Le samedi 25 octobre, une délégation militante du Parti National Breton a rendu un hommage solennel à Olier Mordrel à Treffiagat où il repose.
𝍎𝌆 Enor d’ar penn Breizh ! 𝍎𝌆
Le 25 octobre, une délégation du @pnbsbb a rendu un hommage solennel à Olier Mordrel pour commémorer les 40 ans de sa mort. Artiste, penseur et homme d’État, Olier Mordrel a marqué le retour de la nation bretonne dans l’histoire.
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— Parti National Breton – Strollad Broadel Breizh (@pnbsbb) October 26, 2025
Discours prononcé par Erwan Pradier, président :
Frères et sœurs bretons, nous voici rassemblés au pied de la tombe d’Olier Mordrel, né le 29 avril 1901 à Paris et mort il y a 40 ans jour pour jour, le 25 octobre 1985, ici, à Treffiagat, dans cette terre de Cornouaille où le chef breton s’était établi après un exil de près de 25 ans.
Fils d’un général breton, Charles Mordrelle, et d’une mère corse, Olier Mordrel, artiste, architecte, journaliste, homme politique, homme d’État et révolutionnaire, grandit d’abord, comme nombre de Bretons, dans l’ombre de l’exil. C’est en effet à Paris, alors que son éducation l’en détournait, qu’il apprit le breton. Dès lors, la Bretagne ne le quitta plus jamais. Homme aux talents multiplies, son génie s’exprima le plus puissamment dans le rêve qu’il poursuivait avec détermination et ardeur, de la renaissance d’une Bretagne souveraine, d’une nation réellement libre d’être elle-même, arrachée aux griffes de la francisation et de la dégénérescence. La vie d’Olier Mordrel fut une quête personnelle et collective pour rendre la Bretagne à elle-même. Patriote et inspirateur de la lutte, il fut le phare intellectuel de l’Emsav, et le père spirituel du nationalisme breton moderne. Aujourd’hui, 40 ans après sa mort, le Parti National Breton, redressé en 2021, lui rend hommage, reconnaissant en lui l’un des pères fondateurs du nationalisme breton, un bâtisseur d’État et une source décisive pour son action contemporaine au 21e siècle.
Olier Mordrel fut d’abord un visionnaire à la mesure de l’entreprise à laquelle il s’astreint sa vie durant. À 18 ans, en 1919, il fonda avec Breiz Atao (« Bretagne toujours ») quelques autres idéalistes, journal de la jeunesse nationaliste bretonne. Ce n’était pas qu’un périodique : au lendemain de l’hécatombe de 1914, c’était un cri de guerre contre l’uniformisation française, un appel à réveiller les consciences bretonnes endormies par des siècles de domination, la matrice d’un nouveau champ de conscience en Bretagne. Il y eut un avant et un après Breiz Atao. Sous les pseudonymes de Jean de La Bénelais ou Er Gédour, il écrivait avec une plume acérée et déliée, publiant également dans Gwalarn, la revue littéraire de Roparz Hemon, et dans ses propres œuvres, comme sa puissante revue théorique Stur, ou ses ouvrages L’Essence de la Bretagne (1933). Il y dénonçait avec force le « mythe du progrès » français qui, sous prétexte de modernité, écrasait les langues, les cultures et les peuples, et proposait un nouveau chemin pour la nationalité bretonne.
Il écrivait dans Breiz Atao en 1923 :
“Le Panceltisme nous fera sortir de notre ambiance pétrifiée, il nous plongera dans un courant de vie intense qui réveillera un génie, une sensibilité et un caractère endormis, abrutis par une trop longue servitude. Il y a des peuples qui vivent privés de lumière. Ces peuples sont condamnés. Leur âme est un taudis obscur. Et leurs pas chancelants les mènent vers l’abîme. Il en est d’autres dont la route est éclairée par un grand soleil de vie, d’espoir, de gaieté. Ceux-là marchent sans peur et ils triomphent des embûches et du mal. Nous sommes un de ces peuples, et le soleil celtique nous illumine ».
Son inspiration venait notamment d’Irlande, cette sœur celtique qu’il découvrit lors du premier Congrès panceltique de Dublin en 1925. Là, il vit une nation qui, par l’Insurrection de Pâques 1916 et la guerre d’indépendance, avait brisé les chaînes britanniques sous l’égide d’hommes comme Patrick Pearse et Arthur Griffith. Il ne s’agissait pas de copier l’Irlande, mais de s’en inspirer pour forger un nationalisme breton audacieux. En 1927, il cofonda le Parti Autonomiste Breton (PAB), puis, en 1932, le Parti National Breton (PNB), avec François Debeauvais et d’autres figures comme Yann Bricler. D’une petite poignée d’idéalistes, ils firent un mouvement révolutionnaire à laquelle la Bretagne doit encore aujourd’hui l’essentiel des acquis qu’elle a pu arracher : un drapeau national, une langue moderne, une idée nationale clairement formulée, une volonté d’agir, bref, un être national. Dans les années 1930, Mordrel et Debeauvais firent de la Bretagne une cause européenne, l’extrayant du marais obscur hexagonal pour secouer le joug français et redonner à la nation bretonne son rang. Ils tissèrent des liens avec d’autres mouvements nationalistes, de l’Irlande à la Flandre, et portèrent la voix bretonne bien au-delà des frontières que lui assignait l’État français. La répression française n’épargna pas Olier qui connut les geôles de l’État français pour crime de patriotisme breton.
Les heures fatidiques de la guerre révélèrent l’audace révolutionnaire de Mordrel, inspiré comme ses camarades par l’exemple irlandais. Condamné à mort par les tribunaux de Troisième république et exilé en Allemagne dès 1939 pour échapper à la répression française, il revint en Bretagne en juillet 1940 pour tenter un coup d’État et rendre à la Bretagne son indépendance. Condamné une seconde fois à mort pour avoir osé défier la France, il s’exila en Italie, puis en Argentine d’où il ne put revenir qu’en 1969. S’exprimant à ce sujet dans son livre “La Voie Bretonne”, il résuma l’enjeu :
“Le point de charnière qui a vu basculer dans la renaissance, ne peut pas s’escamoter. Il faudra bien un jour en prendre son parti et admettre franchement, même avec les réserves d’usage, que tout vient de là. On a enterré Breiz Atao une fois, mais il n’était pas tout à fait mort et il est revenu à la vie. On ne l’enterrera pas une seconde fois. Les jeunes ne tarderont pas à le revendiquer à haute voix. C’est leur référence, c’est leur authenticité. C’est leur légitimité. Ils prendront eux-mêmes à charge la revalorisation du seul grand souvenir de notre histoire moderne, car sans les résultats psychiques que cette démarche atteindra, aucun sursaut effectif du peuple breton ne pourrait être escompté. La fierté d’un passé d’audace et de courage donne du cœur au ventre à un peuple, non point la honte et un complexe de faute à se faire pardonner. Après l’écrasement de la révolte de Dublin, en 1916, la foule insultait les prisonniers que les Anglais traînaient dans les rues et leur crachait au visage. Nous avons connu cela en 1944.”
Lorsque les Français et leurs relais perpétuent la diabolisation de la génération bretonne de Breiz Atao, c’est précisément parce qu’ils en mesurent toute la dangerosité. On ne compte plus les lâches qui ont tenté de capter son héritage, les mêmes qui s’empressent de hurler avec les loups de l’Hexagone en insultant la mémoire de ceux qu’ils détroussent sans honte. Rien de tel avec nous, nationalistes bretons, qui agissons avec conséquence et détermination. Nous revendiquons l’héritage de Breiz Atao, y compris ici, en ce jour, au pied de la tombe d’Olier Mordrel, et nous affirmons restructurer l’Emsav sur ses bases historiques telles définies par Breiz Atao, seul mouvement ayant théorisé l’idée nationale et l’ayant mise en mouvement dans l’histoire.
Olier Mordrel, visionnaire et éveilleur, représentait ce véritable danger pour l’État français qu’est l’authentique action révolutionnaire bretonne. Même dans l’adversité, il ne plia jamais, ce qui en fait un exemple pour tous les patriotes bretons. Il ne fut pas seulement un homme d’action, mais un penseur de la longue durée. Dans son livre Les Hommes-Dieux, il explorait les racines celtiques de l’identité bretonne. Dans La Voie bretonne (1975) ou L’Idée bretonne (1981), il posait les bases d’un nationalisme breton futuriste et enraciné, loin d’une doctrine universaliste d’importation française qui aujourd’hui entraîne dans sa chute ceux qui se sont laissés tromper par ses illusions, France en tête. Il voyait la Bretagne comme une sentinelle de l’Europe des peuples qui disposait en elle des ressources spirituelles et matérielles pour renaître et inspirer.
Dans la Voie bretonne (1975), il écrit :
“La France a opté pour être une société multiraciale. Paris, où les immigrés noirs ou pain d’épice sont déjà 15 % de la population, devien- dra la première ville africaine avant trente ans, simplement par le jeu des naissances, deux fois plus nombreuses chez les immigrés. Et Marseille la seconde. Le métissage étouffera la France comme il a étouffé la Rome antique. Elle a choisi une route à l’opposé de la nôtre, qui voulons avant tout préserver l’essence de notre peuple et sa signification ethnique. Nous voulons une société bretonne uniraciale, non point par “racisme”, cette élucubration sans justification, mais parce que c’est la seule façon pour nous d’échapper à la fusion dans un immense magma de déracinés, où sombrerait ce qui nous reste de personnalité, de culture et de langue.”
Qui peut aujourd’hui contester de bonne foi la prescience du chef breton ?
En 2025, alors que la Bretagne lutte contre la dilution de son identité – dans une société où la langue bretonne ne compte plus que 100 000 locuteurs, où nos trop rares écoles en langue bretonne continuent de subir les entreprises de sabotage de l’État français, où notre histoire nationale est occultée à la jeunesse bretonne dès le plus jeune âge, ou les Bretons ne disposent toujours d’aucune liberté politique collective, ou, enfin, des centaines de milliers d’étrangers viennent se ruer – ses mises en garde sont prophétiques et nous, militants du Parti National Breton relevé, les méditons avec toute la lucidité qu’il se doit.
Olier, tu as appris aux authentiques Bretons à se tenir debout, avec virilité, à refuser l’oubli et la résignation, à porter le Gwenn ha Du comme l’étendard révolutionnaire qu’il est depuis sa création. Ta pensée en mouvement vit solidement dans l’Emsav dont notre Parti est désormais la nouvelle voix. Tu n’a jamais cessé de croire en la victoire finale de la Bretagne, en sa renaissance, même dans les heures les plus difficiles, et nous avons la même certitude.
Nous te saluons, corsaire de l’idée bretonne, architecte d’une nation dont la liberté reste à reconquérir. C’est ce que nous, Bretons du 21e siècle, avons la charge de réaliser et ce que nous entendons réaliser avec l’assurance de la victoire. Que depuis Avalon, ton esprit nous guide !
E koun da Olier Mordrel, ar c'hanaouenn "Yann ar Gevell", skrivet gant Olier Mordrel, war son 'Der Gute Kamerad'.
Kentoc'h mervel eget saotred ! pic.twitter.com/FLDlAQFHjX
— Parti National Breton – Strollad Broadel Breizh (@pnbsbb) October 26, 2025
Ce discours a été précédent d’une conférence prononcé à Pont’n Abbad sur le thème des apports d’Olier Mordrel au nationalisme breton dont le texte est communiqué ci-dessous.
Olier Mordrel (1901-1985) est le principal théoricien du nationalisme breton moderne. Engagé dès 1919, il transforme l’emsav en un mouvement doté d’une doctrine nationale cohérente, systématique et opérationnelle. Sa pensée nationaliste, élaborée entre 1919 et les années 1970, constitue une contribution originale à la théorie nationaliste occidentale du XXe siècle. Elle se distingue par une synthèse entre ethnonationalisme celtique, interceltisme fédératif, anti-jacobinisme corporatiste et racialisme nordique. Cette révision doctrinale identifie les sources directes et indirectes qui l’ont inspiré, analyse comment il a produit une pensée nationaliste autonome, et en dégage les traits essentiels, en lien avec son contexte biographique, ses amitiés et ses actions littéraire, journalistique et politique. L’ensemble forme un système théorique complet, comparable aux grandes doctrines nationalistes de son temps, mais adapté à la singularité bretonne.
1. Contexte biographique : matrice de la conscience nationaliste
La pensée nationaliste de Mordrel naît d’un paradoxe existentiel. Né le 29 avril 1901 à Paris dans une famille bourgeoise – père général colonial breton (Joseph Mordrelle, d’Hédé), mère d’ascendance corse et francilienne (Antoinette Maricot) –, il grandit dans un milieu francophone, militaire et cosmopolite. Ce déracinement parisien, loin de la Bretagne rurale, produit chez lui une conscience nationale par l’absence. Dès 1911, lors de séjours à Lannion, il entend le breton pour la première fois et ressent un choc identitaire. Autodidacte, il apprend la langue à Paris grâce aux grammaires de François-Vallée et aux poèmes de Barzaz Breiz. Ce processus – déracinement → redécouverte → reconstruction identitaire – est au cœur de sa théorie : la nation n’est pas un donné naturel, mais une révélation consciente face à l’aliénation. Ce schéma rappelle la dialectique hégélienne, mais appliquée à l’expérience minoritaire, et préfigure les théories postcoloniales de Frantz Fanon sur l’identité aliénée.Socialement, son statut de bourgeois cultivé (Beaux-Arts, architecture) lui donne accès à la culture européenne moderne. Géographiquement, l’opposition Paris/Bretagne structure sa vision dualiste : la capitale incarne le centralisme latin, la Bretagne l’âme celtique nordique. Ce binôme devient un principe théorique : la nation bretonne n’est pas une province française, mais une contre-nation, une anti-France.
2. Sources d’inspiration : un réseau intellectuel transnational
Mordrel construit sa doctrine à partir de sources multiples, directes et indirectes, qu’il synthétise en un système cohérent.
Sources directes :
- Johann Gottfried Herder (1744-1803) : lu via des traductions françaises et allemandes, Herder fournit le concept de Volksgeist (esprit du peuple). Mordrel l’adapte : le breton est la langue-âme de la nation, non un patois. Il cite Herder dans Breiz Atao (1923) pour justifier la renaissance linguistique.
- Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) : les Discours à la nation allemande (1808) inspirent l’idée que la nation se forge dans la lutte contre l’occupant culturel. Mordrel transpose : la France est l’« occupant intérieur ».
- Arthur Griffith (1871-1922) : fondateur du Sinn Féin, lu lors de voyages en Irlande (1920-1921). Griffith théorise l’abstentionnisme parlementaire et l’autosuffisance économique. Mordrel en fait le modèle du séparatisme breton.
- Oswald Spengler (1880-1936) : Le Déclin de l’Occident (1918-1922), lu vers 1935, est une source majeure. Spengler postule des civilisations cycliques, organiques, irréductibles. Mordrel applique : la civilisation celtique est une culture jeune, la latine une civilisation déclinante. Il en tire une philosophie de l’histoire : la Bretagne doit se séparer pour survivre.
- Gerhard von Tevenar : intellectuel allemand nordiciste, rencontré dans les années 1930. Il introduit Mordrel aux théories ethniques : les Celtes comme branche indo-européenne nordique. Mordrel adopte cette grille sans la dogmatiser.
Sources indirectes :
- Charles Maurras : bien que rejeté pour son monarchisme, l’anti-jacobinisme de l’Action française influence Mordrel. Il reprend l’idée de France réelle (régions) contre France légale (État), mais la radicalise en séparatisme.
- Benito Mussolini : les chartes du travail fascistes (1927) inspirent le corporatisme breton. Mordrel admire l’État organique, mais rejette le centralisme fasciste et prône une organisation fédérative.
- Movements celtiques : les congrès panceltes (Edinburgh 1925, Dublin 1926) lui fournissent un cadre fédératif. Il s’inspire aussi de Saunders Lewis (Plaid Cymru, Pays de Galles) pour une renaissance culturelle nationale.
3. Production d’une pensée nationaliste autonome : méthode et systématisation
Mordrel ne se contente pas d’importer : il bretonnise les sources.
Sa méthode est triple :
- Critique généalogique : il démonte la construction de l’État français comme mythe hexagonal (Le Mythe de l’Hexagone, 1981).
- Reconstruction mythique : il réactive les mythes celtiques comme fondements symboliques et mémoriels de la nation.
- Projection stratégique : il élabore des programmes opérationnels (SAGA 1933) pour le mouvement politique.
Il produit ainsi une théorie nationaliste en trois strates :
- Ontologique : la nation bretonne existe en soi (ethnie, langue, culture).
- Historique : elle est opprimée par le centralisme français depuis l’annexion de 1532 (Édit d’Union).
- Télologique : elle doit s’accomplir par l’indépendance dans une Europe des peuples.
4. Traits essentiels de la théorie nationaliste mordrelienne
La doctrine de Mordrel se résume en huit traits essentiels, formant un système cohérent :

5. Mise en œuvre doctrinale : vecteurs d’expression
Littéraire et journalistique :
- Breiz Atao (1919-1944) : laboratoire théorique. Mordrel y publie sous pseudonymes (Otto Mohri, Er Gédour) les premiers textes sur l’interceltisme et le racialisme celtique.
- Gwalarn (1925-1944) : avec Roparz Hemon, il théorise une littérature nationale moderne.
- Stur (1935) : revue moderniste, pro-européenne, influencée par le Bauhaus.
Ouvrages clés :
- Pensées d’un nationaliste breton (1933) : recueil programmatique.
Le Mythe de l’Hexagone (1981) : déconstruction de l’État-nation français. - Politique :
PAB (1927) → PNB (1932) : passage de l’autonomisme au séparatisme.
Programme SAGA (1933) : 12 points doctrinaux, inspirés des 25 points nazis, mais régionalistes.
Kuzul Meur (1932) : structure clandestine pour actions directes.
6. Contribution globale à la théorie nationaliste
Mordrel élève le nationalisme breton au rang de théorie générale des nations minoritaires.
Il démontre que :
- Une nation peut exister sans État (thèse contre Renan).
- L’identité nationale peut être reconstruite par la volonté (contre le déterminisme géographique).
- Le séparatisme est une réponse rationnelle au centralisme français, non une utopie.
Il préfigure :
- Les théories (Memmi) sur l’aliénation culturelle.
- Les ethno-nationalismes européens contemporains (Plaid Cymru, Vlaams Belang, SNP écossais).
- La Nouvelle Droite (GRECE), dont il devient une référence dans les années 1970.
Conclusion : un système doctrinal complet
Olier Mordrel produit une théorie nationaliste totale, intégrant ontologie, histoire, économie, culture et stratégie. Ses sources – Herder, Fichte, Griffith, Spengler, Maurras, Mussolini – sont digérées, bretonnisées, dépassées. Il ne copie pas : il invente un modèle où la Bretagne devient le laboratoire d’une nation moderne, celtique, séparée, corporatiste et interceltique.
À sa mort en 1985, Yann Fouéré le compare à Patrick Pearse : comme l’Irlandais, Mordrel n’est pas seulement un militant, mais un penseur national, dont la doctrine reste une référence pour tout nationalisme régional aspirant à l’indépendance intellectuelle et politique.