ans et les Tchèques en deux cents ans. Le mouvement breton marche, et marche bien, un certain travail de classement des idées, des programmes et des personnalités s’est accompli depuis 1932. Nous arrivons à une sorte de stabilisation des groupes : nationalistes purs, fédéralistes, régionalistes, catholiques, laics, défenseurs de la langue en dehors de toute politique, releveurs des arts bretons, tous s’efforcent sur leur terrain particulier et avec leurs méthodes propres à atteindre les buts qu’ils se sont fixés. Nous avons ici assez conscience des intérêts supérieurs de la Bretagne. Nous nous sentons assez sûrs, assez torts pour envisager cet état de choses avec sérénité, et même nous en rejouir. Le relèvement de la Bretagne sera sans doute stimulé, conduit, pris en main par une minorité d’élites, capable et fanatisée. Mais il sera l’œuvre de tous les Bretons, de tous les bons Bretons, directement ou indirectement. Chacun de ceux qui sent dans sa poitrine un cœur breton, sans plus, fera sa pierre à l’édifice. Car, malgré nos divergences, nous sommes tous solidaires. Tous nous aimons ta Bretagne passionnément ; tous nous sommes prêts à lui sacrifier quelque chose. Et si. par malheur, l’aveuglement des passions partisanes nous taisait oublier que nous sommes les soldats d’une même cause, l’adversaire se chargerait bientôt de nous le rappeler. A ses yeux, il n’est ni régionalistes, ni fédéralistes, ni séparatistes, ni blancs, ni bleus, ni rouges, ni jeunes, ni vieux, il n’est que des sales caboches de Bretons qui ne veulent pas s’incliner… II n’est, comme le dit la voix populaire, que des “Breiz Atao !”.”

La politique fondamentale du P. N. B. va rester la « politique irlandaise L’exemple du « premier peuple celte à avoir recouvré sa liberté ne pouvait manquer d’inspirer les patriotes des nations-sœurs et B. A. célèbre l’anniversaire de l’insurrection de 1916 avec autant de piété et de flamme que les vétérans qui défilent. à Dublin, devant le General Post Office pour les cérémonies du Lundi de Pâques. Le numéro spécial de B. A. du 12 mai 1935 (no 223). imprimé sur six pages et totalement consacré à l’exemple irlandais, contient, sous le titre Commandements de Pâques, un texte signé J. La B.. qui indique la voie que suivra, sans désemparer, le mouvement des années d’avant-guerre. Il doit être largement cité :

« Il faut, dès à présent, songer où peut nous mener Breiz Atao. Aucun peuple n’est parvenu à se débarrasser de la domination étrangère sans souffrances et sans morts. La valeur de la foi patriotique d un homme se mesure à sa volonté de sacrifice. Le mouvement breton a longtemps piétiné parce qu’il jamais eu recours aux actes de courage libérateurs. La semaine de Pâques 1916 a tait en Irlande la rupture morale nécessaire. Le mouvement breton a trop longtemps reculé devant les ruptures morales nécessaires. Que vaut donc notre cause ? Où sont nos procès, nos prisons, nos blessures ? De toutes les leçons dont nous avons besoin en Bretagne, les leçons de courage nous font le plus défaut. Le premier bonheur, pour un peuple, c’est la liberté nationale, elle vaut d’être payée. La peur ne mène a aucune victoire. L’idée de mourir pour la Bretagne doit nous être aussi familière qu’à d’autres celle de mourir pour la France, l’Italie ou l’Irlande, un certain état d’esprit doit naitre chez nous, très élevé, très pur, très ardent, très mystique. Nous nous lèverons pour détendre nos métiers et nos champs. Mais nous risquerons le principal dans une autre pensée. On offre sa vie par amour ou par orgueil. jamais par intérêt. Il nous est égal de passer pour des tous, des criminels auprés de rieux hommes lâches qui sous le couvert de l’Etat organisent er inutiles massacres de jeunes gens. Notre devoir est de préparer le peuple breton aux événements inévitables. Il n’y a ni une année, ni une heure à perdre, si nous ne voulons pas qu’un jour se renouvelle la honte de 1914. Les Irlandais, de 1916 à 1922, ont payé leur indépendance d’un millier de morts. Les Bretons ont payé avec deux cent quarante mille cadavres le renouvellement de leur bail de servitude. Qui sont les fous ? Qui sont les sages ? Et le peuple breton nous suivra parce que nous savons ce que nous voulons. On a dit asse: aux Bretons que leur pays se mettrait et que c’était dommage. Ils le savent très bien, jusque dans la dernière chaumière. C’est un plan d’action qui les intéresse, un but idéal n’est jamais qu’un beau rêve. Le sérieux du mouvement breton réside uniquement dans les possibilités de réalisation qu’il offre. Nous. nous avons tout pesé, tout examiné, nous offrons une voie, le peuple le sent bien. Les notions de droit et de justice ne sont que des clauses de style quand elles ne sont pas appuyées sur la force. Le peuple rit des « modérés » qui comptent sur la moralité des états pour obtenir justice. Notre seul argument valable est la force. Si nous ne pouvons disposer de la force, nous comptons pour rien. Si. disposant de la force, nous assurons notre adversaire que. quoiqu’il arrive, nous ne tirerons jamais un coup de fusil, c’est comme si nous lui disions ; ne cédez rien. vous ne courez aucun danger. Seule une préparation visible et réelle à l’action de force peut donner un poids à la menace que nous représentons. Seules, en tin de compte, les grenades et les balles ont fourni aux Irlandais l’état, c’est-à-dire le moyen de sauver leur langue et d’organiser leur vie nationale. Il ne s’agit pas de nous soulever demain, ou après-demain, mais de savoir clairement où nous allons. De ne pas nous tromper nous-mêmes. Il s’agit d’étre prêts et d’inspirer confiance au peuple, parce qu’il nous sentira prêts. Et nous triompherons. Nous triompherons parce que nous serons toujours les plus forts en Bretagne, tant qu’il n’y aura pas au moins 3,300,000 Français installés sur notre sol à côté des 3,300,000 Bretons. Nous triompherons. parce que nous avons retrouvé le sens de la mission héroïque de notre race. »

On ne peut être plus clair.

En Octobre. P. G. annonce dans B. A. qu’une section de Bagadoù-Stourm sera créée pendant l’hiver à Rennes, et le 29 décembre le journal fait connaitre que la section vient de faire sa première sortie d’entraînement dans la campagne rennaise.

Il est évident que l’action nationaliste ne pouvait manquer de mettre bien des personnes, officielles ou non, en émoi, une campagne de presse va bientôt être déclenchée contre B. A.. dont les deux principaux protagonistes seront les journaux rennais La Province et Les Nouvelles Rennaises. La Province, journal de droite dirigé par Delahaye, affiche des sympathies royalistes, tandis que Les Nouvelles Rennaises,
dirigées par Etienne Nicol, sont laïques et républicaines, mais toutes deux se retrouvent côte à côte pour lutter contre les autonomistes. Il faut d’ailleurs dire que M. Delahaye ne se décida à passer à l’attaque que lorsque tous ses efforts pour embarquer les nationalistes dans la galère provincialiste de la Restauration eurent échoué : B. A. parlera même de ses premières attaques comme de la « fin d’une encombrante sympathie (17 février 1935)”. L’occasion. sinon la raison. de la campagne fut l’affaire du Monument. On sait que le 7 août 1932. Gwenn-ha-Du avait fait sauter le monument qui, dans la niche de l’Hôtel de Ville, prétendait célébrer l’ Union de la Bretagne à la France attentat dont Breiz Atao faisait célébrer, et continuera à faire célébrer, l’anniversaire par des feux de joie sur les sommets de Bretagne. Au début de 1935, à l’instigation, dit B. A., des services officiels, certains membres de la municipalité rennaise se mirent en tête de refaire un monument et firent attribuer une subvention de francs, pour études. à l’auteur du bronze détruit. Jean Boucher : Breiz Atao dit clairement ce qui allait se passer : « Peut-être (le monument) pourra-t-il étre inauguré. Peut-étre pourra-t-il demeurer quelque temps. mais nous savons que tout monument de l’union, fût-il gardé de jour et de nuit par une garde armée, sera détruit. Il est encore temps pour le Gouvernement français et pour la Municipalité de Rennes de ne pas transformer la place de l’Hôtel de Ville en camp retranché. »

Ce fut alors que La Province et Les Nouvelles Rennaises lancèrent une campagne qui ne devait cesser qu’avec l’interdiction de B. A.. et encore ! — campagne d’une violence inouïe qui ne reculait devant rien : La Province n’écrivait-elle pas que Breiz Atao aurait la pensée folle de rattacher la Bretagne l’Allemagne, comme la Sarre » (février 35). Car le trait distinctif de cette campagne fut bien qu’elle se refusa toujours à discuter honnêtement et sérieusement de la position nationaliste, mais n’eut d’autre but, ni d’autres moyens, que de représenter les nationalistes comme d’infâmes traitres vendus à une puissance étrangère. La sollicitude des services préfectoraux de M. Bodénan fait que la campagne s’étend et s’amplifie : Le Nouvelliste, le journal catholique imprimé à
Rennes, y va de son petit couplet sur les agents de l’Allemagne (mars), puis les ténors de la “grande presse” s’en mêlent : Marianne, Le Miroir du Monde, Le Temps avec Wladimir d’Ormesson ; M. Bouilloux-Lafont, dans son journal Le Finistère, ne souffre d’ailleurs pas d’être en reste, pas plus que La Dépêche de Brest avec M. Dupouy. Les attaques sont d’une telle violence que Debauvais, répondant à un article de E. Nicol, peut déclarer (29 mars 35) qu’il ne s’agit rien moins que d’un “appel à l’assassinat”. Puis les services de police interviennent : en Octobre la vente de B. A. est interdite à Paris sur la voie publique et le journal, noté parmi les publications…pornographiques, est également interdit dans les bibliothèques des gares : les vendeurs de B. A. à la criée se voient menacés de sévices. Dans le 6e arrondissement. il y a même une interdiction de vente et d’exposition dans tous les dépôts de journaux. La gendarmerie, en Bretagne, intervient pour empêcher des réunions publiques et en décembre. au projet de loi contre les Ligues, on adjoint une phrase réprimant les « atteintes à l’intégrité du territoire national phrase qui n’est évidemment pas faite pour les ligues, quelles qu’elles soient ! En février 36, la vente, distribution, etc…. de B. A. sont interdites au Maroc par le Commandant des troupes françaises, le général d’armée Corap, auquel il fut évidemment plus facile de chasser un journal autonomiste des kiosques marocains que d’arrêter les Allemands à Sedan en 1940 : c’est en effet ce même général Corap qui fut relevé de son commandement en pleine bataille (15 mai 1940) et publiquement flétri par M. Paul Reynaud au Sénat (21 mai).

Rien ne peut blesser autant les leaders nationalistes que ces accusations de trahison qu’on leur jette au visage, eux dont toute la vie, dont toute la lutte au milieu d’une atroce pauvreté, sont inspirées par une loyauté sans défaillance, par le patriotisme le plus pur. Que des journalistes « alimentaires » les salissent ainsi, peut, au fond, leur chaut : ce qui leur fait mal c’est que des Bretons, de ces Bretons auxquels ils sacrifient leur vie, puissent, de bonne foi, penser d’eux qu’ils sont des traitres, et non pas les plus fidèles des hommes. Brython, inspiré par le calvaire de Roger Casement, aura. pour les drames qui viennent, un très beau poème ( 12 mai 1935) :

Roger Casement

LE FELON

Dédié à la mémoire de Roger Casement, héros de l’indépendance irlandaise, pendu comme traitre par les Anglais.

La mer en s’en allant
M’a laissé sur le sable.
Par devant moi, nuit,
Le vent,
Et les trous noirs des fusils.
Je suis le grand félon porté par les flots gris.
Je n’aurai ni mon heure, ni mon jour.
J’ai choisi de tomber comme un chien qu’on abat.
Mon corps dans les orties, les ronces, et soUs les mouches.
Après, un tas de sable jaune, avec une croix de bois sans nom.
Il n’y aura pas de fleurs, jamais.
Et ma mère ne viendra pas.
Mes pieds RUS sur le sable froid
Comme le ciment qui m’attend, derrière la grille,
Où de mes plaies tombera goutte goutte
Mon sang,
Quand je lirai ma joie
Dans Vaube rouge de mes yeux clos.
Seul, face au fer, j’ai lancé mon cri d’homme traqué.
Béte acculée.
J’ai des frères : ils ont chanté pour ne pas m’entendre
Et mis leur tête entre leurs mains.

Cherchez dans les taillis avec vos lanternes,
Battez les branches de vos fusils,
Tirez !
D’autres viendront, portés par les flots gris,
Et mettront leurs pieds nus sur le sable,
Pour tomber eux aussi.
Tout est fini.
Mon corps est allé à la terre.
On se donnera bien du mal pour en retrouver les débris,
Dans des tamis,
Plus tard, quand on viendra le chercher avec des drapeaux
Et des fanfares.
La gloire !

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Doctrine du nationalisme breton : Fransez Debauvais, père fondateur de la nation bretonne moderne

Doctrine du nationalisme breton : Fransez Debauvais, père fondateur de la nation bretonne moderne

[PNB] Le Parti National Breton, fondé en 2021, n’est pas le fruit d’une anomalie ou du hasard, il doit être, il est le porteur d’une tradition nationaliste qui, hélas, avait été effacée pendant près de 50 ans par deux influences françaises, également toxiques et mortifères : le régionalisme et le marxisme, lesquels, en pratique, subordonnent Breizh, la nation bretonne, à la société française et à ses conceptions, préjugés et erreurs. Cette tradition est celle du nationalisme, de Breizh pour elle-même, par opposition à la Bretagne sous conditions. Nous voyons ainsi, dans ce droit fil de la colonisation française et de l’alignement régressif sur la société française portés par certains acteurs, qu’il faudrait servir la Bretagne, certes, mais dans le cadre français et surtout, “à gauche”, laquelle a d’ailleurs amorcé un spectaculaire déclin. Le nationalisme breton ne voit pas dans chaque Breton un partisan, de gauche ou de droite, il voit dans chacun d’entre eux un compatriote qui peut, s’il acquiert la pleine conscience de sa nationalité, servir notre vieille Bretagne du mieux de ses capacités. C’est ce qu’a très tôt proclamé le nationalisme breton organisé, tout d’abord en 1911 avec le Parti Nationaliste Breton, puis, en 1927, le Parti Autonomiste Breton et enfin, à partir de 1931, le Parti National Breton. Cette solide tradition nationaliste ne peut, ni ne doit être oubliée car sans elle, il ne peut y avoir de réveil de la nation bretonne. Autrement dit, les Bretons ne peuvent échapper à leurs pères fondateurs. 

Parmi les pères fondateurs de la nation, Fransez Debauvais est indubitablement l’une des figures, sinon la figure la plus éminente. Sans Fransez Debauvais et son activisme sacrificiel, la nation bretonne n’aurait pas pu formuler les bases de son idée nationale dans les faits. Les Bretons en seraient restés aux vieilleries pittoresques de carte postale et à la Paimpolaise. Lorsqu’un phraseur qui se prétend de l’Emsav – ils ne le sont jamais – ose s’en prendre, à 80 ans de distance et seulement en mots, à des hommes tels que Debauvais, il faut toujours se demander : “Mais lui, qu’a-t-il fait de si décisif pour notre patrie qui lui permette de toiser impudemment le père de l’activisme nationaliste ? Qu’apporte-t-il à la table de l’histoire de la Bretagne ?”. La réponse est invariablement la même : rien, le néant. Que celui qui tente de mordre les talons du vieux chef breton soit remis à sa place, sans manière, par les nationalistes, ramené à son insignifiance verbeuse, car, à travers ces attaques, c’est de la tradition nationaliste elle-même qui est attaquée, tradition sans laquelle il n’y aurait pas de question nationale pour commencer.

L’article qui suit est la première partie d’un portrait paru en 1959 dans Ar Vro Gwirionez, revue d’études bretonne, qui donne l’éclairage nécessaire sur la personnalité héroïque du fondateur de nation qu’est Fransez Debauvais, figure dans les pas de laquelle, un siècle plus tard, le Parti National Breton poursuit l’action nationaliste, avec la conscience du capital historique dont il est l’héritier et le reformulateur obligé, au 21e siècle. Il ne s’agit pas de nostalgie, mais de transmettre la plus longue histoire du nationalisme breton en action.

De tous les serviteurs de la Bretagne — de tous ceux qui consacrèrent à la Bretagne chaque minute de leur vie et surent encore. tout simplement mourir pour elle — Fransez DEBAUVAIS restera parmi les meilleurs, et sur la tapisserie parfois terne de notre histoire. la figure de cet humble enfant du peuple breton se détachera toujours dans un rayonnement extraordinairement pur : car si d’autres eurent peut-être plus de talent. ou plus de chance que lui, peu eurent autant d’abnégation et aussi loin le sacrifice d’eux-mêmes. Et c’est cela que, parmi les héros de notre nation, Fransez Debauvais restera, aussi longtemps qu•il y aura des Bretons en Bretagne. l’un des plus grands.

On a parfois reproché au mouvement breton d’avoir été enfanté par une romantique en mal de renouvellement. Frafisez Debauvais. fondateur et président du Parti National Breton, était un fils du peuple. Il était né à Rennes, le 31 janvier 1903. dans la populaire et populeuse rue Saint- Malo. la rue Haute comme il aimait à dire dans son parler vieux-Rennais. rue des marchandes de galettes et de gros pâté. où la langue avait, et a toujours. son inimitable accent et son incomparable saveur. Son père. trés simple. était préparateur en pharmacie, chez un qui. a vrai dire. passait une txmne part de son temps à versifier. et dont il n’est pas exclu que les bretonnes compositions aient pu influencer le jeune Debauvais. tant il vrai que les voies du Seigneur sont multiples et mystérieuses. Sa mère déballait c’est-à-dire qu’elle vendait tissus et dentelles sur les places publiques. et Debauvais, qui très tôt quitta l’école. fit avec elle les marchés de la région, jusqu’à Janzé et Châteaugiron.

Qu’est-ce qui attira Debauvais à la Bretagne ? L’école ? La rue d Ech n était ni meilleure ni pire qu’une autre. mais ce n’est assurément pas là qu’on préchait le nationalisme. Les lectures ? Il est certain que les romans de Paul Féval eurent sur lui beaucoup d’influence, mais est-ce assez décider d’une vie ? Peut-étre tout simplement cet atavisme qui faisait dire, quelque trente ans plus tard, à O. Mordrel, s’adressant au Tribunal de Rennes, qu’il y aura chez nous des rebelles tant qu’il y aura des landes et des pommiers — et aussi sans doute ce commerce quotidien et intime avec le petit peuple de la rue de Brest ou de la rue Saint-Mab. et des campagnes argileuses du pays rennais.

C’est, paradoxalement, en pleine Grande Guerre, en pleine gloire de la Marne et de Verdun, à une époque où la presse et la chaire étaient au quotidien service d’un français exacerbé, que Fransez Debauvais, solitaire et isolé de tout groupuscule breton, trouva le chemin de la Bretagne et se mit à rêver qu’un jour pourrait lui être rendue cette indépendance dont on lui avait depuis longtemps caché qu’elle eut été sienne. De temps à autre il osait livrer à ses camarades le secret de ses pensées : ceux-ci ecarquillant les yeux sans comprendre. Sans comprendre ? Qui sait ? plus d’une fois que, du fond de ces venelles rennaises ou les langes des gosses séchaient sur une ficelie tendue au-dessus d’un toit, d’une fenêtre à l’autre, venus vers Breiz Atao ses militants les plus ardents et les plus décidés.

En avril 1916 c’est le soulèvement irlandais. La presse — il faut relire les journaux — se déchaine contre « ces traitres à la solde de l’Allemagne qui osent frapper dans le dos, etc., etc.. Mais Dehauvais n’est pas de ceux qui se laissent mener, même par le quotidien d’information du matin : c’est un meneur. Et, à la nuit tombante, il s’en va placarder sur les murs de la capitale endormie son cri de patriote breton : « Vive l’Irlande : protestation que les gens sages trouveront d’une ridicule inefficacité — d’une ridicule inefficience, pour utiliser un terme à la mode — mais protestation qui, symboliquement, l’unité du monde celtique et la primauté, pour la Celtie, de ses problèmes, et montrait, et allait montrer. une fois de plus, que le sang des martyrs n’est jamais versé en vain.

Vingt ans plus tard. lui-même rappelait —dans Breiz Atao (12 mai 1936) : “C’était pendant la guerre. Mes sentiments de Breton séparatistes étaient à rude épreuve. Dans mon âme d’enfant, je sentais que la Bretagne était en train de perdre une grande occasion. J’attendais de l’lrlande un geste que mon pays ne faire. Sans réfléchir je sentais que l’lrlande, elle, ne manquerait l’occasion. Je guettais dans les journaux la moindre nouvelle la concernant. Un jour je lus qu’un bateau allemand — c’était l’Aud — avait éte depisté par les Anglais. C’était trois avant jour avant Pâques. Alors je fus certain que l’Irlande allait se soulever. Je le dis à mon père qui n’y attacha aucune importance. Mais moi, chaque jour, j’attends la nouvelle du soulèvement. Ce jour vint. Le Mardi de Pâques les journaux apprirent au monde qu’une révolte avait éclaté à Dublin. J’étais heureux. J’aurais voulu pouvoir crier ma fraternité pur les Irlandais et avec eux. La guerre, elle n’était plus à Reims ou à Arras, mais à Dublin.

« Manifester mes sentiments ! J’écrivis alors sur quelques papiers blancs, avec une petite machine écrire d enfant, ces mots : VIVE L’IRLANDE, que je collai ensuite sur un mur de la ville. Quelques jours après, le rêve était brisé, les insurgés battus, mais il y avait au moins un jeune Breton qui avait compris la leçon. Les cloches de l’armistice tendirent à la Bretagne ceux de ses fils qui n’étaient pas tombés entre I’Yser et Belfort. Ils rentraient dans un pays — au point de vue breton — totalement vide. Le premier Parti National, créé en 1911, avait disparu. Les journaux, les revues d’inspiration plus ou moins nationalistes s’étaient tus, presque tous. Il ne restait pratiquement rien. C’était le désert. Et c’est au milieu de ce désert que le 17 septembre 1918, dans cette vieille ville entêtée de Rennes, une poignée de jeunes garçons en culotte courte relèvent le gant et reprennent le combat en fondant le Groupe Régionaliste Breton dont lob de Roincé assure la présidence. Et c’est janvier de l’année suivante que parait le premier numéro d’un périodique dont le titre, tout un programme, deviendra vite un cri de ralliement : Breiz Atao ! (Bretagne toujours ! C’est Morvan Marchal qui fait marcher le journal. Autour de lui se freffent de jeunes talents : de Roincé, déjà nommé, Mordrel. Bricler. Desc’hard, Basset, Drezen, Monot et bien d’autres étudiants comme eux : le mouvement breton de l’époque moderne est lancé. Il eût, certes, des débuts modestes : le capital initial montait à 7 francs 50 (Congrès du P.A.B.. Rennes 1929). Mais le vrai capital n’était d’argent : il était d’idées. d’abnégation, de patriotisme et d’enthousiasme. Dès la fin de l’année (décembre 1919), une section de jeunes — de plus jeunes devrait-on dire — Unvaniez Yaouankiz Vreizh, est formée, et l’un de ses membres, qui devait devenir plus tard célèbre sous le nom de (Jeanne Coroller) Danio et tomber pour la Bretagne au champ d’honneur, met en chantier une Histoire de Bretagne, qu’illustrera Jeanne Malivel et qui sera le bréviaire du patriotisme de toute une génération. Et de Rennes, la vieille citadelle haute-bretonne, s’élève en faveur de la langue nationale une protestation qui ne faiblira jamais. En douze mois c’est vraiment du beau travail qui a été fait et le bon Tiercelin, dans sa poétique Hermine de Bretagne, ne manque pas de signaler à ses lecteurs – en termes tort sympathiques – l’existence du G. R. B. : “Bien qu’il n’ait tenu de Congrès, écrit Tiercelin, il me parait juste de signaler le Groupe Régtonaliste Breton, parce que cette organisation fera parler d’elle un jour. Dès maintenant les grandes lignes de sa propagande sont tracées : conserver à la Bretagne sa nationalité en intensifiant chez les Bretons le sentiment national ; intensifier ce sentiment par une propagande à la fois sur la Langue, le Costume et l’ Histoire ; retourner au génie celtique. seul compatible avec notre nationalité.

Tiercelin, en terminant, mettait ces jeunes gens en garde contre les outrances. II n’en avait pas besoin. Ils n’étaient partis au combat amour de la bagarre ou scandaliser le bourgeois. Ils étaient régionalistes — politiquement du moins — et voulaient, espéraient obtenir de la France ce qu’il fallait de liberté pour que la Bretagne ne meure pas. Donner à la nationalité bretonne, disait B. A. dans son no 3, “son plein développement, décentraliser, sera le plus sûr d’éviter que la Bretagne devienne pour notre chère patrie française une Irlande et une Vendée.” Si leur action prit une autre tournure, ce n’est pas eux qu’il faut incriminer, car il faut nécessairement être deux à vouloir pour s’entendre. Mais bientôt ces termes de “Breiz Digabestr”, de “Bretagne Libre”,qui donnaient aux gentils poètes de l’équipe de Tiercelin de bien agréables rimes, allaient devenir pour ces jeunes hommes devant lesquels l’avenir s’ouvrait des raisons de vivre – et de mourir !

Cest en janvier 1920 que Debauvais publie son premier article : dix-sept ans, il commençait jeune. Mais déjà. dans ces premières lignes. on voit pindre l’homme : « Les Bretons ddvent entreprendre la sauvegarde de leur patrimoine national une lutte ou tout intérêt particulier devra disparaitre devant Vintérèt général, celui de la Patrie Bretonne De telles paroles sont aisées à dix-sept ans. Ce qua est plus dilti- Cile est d’y rester toujours fidèle. Jusqu’à sa mort. et méme dans sa mort. Debauvais ne faillit pas. Sil les avait lues. je suis sûr qu’il aurait mis en exergue à son premter article les beaux vers de Fiac’ha dans le vieux récit irlandais :

Et il appela les hommes du pays de Ros. Et il leur dit :
— Faites encore votre devoir.
— Nous ne pouvons faire plus.
Et il leur dit : -— Crachez dans la paume de ma main. Ce qu’ils firent. Et leur salive était telle. que la moitié était de sang.
Alors il leur dit : Vous n’avez pas fait votre devoir car votre salive n’est pas toute entière de sang.

Ce Haut-Breton. qui apprendra vite la langue nationale — déjà on se réunit à quelques amis dans un grenier de la rue Saint-Malo apprendre les rudiments de la langue dans le vieux bouquin, si souvent réédité, de Fransez Vallée — n’oublie pas qu’il est fils du Pays Rennais. “Vous avez la langue, nous avons l’histoire !” dira plus tard, s’adressant aux Bas-Bretons, Olier Mordrel, dans une de ces formules concises dont il avait le secret. Et si Debauvais insiste sur l’unité profonde et vivante de la Bretagne, il demande qu’on ne soit pas obnubilé par la Basse-Bretagne, dont les calvaires et les costumes conduisent vite au folklorisme, et il pousse un cri d’alarme en faveur des paysans aux vestes de toile noire qui, déshérités et oubliés, n’en continuent pas moins, sur les Marches, à se montrer toujours Bretons ! Dévouement total à l’idéal national, intégration du génie politique haut-breton dans le mouvement de renaissance, voilà les deux points principaux de la première contribution de Debauvais à l’organe du nationalisme militant : quarante ans plus tard. ils sont
toujours d’actualité.

Dès ce moment. Debauvais fait figure de chef et, en 1920, ses amis l’élisent président de la section de Rennes de l’U. Y. V. Ce garçon, tout frais émoulu de l’école primaire, a su s’imposer aux étudiants et intellectuels qui forment le gros des troupes de Breiz Atao : il a le sens de l’organisation et une volonté de fer. « Avant la guerre, écrit-il en mai 1920, les nationalistes bretons ont vécu trop souvent dans le rêve et ils se sont hypnotisés la plus grande partie du temps sur des mots. Ce n’est pas en criant “Bretagne debout, mort aux Francs” que l’on refera de notre patrie une nation celtique, mais en ayant sur la masse une action rationnelle, méthodique, continue, pour faire du mouvement breton le mouvement de tout un peuple, un mouvement national. Sous l’impulsion de Debauvais. le mouvement breton cessera d’être « l’apanage de vieux messieurs bien rangés : directement. au champ ou au bistro, il ira, militant, au peuple.

11 rue Saint-Malo, à Rennes, où Fransez Debauvais installe le premier siège de Breiz Atao en janvier 1921

En janvier 1921, Debauvais devient administrateur de B. A., dont les bureaux s’installent au 11 de la rue Saint-Malo, domicile de ses parents. En juillet, Morvan Marchal démissionne, et Debauvais devient également rédacteur en chef. Il inaugure sa prise de possession par un article cinglant sur Duguesclin, que le maréchal Foch, appelé à Rennes par l’Association Bretonne, venait justement célébrer : les papillons qui couvrirent les murs de la ville à cette occasion mirent
quelque peu en question l’unanimité (supposée) des Bretons sur la valeur du Connétable. Breiz Atao a alors pris comme sous-titre “La Nation Bretonne”. A sa tète il a un comité de rédaction où Debauvais et Mordrel jouent vite un rôle déterminant. Si les bases historiques du nationalisme breton sont continuellement soulignées, l’équipe dirigeante prend vite conscience de l’importance du fait économique et grâce à Debauvais, à Bricler, à Tassel et à quelques autres, B. A. pourra faire un inventaire des richesses bretonnes, faire apparaitre les possibilités du pays, et justifier économiquement le nationalisme. Enfin. au point de vue culturel. B. A. s’adjoignait la collaboration de Fransez Vallée qui. lui aussi, restera toujours incorruptible. Bref. en peu de temps B. A. s’est imposé comme l’organe le plus valable du mouvement breton et a réussi à faire l’union de toutes les bonnes volontés : ses dirigeants peuvent donc, en 1922. afficher un réel optimisme : “Notre principal souci a été de rendre B. A. plus propre à pénétrer les Bretons instruits que vie notre propagande. Seules certaines idées préconçues, certains préjugés, basés sur l’erreur ou l’ignorance nous séparent deux : nous avons entrepris de les abattre en plaçant la question bretonne sur le terrain des faits. Nos idées ont gagné en clarté et en force de pénétration. Nous avons également entrepris de situer notre mouvement par rapport aux mouvements mondiaux qui l’intéressent afin d’en faire mieux saisir le sens et la portée. Par ailleurs, afin de permettre la diffusion de B. A. autrement que par la volonté de nos lecteurs, nous avons poursuivi notre effort d’organisation administrative et de propagande. La revue a été mise en vente dans un grand nombre de villes bretonnes, en même temps qu’ont été exposées des affiches.  Nous avons développé le service de propagande qui. tous les mois. envoie méthodiquement des centaines de numéros-spécimen dans les quatre coins de la Bretagne. Enfin nous avons commencé l’organisation de centres de diffusion là ou l’idée nationale compte des amis dévoués. Les résultats sont sensibles. Depuis juin dernier le nombre de nos abonnés a doublé, notre tirage a plus que triplé, nos dépenses et nos recettes ont augmenté de 400%.”

Au cours de l’année. Marchal revient à la direction de B. A. et, son influence et celle de Mordrel, le journal se transforme, cessant en fait d’être journal devenir revue. C’est le renouveau de l’interceltisme : on veut s’inspirer de la pensée des Celtes, retourner aux sources de la pureté primitive (ne pas oublier que les Sketla Segobrani paraissent en 1923) surtout renouer avec tous les nationalistes celtes. Marchal et Mordrel voyagent en Irlande, Meavenn ira bientôt y faire un séjour prolongé. Millardet s’y établir, on noue des relations avec l’Ecosse et surtout, en mars 1923, Bricler fait un mémorable voyage au Pays de Galles et jette les bases d’une collaboration étroite et confiante avec les patriotes gallois qui, notons-le bien, n’ont pas encore créé de Parti National, et auxquels Breiz Atao va permettre de faire connaitre leur point de vue. B. A. devient donc alors une revue d’études interceltique, avec des articles en gallois et en anglais. C’était une évolution en un soi intéressante et loin d’être dénuée d’intérêt pratique (comme on le réalisera aux jours sombres de 44-45). mais aussi, à un autre de vue, dangereuse : car B. A. cessait d’être une publication populaire et consacrait un assez grand nombre de ses pages à des langues inconnues des trois quarts de ses lecteurs, alors qu’il y avait un besoin urgent de propager le nationalisme dans les masses laborieuses de Bretagne. On s’en rendit vite compte et la direction décida alors de faire deux éditions. L’une spécialement consacrée aux questions celtiques. Mais les finances réduites d’un jeune journal ne pouvaient supporter longtemps pareil effort. Dès la fin de 1923 la caisse se trouve dangereusement vide et il faudra bien délaisser l’édition interceltique. Néanmoins, un mouvement était lancé et les relations entre la Bretagne et la Celtie ne cessèrent plus dès lors : l’interceltisme s’était affirmé comme un élément de base du nationalisme breton et son importance, nous l’avons dit, est loin d’être toujours restée théorique.

(A suivre.) 

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Breton, agis ! Rejoins le Parti !

Breton, agis ! Rejoins le Parti !

[PNB] L’heure n’est plus à la tergiversation, la nation bretonne est à la croisée des chemins. La France n’est plus qu’une ombre, sa déliquescence, désormais irréversible, n’en menace pas moins Breizh !

La patrie a besoin d’hommes nouveaux, animés de conceptions à la fois archaïques et nouvelles. Ces conceptions sont celles d’une nation bretonne consciente et agissante, à la fois enracinée dans sa tradition et projetée dans sa modernité, ce au moment même où les états, et non les nations, disparaissent, englouties par la chute finale du démocratisme individualiste et sa société utilitariste de consommation.

Breizh a besoin de héros qui portent la flamme de l’esprit antique breton pour redresser la nation. C’est ce que veut faire le Parti National Breton, en brandissant la flamme nationaliste au moment le plus obscur que traverse le peuple breton, dénationalisé, déraciné, maintenu dans l’aliénation par une France arrogante acquise à la barbarie.

Breton, tu ne dois pas attendre un miracle, mais agir avec idéal et discipline !

Chaque jour compte !

Rejoins le Parti, ton seul parti, celui de la patrie, et par ton engagement contribues à la victoire décisive de ton peuple. La nation bretonne n’aura pas d’autre chance. 

Breizh Atav !

Le Kuzul Meur du Parti National Breton

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Ni droitisme, ni gauchisme. Un seul ennemi pour la nation bretonne : l’Etat français, son régime et sa société !

Ni droitisme, ni gauchisme. Un seul ennemi pour la nation bretonne : l’Etat français, son régime et sa société !

[PNB] Depuis la Révolution française, gauche et droite françaises ont constitué les deux principaux obstacles dressés sur la voie de l’émergence de la conscience nationale bretonne. Soumise à l’Etat français et à sa bourgeoisie, donc aux contradictions de la société hexagonale, la Bretagne a été le théâtre secondaire de cette guerre civile entre droite et gauche coloniales. Le Parti National Breton s’est constitué pour dépasser cette contradiction, en se donnant pour but d’arracher les Bretons de cette dialectique franco-française et ce en les nationalisant.

La dérive gauchiste de la société française en Bretagne est bien connue. Elle entraîne organiquement la collusion d’éléments acculturés, aliénés et francisés s’autoproclamant paradoxalement “bretons” avec les diverses factions de la gauche hexagonale. La dérive droitiste, moins remarquable car beaucoup plus isolée socialement, a régulièrement tenté d’entraîner de la même façon un certain nombre de Bretons dans le camp de la réaction hexagonale. Comme une barricade n’a que deux côtés et si l’on raisonne en termes d’affrontement contre la gauche (française), les régionalistes de gauche et de droite finissent invariablement par promouvoir un rapprochement, honteux ou assumé, entre Bretons et éléments factions françaises.

A droite, les prétextes sont connus depuis un quart de siècle dans ce registre : le pragmatisme – la France d’abord, la Bretagne une autre fois – et le bougisme, c’est-à-dire l’agitation désordonnée, qui, en pratique, accouchent systématiquement de l’opportunisme pro-français. Le produit concret en est une formule hétéroclite et régionalisante où chaque Breton est convié à participer sans regard pour la théorie politique et historique, tant que l’on se classe “à droite” du spectre français. Deux notions sont habituellement convoquées pour justifier ce genre de bricolage opportuniste de la part des régionalistes de droite en Bretagne : l’opposition à l’immigration extra-européenne et une vague référence à “l’identité bretonne et européenne”. Rien de nouveau là-dedans, du Mouvement Régionaliste de Bretagne, excroissance du MNR de Bruno Mégret (Nouvelle Droite) à Jeune Bretagne (régionaliste), le droitisme fransquillon a usé de ce véhicule.  Le premier effet de cet opportunisme, c’est que se bousculent dans ce genre de boutiques droitistes des Français établis en Bretagne qui ne tardent pas à revendiquer la même légitimité que les Bretons sur leurs terres ancestrales et à appeler à perpétuer l’état de sujétion coloniale au même titre que l’ensemble des partis français et, plus encore, l’Etat français.

Très vite, dans la pratique, les affinités droitistes françaises priment la question nationale bretonne, qui n’est en réalité que tolérée en tant décorum culturel secondaire. Il n’est pas question d’affronter la France et son état, encore moins son colonialisme, mais bien au contraire de se rapprocher des éléments droitistes français pour faire “cause commune”. Mais cette “cause”, c’est la cause française, invariablement. Dans une Bretagne occupée par la France, cela revient à servir de supplétifs à l’occupant français, au profit de l’un de ses camps politiques, et donc de proroger le statu quo général.

Ce n’est pas peu dire que le thème vaporeux de “l’Europe”, en Bretagne, a agité le régionalisme depuis un siècle. Pour les fédéralistes, elle serait l’entité qui, magiquement, encagerait la France dans un ensemble capable de réduire l’ADN impérialiste de son état et desserrer son étau sur la Bretagne. Pour les droitistes du régionalisme breton, c’est un horizon que l’on exalte pour dépasser la nation française sans avoir à assumer publiquement la confrontation nationale avec la France, confrontation qui hypothèquerait les rapprochements avec la réaction française qu’ils recherchent par ailleurs. L’avantage de l’Europe, comme idée molle, c’est d’entretenir le flou artistique nécessaire à toutes les ambigüités et compromissions et d’éviter ainsi la seule question qui importe : la lutte de libération nationale bretonne.

Le Parti National Breton ne nourrit pas ce genre d’illusions. Il désigne l’ennemi en termes clairs : l’Etat français, son régime, peu importe les factions et les partis. Aucun des moulins à prières agités pendant plus de cent ans par les adeptes bretons de l’illusion européenne n’ont permis à la Bretagne de faire un seul pas en direction de la liberté et de la souveraineté nationale. En Bretagne, le mot Europe est toujours brandi par des gens qui refusent d’assumer le paradigme politique de la nation bretonne en lutte contre l’occupant français. 

Pour le Parti National Breton, la nation bretonne doit tirer les conclusions de son histoire : son salut ne viendra que d’elle seule, contre la France occupante, état et société irréversiblement condamnées à aller au bout de leur logique formulée en 1789. Former l’unité étatique ethno-nationale “verticale” des Bretons en dépassant le clivage “horizontal” droite/gauche de la société française en Bretagne est l’enjeu stratégique du nationalisme breton. Comme d’autres nations européennes, la nation bretonne doit trouver en elle la force nécessaire au salut du peuple. Cela passe par le rejet radical de l’influence française et de l’Etat français, de récuser toute participation active à la société française et encore moins de se subordonner à ses factions.

Ni gauche, ni droite françaises, Nation bretonne seulement !

Breizh Atav !

Pour le Kuzul Meur du Parti National Breton

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Maîtres ou victimes ? Réponse du PNB à ceux qui doutent de la victoire de la nation bretonne

Maîtres ou victimes ? Réponse du PNB à ceux qui doutent de la victoire de la nation bretonne

[PNB] Ceci est une réponse à un Breton sur la question de la responsabilité bretonne face à la dénationalisation des Bretons par l’Etat français. Elle permet d’éclairer l’approche morale de la question nationale bretonne par le Parti National Breton.

Premièrement, vous dites que “rien n’est à reprocher aux Français” et développez le point de vue selon lequel la force fait le droit. La force fait le fait, elle ne fait pas la justice. Si un cambrioleur pénètre dans votre domicile, vous frappe et vous entrave, puis, sous le chantage, vous convainc de lui donner les clefs de votre coffre avant de s’en aller avec votre argent, auriez-vous pour réflexe de dire qu’il est dans son droit car il sait bien voler et que tout est en ordre, ou que vous êtes la victime d’un brigand et que vous entendez obtenir justice ?

Ce qui vaut pour les personnes vaut pour les peuples. La situation des Bretons actuelle n’est pas un phénomène spontané, mais le résultat d’une politique hostile par un état criminel adepte de la rapine. Tel est le code génétique de l’état français. Culpabiliser le peuple breton d’avoir été annexé, pacifié sauvagement, exploité, mis en accusation pour ce qu’il est, c’est-à-dire un peuple celte, privé d’être ce qu’il est, reviendrait à citer à comparaître la victime d’un viol tout en exonérant le violeur. 

Lorsque vous dites qu’il ne faut pas se plaindre des agissements de l’ennemi, mais le combattre, nous vous répondons : pourquoi le qualifiez d’ennemi en premier lieu si ses agissements ne peuvent jamais être dénoncés par ses victimes ? Dénoncer l’injustice subie est le préalable à toute résistance. Contrairement à ce que vous affirmez, c’est parce que les Bretons consentent à souffrir en silence devant le fait accompli, prêtant au plus fort de l’heure le droit à l’injustice, qu’ils ne se défendent pas. En d’autres termes, les Bretons appliquent avec beaucoup trop d’application ce que vous suggérez.

Une fois que vous posez ce cadre biaisé comme préalable à la réflexion sur la situation du peuple breton, les erreurs d’analyse ne peuvent que se succéder. Vous dites ainsi que la faute “n’est jamais le fait de l’extérieur”, mais “toujours de faiblesse interne”, c’est-à-dire que les Bretons seraient les seuls responsables de leur situation présente. Ce postulat est erroné, mais comme vous portez le blâme aux pieds des Bretons, cette conclusion incorrecte est inévitable. Le peuple breton n’évolue pas dans un univers d’abstractions théoriques mais dans un espace concret où il affronte un état, avec ses contraintes géographiques, économiques, subissant les dynamiques inter étatiques, puisque lui-même dépourvu d’état, influencé par les grands mouvements idéologiques et sociaux qui façonnent les peuples et les sociétés. La combattivité du peuple breton n’est pas en cause, après un millénaire de lutte incessante contre la France d’état à état du 5ème au 16ème siècle, puis de résistance parlementaire jusqu’en 1789 et armée jusqu’en 1815. Une résistance héroïque seulement comparable à la résistance germanique à la France sur la même durée, mais à un contre dix le dos à la mer ! En vérité, peu de peuples ont tenu tête avec autant de détermination dans des condition si défavorables.

Il suffit de citer les cas de peuples qui, face au même état, n’ont pas mieux réussi que les Bretons à monter une organisation durable. Ainsi, les Alsaciens, part du peuple allemand qu’on ne peut décemment pas réduire à une masse sans volonté, ont été brutalement pacifiés, colonisés et soumis par l’empire français, avec une violence et une radicalité plus exacerbées encore que celles subies par les Bretons. En dépit d’une communauté germanique forte de 100 millions d’hommes, la rive gauche du Rhin demeure fermement entre les mains de Paris et la langue germanique alsacienne s’y éteint rapidement. Les Catalans, au sud des Pyrénées, sont à quelques années de l’indépendance nationale. Au nord, sous domination française, ils n’ont aucune vie politique organisée. Il en va de même des Basques. La Savoie, annexée au 19e siècle, en dépit d’une longue histoire étatique et d’une Suisse proche particulièrement dynamique, reste une dépendance française docile. Les Flamands, malgré la vigoureuse résistance de leurs compatriotes en Belgique, ne montent aucune opposition. Ce n’est pas dans les peuples asservis qu’il faut chercher la cause de leurs malheurs, mais dans les conditions extraordinairement défavorables dans lesquelles ils évoluent et à la nature de l’ennemi qu’ils affrontent.

Vous évoquez la “bêtise bretonne bien connue”. Les Bretons peuvent commettre des erreurs, certains d’entre eux peuvent être bêtes, plus souvent naïfs, car fondamentalement bons, généreux et bien disposés à l’égard des autres. Se plaindre que les Bretons n’aient pas le vice cynique des Latins truqueurs et calculateurs ne nous semble pas être de nature à changer quoi que soit, car demain les Bretons ne seront pas plus portés à mimer les Français qu’aujourd’hui dans ce registre. En outre, cette “bêtise” ne tient pas davantage : les Bretons du Pays de Galles sont organisés en corps de nation, bénéficient désormais d’une large autonomie intérieure, ont réussi à sauver leur langue. Ces trois millions de Gallois ont démontré ce que valent les Bretons, mais aussi ce que vaut l’état français, indirectement. Nous voyons, avec l’exemple des Bretons gallois, que c’est bien la nature de l’état ennemi qui est le facteur décisif et non pas les faiblesses ou manquements des Bretons qui, pris en eux-mêmes, n’expliquent rien.

Quelle est la nature de cet état ? Cet état reprend le contrat social de l’état romain qui articule assimilation linguistique et sociale et subordination politique. L’empire ne vient pas les mains vides. Au bâton culturel s’ajoute la carotte de l’ascension sociale offerte par l’empire aux sujets conquis.  En 1789, les révolutionnaires français ont consciemment voulu recréer l’empire romain sur les ruines de l’état monarchique français. Les penseurs de la révolution française n’en ont jamais fait mystère. Avant 1789, les Bretons, certes conquis, étaient encore reconnus comme peuple par la couronne française qui se limitait à l’antique subordination féodale des représentants du peuple breton à la personne du roi de France. Peu importe, pour le roi de France, la langue ou la nationalité de ses sujets tant que ces sujets étaient subordonnés politiquement. En abattant le lien personnel comme base de sa légitimité politique, l’état français révolutionnaire fait face à un défaut permanent de légitimité. Ce n’est plus à un monarque que va la loyauté, mais à l’état qui se veut le porteur d’un millénarisme idéologique codifié par la déclaration des droits de l’homme, véritable religion qui ne tolère aucune divergence. Toute divergence idéologique avec les proclamations de 1789 ne peut aboutir, à terme, qu’à une rupture politique, donc au sécessionnisme. Pour s’assurer qu’aucune sécession n’advienne, l’état révolutionnaire sort de l’espace politique traditionnel pour déborder dans l’espace social et culturel afin de procéder à une révolution culturelle articulant politique, idéologie et culture. Dans ce domaine, la France révolutionnaire a préfiguré toutes les expérimentations ultérieures du communisme, de l’URSS à la Chine maoïste en passant par le Cambodge des Khmers Rouges. Pour être politiquement intégré, le sujet colonisé doit devenir une simple copie normée par la périphérie culturelle du centre impérial. Il faut souligner à quel point cette massification recherchée par le système jacobin français est barbare et primitive, reposant sur un principe fondamentalement dénué d’élévation morale, réduisant l’homme à sa dimension matérielle et biologique la plus élémentaire, celui de la masse qui attire la masse, détruisant les libertés et caractères des peuples pour assouvir un délire de puissance névrotique que rien n’étanche et qu’on ne peut comparer qu’à un de ces trous noirs du vide spatial. 

Cette obligation au mimétisme par un lavage de cerveau collectif contre les groupes ethniques ciblés n’est pas négociable pour l’impérialisme français issu du millénarisme de 1789. Sinon, la fragmentation de sa superstructure idéologique et culturelle précipite celle de son état. 

Vous évoquez, dans la société bretonne sous influence française, le fait que rien, fondamentalement, ne distingue dans leurs valeurs les initiatives “bretonnes” (Diwan, etc.) des valeurs portées par la bourgeoisie française. Comment pourrait-il en être autrement quand le média (la langue) est perçue par les éléments bretons assimilés à la bourgeoisie française comme une fin en soi parfaitement dissociable de l’état de sujétion coloniale du peuple breton ? Le tropisme linguistique constitue depuis longtemps, pour les Bretons qui refusent de poser la question nationale, tant une échappatoire qu’une impasse. Pourquoi, parce qu’étant pleinement intégrés dans le giron de la bourgeoisie française, la rupture sociale est redoutée par eux comme un facteur de déclassement, ce qui nous rappelle que la francisation a été consentie par la bourgeoisie bretonne car elle présupposait l’accès à la société impériale française qui, au 18ème et surtout au 19ème et au 20ème siècle, est celle de la deuxième puissance de la planète (jusqu’en 1940). “Revenir” à Breizh, pensent-ils, c’est régresser socialement et économiquement, c’est perdre des débouchés individuels. Ces bourgeois bretons acceptent de troquer les droits collectifs, c’est-à-dire nationaux du peuple breton, pour assurer leurs privilèges individuels dans le cadre français. Ainsi donc, l’idéologie eschatologique du progrès portée par le centre révolutionnaire parisien n’est pas seulement théorique en Bretagne, elle est aussi, en pratique, une pratique sociale qui se traduit, pour les masses bretonnes dirigées par la bourgeoisie, comme la certitude que la frontière française est une source de prospérité économique individuelle. C’est ce complexe d’infériorité sociale acquis et la perception de la frontière continentale orientale comme seul horizon pour des masses paysannes et sa bourgeoisie enclavées qui structure les représentations mentales collectives en Bretagne. C’est cette colonisation géographique mentale avec laquelle il faut en finir, ce qui suppose, évidemment, de poser la question bretonne dans son cadre national et de présenter la faillite de l’état révolutionnaire français comme le nouveau vecteur de la régression sociale en Bretagne.

Il faut certes pratiquer l’autocritique, évaluer les erreurs commises et les corriger. Il ne faut pas faire preuve de complaisance à l’égard de la bourgeoisie bretonne francophile qui est le relais principal de la colonisation française et qui doit, à ce titre, être prioritairement combattue, avant même l’état français qui, sans elle, ne pourrait rien en Bretagne. Mais l’autocritique ne doit pas devenir une auto condamnation de principe. Plus important encore, la désignation de l’ennemi ne peut, à aucun moment, viser les Bretons en lieu et place de l’état français. Imagine-t-on un instant, en dépit des faiblesses ou des trahisons, les nationalistes irlandais ou vietnamiens faire de leur peuple l’ennemi principal plutôt que les empires britannique ou français ? Non, bien sûr.

Pour conclure, à propos du “victimisme” évoqué, il y a une différence fondamentale entre se complaire dans une attitude passive face à une injustice dont on est victime, à geindre d’impuissance donc, ou à justifier de ses échecs présents par un préjudice subi dans le passé, et dénoncer et combattre une injustice qui est une réalité quotidienne pour la dépasser. Un esclave haïtien avait-il tort de dénoncer son statut d’esclave avant de se révolter victorieusement contre les Français ? Non, encore une fois. En revanche, le nationalisme breton, pour réveiller dans l’homme breton sa nature de seigneur et maître de sa terre ancestrale et de son futur, doit résolument combattre les éléments faibles et ethno-psychologiquement désarticulés du peuple breton qui, accoutumés à l’état de sujétion coloniale, en viennent à s’identifier à tous les vaincus et ratés passant à portée de main. Ces éléments aliénés devenus addicts à l’irresponsabilité ne cherchent pas à se libérer, mais à proroger l’aliénation en la rendant moralement et psychologiquement confortable. Cela, en effet, doit être rejeté et ardemment pourfendu en Bretagne par les nationalistes. La dignité bretonne commande de récuser toute identification à une culture de l’échec systématique et d’opposer une fin de non-recevoir à toute sommation de fondre la nation bretonne dans un fourretout syndical de tout ce qui peut échouer et pleurer. Cette spécialité revient d’ailleurs à l’arrière-ban des ploucs du marxisme en Bretagne, généralement drogués et alcooliques eux-mêmes en plus d’être fonctionnarisés par le guichet colonial français, c’est-à-dire de vivre dans la contradiction permanente d’esclave-protestataire consentant. 

Les Bretons doivent acquérir une conscience nationale, ce qui suppose de rompre socialement, économiquement, politiquement avec l’état français et conquérir de cette façon l’espace intérieur nécessaire à la renaissance de l’être historique brittonique. Ils doivent vouloir redevenir les maîtres de leur terre. Le parti français, incarné par la bourgeoisie bretonne francophile et francisée, est le parti à combattre pour y parvenir et ce combat doit être présenté en termes de nation contre nation aux Bretons, afin qu’ils choisissent leur camp, les circonstances objectives, la faillite de l’état révolutionnaire, les contraignant à sortir de l’attentisme de confort ou de la collaboration antinationale.

Ajoutons enfin que l’état révolutionnaire français a déjà perdu cette guerre de libération, car en organisant l’immigration de masse depuis ses anciennes colonies et en échouant à assimiler ces masses, il a dû renoncer à l’articulation assimilation-soumission qui fondait la théorie et la pratique de l’impérialisme français. Le bouleversement démographique fait le reste. Le démantèlement de l’empire français a connu plusieurs dates fatidiques : l’arrêt de son expansion en Europe en 1815 malgré les tentatives de 1870 et 1914 d’inverser cette tendance, la destruction de son empire colonial à partir de 1940 et le début du reflux avec la chute de Dien Bien Phu en 1954. En moins de 60 ans, les impérialistes français sont passés des tranchées des cuvettes du Nord-Vietnam à la débandade dans la périphérie parisienne face à ses anciens sujets coloniaux d’Afrique. Premiers conquis avec les Bourguignons, car à l’extrême proximité du centre impérial, les Bretons seront également les derniers libérés, mais libres ils seront. Les Français auront attiré sur eux, par leurs choix historiques, un impitoyable et inéluctable châtiment. Les nationalistes bretons se contentent, patriotiquement, de s’adapter à la nouvelle constellation politique. Le rôle du PNB est d’organiser cette offensive finale de la nation bretonne contre le centre impérialiste et de précipiter par leur action la destruction de l’état français, cette erreur géopolitique qui, depuis le traité de Verdun, pèse comme une malédiction sur l’Europe. Quand le dénouement sera enfin visible pour tous, Paris regrettera longtemps d’avoir jamais annexé la Bretagne.

Confiance et détermination, les nationalistes bretons doivent avancer avec le calme de ceux qui marchent vers la victoire, sans regard pour les difficultés, avec une conception claire de leur action historique. 

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